Les délégués du Chemin synodal ont vécu une chaude session à Francfort, du 8 au 10 septembre | © KNA
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Synode allemand: graves tensions lors de la quatrième session

La quatrième session du Chemin synodal allemand, du 8 au 10 septembre 2022, est passée près de l’échec. Un texte sur la morale sexuelle de l’Eglise, approuvé par la majorité des participants, n’a pas obtenu la majorité des deux tiers des évêques requise. Mais d’autres textes ont été approuvés et le processus enclenché se poursuit.

Le Vatican a-t-il influencé le Chemin synodal lancé en Allemagne ? C’est la question qui se pose, après la dernière session tenue à Francfort-sur-le-Main. Le communiqué romain du 21 juillet 2022 précisait que le processus en cours outre-Rhin n’avait pas «la faculté d’obliger les évêques et les fidèles à assumer de nouveaux modes de gouvernance et de nouvelles approches de la morale et de la doctrine».

Faire évoluer la morale sexuelle

Or, le jeudi 8 septembre, les 230 délégués de l’assemblée (67 évêques, 69 représentants du ZDK, le Comité central des catholiques allemands et des personnalités laïques indépendantes) ont voté à une grande majorité le texte titré: «Vivre des relations réussies, vivre l’amour dans la sexualité et le couple». Majorité très large avec 155 voix favorables contre 9 opposées et 12 abstentions.

Pourtant le texte n’a pas recueilli la majorité des deux tiers des votes des évêques. Le choc a été immense pour les délégués synodaux, rapporte la presse allemande. De fait, le document propose d’ouvrir un débat, au sein de l’Eglise universelle, pour faire évoluer la morale sexuelle sur les questions de la contraception, des partenariats homosexuels et des identités de genre.

«Nous sommes restés unis»

Une partie des délégués, déçus de la réaction des évêques, quitte alors l’assemblée. Le risque d’échec plane sur le Chenin synodal. Néanmoins, le lendemain, les rangs étaient à nouveau garnis pour adopter des textes, à la satisfaction du président des évêques allemands, Mgr Georg Bätzing, évêque de Limbourg: «Nous avons montré que les discours, les débats et la dynamique sont possibles. Pour moi, c’est là l’essentiel: nous sommes restés unis. Cette manière de fonctionner se traduit par synodalité, qui est l’expression d’opinions différentes».

Le texte sur «la nouvelle approche doctrinale de l’homosexualité» a également reçu bon accueil

Les jours suivants, trois documents présentés en deuxième lecture ont été adoptés à la majorité des suffrages. Le premier concerne les femmes dans les services et les fonctions en Eglise: 182 oui contre 16 non et 7 abstentions. Le texte milite pour de nouvelles formes de gouvernance au sein de l’Eglise, en valorisant les charismes féminins: animation pastorale, homélies dans les paroisses, fonctions aux niveaux régional et diocésain.  Le texte sur «la nouvelle approche doctrinale de l’homosexualité» a également reçu bon accueil. Idem pour le règlement de base du service de l’Eglise.

Ad limina en novembre

D’autres textes vont être retravaillés, après une première lecture favorable de l’assemblée synodale. Ainsi trois textes «Gérer la diversité sexuelle », «Lever les tabous et normaliser. Vote sur la situation des prêtres non-hétérosexuels» et «Annonce de l’Evangile par la parole et le sacrement » vont être proposés au Chemin synodal lors de la prochaine session en mars 2023.

«J’attends les échanges qui auront lieu à Rome», indique Mgr Bätzing.

Beaucoup ont le regard tourné vers la visite ad limina que vont effectuer les évêques allemands à Rome, en novembre prochain. « Nous emportons tout le paquet des rencontres synodales tenues jusqu’à présent, a annoncé Mgr Bätzing. Cela représente plusieurs valises avec un certain poids. Mais – c’est ce que j’ai senti à Francfort – nous sommes prêts à les apporter et j’attends les échanges qui auront lieu à Rome.»

Trois voix manquantes

Pour le vice-président du Chemin synodal, Mgr Franz-Joseph Bode, évêque d’Osnabrück, le document refusé le 8 septembre «a pris le virage à pleine vitesse. Et je suis reconnaissant pour les débats intenses et différenciés». Le débat a permis notamment de faire avancer un autre texte, sur les services féminins en Eglise.

Le professeur Thomas Söding, également vice-président de l’assemblée, a reconnu que le Chemin synodal était passé tout près de l’échec: «Le texte sur la sexualité a été refusé, parce qu’il manquait trois voix du côté des évêques. Cela montre l’importance du problème. Nous attendons de la conférence épiscopale que le thème ne soit pas retiré». (cath.ch/bl)

Très suivi
Le Chemin synodal entrepris par l’Eglise catholique allemande suscite un intérêt particulier, et pas seulement au pays de Goethe. Les conférences épiscopales du monde entier y sont intéressées.
Dans une interview au journal La Croix, le cardinal Reinhard Marx, archevêque de Munich et Freising et initiateur de la démarche synodale allemande, indique que «certains à Rome et ailleurs, observent le chemin synodal allemand avec une certaine appréhension. Lors de la quatrième session, nous avons adopté des textes sur la possibilité de créer un Conseil synodal en Allemagne et sur la place des femmes dans l’Eglise, avec le soutien de deux tiers des évêques». Ces thèmes, «absolument prioritaires pour l’Eglise universelle», seront traduits dans d’autres langues et pourront «avoir une influence sur la discussion ailleurs dans le monde». BL

Les délégués du Chemin synodal ont vécu une chaude session à Francfort, du 8 au 10 septembre | © KNA
12 septembre 2022 | 16:07
par Bernard Litzler
Temps de lecture : env. 3  min.
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