Tchad: des affrontements entre éleveurs et agriculteurs font 19 morts
Mgr Miguel Sébastian, évêque du diocèse de Sarh, au sud du Tchad, a fustigé les affrontements intercommunautaires qui ont fait 19 morts et 22 blessés dans son diocèse, le 13 septembre 2022. Il s’agit d’un nouvel épisode dans des troubles qui durent depuis 2021, selon l’ONU.
Des violences ont éclaté à la suite d’une dispute entre un agriculteur et un éleveur, accusé d’avoir conduit son troupeau dans son champ. Depuis, plusieurs villages situés dans cinq cantons du département du Lac Iro ont été attaqués. Selon le bureau du procureur provincial, le bilan des affrontements est de 19 morts, 22 blessés ainsi que 18 arrestations de part et d’autre. Les conflits entre agriculteurs et éleveurs sont récurrents dans la province et font souvent des victimes.
«Dieu entend les cris du malheureux»
A la suite des événements, Mgr Sébastian s’est rendu à Kyabé, chef-lieu du département de Lac Iro pour constater l’ampleur des violences. Dans une déclaration, il a qualifié l’événement de «très grave».
«Lors de mon passage sur place j’ai pu entendre des témoignages directs de ce qui s’est passé. Une fois de plus, le sang a été versé sur notre terre. Une fois de plus, des innocents sont morts par la méchanceté de certaines personnes armées. Une fois de plus, il y a eu dévastation des champs des cultivateurs, ce qui va s’ajouter la famine déjà provoquée par les inondations. Une fois de plus, il y a eu destruction des biens d’une population qui vit déjà dans la pauvreté», s’est-il notamment ému.
Il a appelé Les autorités administratives et judiciaires du pays, à rendre justice aux victimes, rappelant que «Dieu entend les cris du malheureux et fera un jour justice». «Je leur demande de dire la vérité sur ce qui s’est passé, de poursuivre les investigations, d’interroger les uns et les autres avec du respect pour les personnes et pour la vérité. Vérité qui ne doit pas être cachée, ni manipulée», a-t-il préconisé.
Des affrontements depuis 2019
D’autant que depuis les premiers graves évènements de Sandana, entre agriculteurs et éleveurs, en 2019, les populations de la région attendent que justice leur soit rendue. «Malheureusement, il y a beaucoup des gens habités par des forces diaboliques et qui ne veulent pas que les choses changent et que justice soit faite». L’évêque de Sarh a aussi lancé un appel à la solidarité en faveur des familles des victimes qui souffrent, et qui ont perdu aussi bien des parents que des biens matériels. «C’est un appel aux autorités, à toutes les bonnes volontés, ainsi qu’aux communautés, organismes nationaux ou internationaux».
En février dernier déjà, au moins 15 personnes avaient été tuées dans des troubles de même nature, à Sandana, dans le même diocèse. Selon un rapport de l’ONU datant de juillet 2021, les affrontements intercommunautaires au Tchad ont fait 309 morts et 182 blessés, plus de 6’500 déplacés et entraîné la destruction de biens et de moyens de subsistance, ainsi que de fortes tensions entre les communautés. (cath.ch/ibc/fides/bh)