Le pape François rend hommage à saint Pie V
Le pape François a salué la mémoire du pape Pie V (1504-1572) devant des fidèles du diocèse piémontais d’Alexandrie reçus en audience à l’occasion du 450e anniversaire de sa mort. Pie V a été le seul pontife né dans cette région d’Italie, le 17 septembre 2022.
Le nom du pape Pie V est historiquement lié à la Contre-Réforme menée par l’Église catholique en réaction à la Réforme protestante. Le dominicain italien, élu sur le trône de Pierre en 1566, mena à bien l’application du Concile de Trente, en insistant notamment sur la nécessité pour les laïcs de fréquenter les sacrements et d’instruire leur foi, et en exigeant des prêtres qu’ils soient des exemples de piété, de pureté et de dévouement missionnaire. Durant son court pontificat (1566-1572), Pie V fit publier le catéchisme romain ou encore le Missel resté en vigueur jusqu’au Concile Vatican II. Il est aussi le pape à l’initiative de la coalition européenne contre les Turcs qui aboutit à la victoire de Lépante en 1571.
Ne pas juger avec la mentalité d’aujourd’hui
Sans citer le nom du Concile de Trente ni évoquer la Réforme protestante, le pape François a reconnu que Pie V avait «dû faire face à de nombreux défis pastoraux et gouvernementaux en seulement six ans de pontificat». Il a loué le «réformateur de l’Église, qui a fait des choix courageux». Mais le pontife argentin a immédiatement ajouté que, depuis lors, «le style de gouvernance de l’Église avait changé et que ce serait une erreur anachronique d’évaluer certaines œuvres de saint Pie V avec la mentalité d’aujourd’hui».
Alors que la figure de Pie V est parfois associée aux milieux traditionalistes – où certains utilisent toujours son Missel pour célébrer la messe -, François a insisté pour que son prédécesseur ne soit pas réduit à «un souvenir nostalgique et embaumé» et qu’il était nécessaire de se saisir de son enseignement et de son témoignage.
Le vrai sens de la liturgie
Pour François, l’héritage du 225e évêque de Rome est d’abord son invitation à être «des chercheurs de vérité». «Jésus est la Vérité, dans un sens non seulement universel mais aussi communautaire et personnel; et le défi est de vivre aujourd’hui la recherche de la vérité dans la vie quotidienne de l’Église», a-t-il plaidé. Il a rappelé que saint Pie V avait œuvré à «la réforme de la liturgie de l’Église». Et d’ajouter que, quatre siècles plus tard, «le Concile Vatican II avait procédé à une nouvelle réforme pour mieux correspondre aux besoins du monde actuel».
Plus d’un an après la promulgation du motu proprio Traditionis Custodes – limitant drastiquement la possibilité de célébrer dans la forme de ladite «messe Pie V» -, le pape François a déploré que, «ces dernières années, on a beaucoup parlé de la liturgie, en particulier de ses formes extérieures». Mais pour lui, «le plus grand effort doit être fait pour que la célébration eucharistique devienne effectivement la source de la vie communautaire», a-t-il insisté, citant la constitution conciliaire Sacrosanctum Concilium.
Faisant aussi appel à son exhortation apostolique Evangelii gaudium, le pape a expliqué qu’à l’issue de la messe, «après avoir touché la chair eucharistique du Christ», la «communauté évangélisatrice est envoyée à l’extérieur et s’insère par des œuvres et des gestes dans la vie quotidienne des autres» jusqu’à toucher «la chair souffrante du Christ dans les personnes».
Vivre en communion
Durant son discours, François a également demandé aux fidèles de ne pas oublier que saint Pie V avait particulièrement encouragé les catholiques à la prière, notamment avec le chapelet. À l’issue de son adresse aux fidèles Italiens, il a résumé son enseignement en les invitant à mettre en œuvre ces quatre recommandations: «Suivre l’enseignement des Apôtres, la doctrine de l’Église; vivre en communion et non en guerre les uns avec les autres; vivre l’eucharistie, rompre le pain et prier».
Il les a enfin incités à poursuivre la dynamique de la conversion pastorale et missionnaire impulsée par la démarche synodale dans l’Église. «Ce parcours synodal appelle à une croissance laborieuse mais fructueuse de la communion fraternelle, entre évêque, prêtres et laïcs». (cath.ch/imedia/hl/rz)