Richesses, succès: après la mort, tout disparaîtra, prévient le pape
«De simples disciples du Maître, nous devenons des maîtres de complexité, qui discutent beaucoup et font peu», a mis en garde le pape François. Il s’exprimait lors de l’homélie de la messe de suffrages pour les cardinaux et évêques disparus au cours de l’année passée, célébrée dans la basilique Saint-Pierre de Rome le 2 novembre 2022, jour des morts.
La cérémonie a été présidée à l’autel de la Chaire par le cardinal Giovanni Battista Re, doyen du collège des cardinaux, le pape restant une nouvelle fois assis pendant toute la célébration. Elle était donnée en hommage aux 9 cardinaux et 148 évêques décédés depuis le 2 novembre 2021.
Dans son homélie, le pontife, s’exprimant devant de nombreux cardinaux et évêques de la Curie, a enjoint à ne «perdre de vue le sens du voyage» qu’est la vie. Il a rappelé qu’au moment de la mort, «les meilleures carrières, les plus grands succès, les titres et les récompenses les plus prestigieux, les richesses accumulées et les gains terrestres, tout cela disparaîtra en un instant».
Ne «pas édulcorer le goût de l’Évangile»
«La mort vient faire la vérité sur la vie et supprime toutes les circonstances atténuantes», a insisté le pape François. «Devant le tribunal divin, le seul chef de mérite et d’accusation est la miséricorde envers les pauvres et les exclus», a-t-il souligné, rappelant qu’en ce monde, Dieu «habite parmi les plus insignifiants».
«Sa mesure est un amour qui dépasse nos mesures, et son critère de jugement est la gratuité», a affirmé le pontife. Il a insisté sur le fait que tout chrétien savait ce qui lui restait à faire: «aimer gratuitement et sans attente de réciprocité ceux qui sont sur la liste de ses préférences», c’est-à-dire «ceux qui ne peuvent rien nous donner en retour, ceux qui ne nous attirent pas».
Le chef de l’Église catholique a enjoint à ne «pas édulcorer le goût de l’Évangile», critiquant durement ceux qui, «par commodité ou par confort», font toujours des compromis afin de ne pas s’occuper des migrants, des pauvres ou des malades. «De simples disciples du Maître, nous devenons des maîtres de la complexité, qui discutent beaucoup et font peu», a-t-il déploré.
Ceux qui cherchent des réponses sur Internet
Le pontife a en particulier critiqué ceux «qui cherchent des réponses plus devant l’ordinateur que devant le Crucifix, sur Internet plutôt que dans les yeux de nos frères et sœurs». Ceux-ci, a-t-il insisté, sont prompts à débattre mais «ne connaissent même pas le nom d’un pauvre».
Fustigeant cette attention pour les «analyses raffinées» et les «justifications individuelles ou sociales», François a rappelé en citant Benoît XVI que « le programme du chrétien est un cœur qui voit», et insisté sur le fait que le temps de l’action en vue du Salut devait commencer «maintenant».
Le pape a donné en exemple un pasteur luthérien qui s’occupe d’enfants en Ukraine, dont il a reçu une lettre le matin même. Cet homme «fait ce que Dieu lui demande», décrivant son action comme un «signe» que Dieu continue «à inspirer les valeurs du Royaume». (Cath.ch/imedia/cd/bh)