La Fraternité œcuménique de Romainmôtier, ici en 2018: un élan de prière pour l'unité depuis 1973 | © Michel Gaudard
Suisse

Vaud: un livre sur les Fraternités œcuméniques de Romainmôtier

Paru le 15 septembre 2022, un livre sur les Fraternités de prière œcuméniques de Romainmôtier évoque le chemin de rencontre entre réformés et catholiques en ce haut lieu spirituel. Portée depuis 1973 par des personnalités fortement engagées, l’aventure déborde le vallon du Jura vaudois. Avec le souci de faire signe.

Romainmôtier, lieu moteur de l’œcuménisme en Pays de Vaud: la formule correspond à près de 40 ans de vécu entre réformés et catholiques. Un livre rédigé par Jean-Yves Savoy, membre de la Fraternité de prière œcuménique (FPO), en atteste. «Nicolas Charrière, le pasteur de Romainmôtier, a souhaité qu’on raconte l’histoire des Fraternités, indique l’auteur. J’ai eu des difficultés, vu le peu d’archives. Heureusement, des témoins vivent encore».

Débuts en 1973

Un lieu, des personnes et des époques. L’ouvrage a mobilisé Jean-Yves Savoy durant trois ans. Car l’histoire des Fraternités œcuméniques représente un passionnant coup d’œil dans le rétroviseur. L’occasion de rappeler le rôle du pasteur Amédée Dubois, précurseur du mouvement. Puis l’engagement des pasteurs successifs Jean-Pierre Tuscher, Paul-Emile Schwitzguébel et Nicolas Charrière, l’actuel desservant de la paroisse.

Le monastère clunisien de Romainmôtier, en Pays de Vaud | © Jacques Berset

L’engagement des religieuses aussi: les diaconesses de Saint-Loup et les Sœurs des Sacrés-Cœurs, qui constituent la première Fraternité en 1973. Des religieuses qui se rencontrent de manière providentielle: «Elles ont vécu une amitié et une vie communautaire fortes, mais sans créer une nouvelle communauté à côté de leurs congrégations respectives», confie l’auteur du livre.

Faire signe

La troisième période, marquée par la charte œcuménique de 2006 renouvelée en 2021, a toujours cours. «L’aventure continue, se réjouit Jean-Yves Savoy. Elle s’est adaptée à une nouvelle situation». La charte signée par les Eglises catholique et réformée rattache la FPO à l’abbatiale de Romainmôtier. Elle précise l’engagement de la FPO: «prier et être l’artisane de l’unité visible des chrétiens».

Réunion du Conseil de la Fraternité œcuménique de Prière en 2021 | © Michel Gaudard

Actuellement la Fraternité compte une trentaine de personnes. L’âge avancé de la plupart des membres n’inquiète pas Jean-Yves Savoy: «La question n’est pas tellement de faire nombre, mais de faire signe». Un signe concret manifesté par les trois offices de prière quotidiens, à 8h30, 12h00 et 18h30.

Un lieu porteur

Les photos du livre, signées pour la plupart par Michel Gaudard, mettent en valeur la beauté de l’abbatiale de Romainmôtier.  «Elle a son rôle comme témoin de la tradition monastique depuis ses origines au Ve siècle, détaille Jean-Yves Savoy. Et la prière y a été pratiquée depuis la fondation du monastère, malgré les aléas de l’histoire, les changements d’ordre religieux, Cluny, puis la Réforme protestante».

De fait, l’église exerce un effet spécial sur les visiteurs. «Beaucoup disent que c’est un lieu qui est habité. Quelqu’un m’a dit: «Je ne crois pas en Dieu, mais c’est le seul lieu où je sens que Dieu est présent».

L’avenir en germe

Les Eglises catholique et réformée continuent à porter la Fraternité. Notamment à travers un Conseil, officiellement instauré en 2006, par Mgr Rémy Berchier et le pasteur Antoine Reymond. Ce Conseil, convoqué deux fois par année, permet «de dire ce que nous vivons et de recevoir une impulsion, une idée», dit Jean-Yves Savoy. Témoin de cet appui: la préface du livre sur les FPO est cosignée par Michel Racloz, représentant de l’évêque pour le canton de Vaud, et Jean-Baptiste Lipp, pasteur et président la Conférence des Eglises protestantes romandes (CER).

L’avenir? «Il ne nous appartient pas. Il est en germe dans le présent. Ce qui est sûr, c’est que quelque chose va continuer». L’auteur devient passeur pour demain. (cath.ch/bl)

Un contexte œcuménique
«A l’origine on était dans les années 1970, après le concile Vatican II, avec un élan et des attentes par rapport à l’œcuménisme, fait valoir Jean-Yves Savoy à propos de la deuxième partie de son livre, sur les relations entre confessions chrétiennes. Le pasteur Tuscher a, d’ailleurs, participé au Synode 72 du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg».
«Dans les années 1990, on se demandait si l’œcuménisme n’était pas en train de s’éteindre. Maintenant, il y a un appel et un attrait pour la prière pour l’unité des chrétiens. Même si l’œcuménisme donne l’impression de décroître, on continue la prière.Avec le livre, j’ai découvert que la FPO est insérée dans un contexte œcuménique qui la dépasse complètement, à travers le travail du Groupe des Dombes, avec les accords entre chrétiens de traditions différentes ou la Charte œcuménique européenne. Notre rôle, c’est toujours de prier pour l’unité des chrétiens». BL

La Fraternité œcuménique de Romainmôtier, ici en 2018: un élan de prière pour l'unité depuis 1973 | © Michel Gaudard
29 septembre 2022 | 17:00
par Bernard Litzler
Temps de lecture : env. 3  min.
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