Jean Paul II au Kazakhstan en 2001, une percée dans l'espace soviétique
En visite au Kazakhstan du 13 au 15 septembre 2022, le pape François marchera sur les traces de Jean-Paul II, venu à Astana du 22 au 25 septembre 2001, dans le cadre de son 95e voyage apostolique qui l’avait ensuite conduit en Arménie.
Quelques jours après les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, le pontife polonais avait tenu à maintenir son séjour dans ce vaste pays majoritairement musulman pour y lancer un message de paix et de respect entre les religions et les cultures.
Accueilli à sa descente d’avion par le président le président de l’époque Noursoultan Nazarbaïev, qui avait fait de la tolérance religieuse un axe central pour intégrer son pays dans la communauté internationale, le pape, marqué par la fatigue et la maladie, avait mobilisé toutes son énergie dans des accents proches des appels prophétiques du début de son pontificat.
« Kazakhstan, terre de martyrs et de croyants, terre de déportés et de héros, terre de penseurs et d’artistes, n’aie pas peur! », avait lancé le pape polonais lors de son premier discours, soulignant l’importance de la liberté religieuse, dix ans après l’indépendance du pays. Il avait aussi remarqué « l’initiative courageuse » prise par le gouvernement kazakh, qui avait renoncé à l’armement nucléaire et démantelé le site d’essais nucléaires de Semipalatinsk, lieu d’une tragique et durable pollution radioactive depuis l’époque soviétique.
Le pape était venu encourager la minorité catholique, affaiblie par le départ, dans les années 1990, de nombreux descendants des déportés allemands, polonais ou encore lituaniens contraints par Staline de s’installer dans ces steppes inhospitalières. Lors de la messe célébrée le 23 septembre 2001 sur la place de la Mère Patrie, à Astana, le pape a souligné la valeur de la collaboration de chrétiens et de musulmans, «engagés chaque jour, côte-à-côte, dans l’humble recherche de la volonté de Dieu.»
L’appel contre la violence après le choc du 11 septembre
Dans ce pays qui compte une centaine de nationalités et ethnies, le pape a formulé un appel solennel contre la violence, en réaction aux attentats du 11 septembre. « Je désire lancer un appel sincère à chacun, chrétiens et fidèles d’autres religions, afin que nous œuvrions ensemble pour édifier un monde sans violence, un monde qui aime la vie, qui croît dans la justice et la solidarité. Nous ne devons pas laisser ce qui est arrivé accroître les divisions. La religion ne doit jamais être un motif pour justifier un conflit », a alors martelé le pape polonais.
« De ce lieu, j’invite les chrétiens et les musulmans à élever une intense prière vers l’Unique Dieu tout-puissant, qui nous a tous créés, afin que le bien fondamental de la paix puisse prévaloir dans le monde », avait martelé Jean Paul II, invitant à « œuvrer en vue d’une civilisation de l’amour, dans laquelle il n’y a pas de place pour la haine, la discrimination ou la violence ». Devant les représentants du monde de la culture, il redira que « la haine, le fanatisme et le terrorisme profanent le nom de Dieu et défigurent l’image authentique de l’homme ».
Sa rencontre avec les évêques d’Asie centrale lui donnera l’occasion de relancer son appel à la liberté religieuse. « Après le long hiver de la domination communiste, qui prétendait déraciner Dieu du cœur de l’homme », le pape se réjouit de voir les Églises locales regagner « visibilité et consistance » et vivre « le début d’une saison d’évangélisation prometteuse ».
Lors de la consécration de la cathédrale Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours, le pape salue la fondation du séminaire de Karaganda, qui formera les futurs prêtres des républiques d’Asie centrale. « Maintenant que le climat politique et social s’est libéré du poids de l’oppression totalitaire, le besoin que chaque disciple du Christ soit lumière du monde et sel de la terre demeure une nécessité impérieuse. Ce besoin est d’autant plus urgent du fait de la destruction spirituelle héritée de l’athéisme militant, mais aussi du fait des risques que font courir l’hédonisme et le consumérisme actuel », a averti cependant le pape polonais, après avoir rendu hommage aux martyrs des persécutions communistes, dont beaucoup venaient de Pologne.
Si le pape globe-trotter n’a jamais pu visiter la Russie, il a pu séjourner dans plusieurs pays de l’ex-URSS. Les premiers furent les trois États baltes – Lituanie, Lettonie, Estonie – dès 1993, avant la Géorgie en 1999, l’Ukraine en juin 2001, le Kazakhstan et l’Arménie en septembre 2001, et l’Azerbaïdjan en mai 2002. Il a donc visité 8 des 15 anciennes républiques soviétiques. Le pape polonais, qui fut l’un des artisans de la chute du communisme, a pu circuler dans les marges de l’ex-URSS mais n’a jamais pu se rendre dans le territoire de la Fédération de Russie, en raison essentiellement de la méfiance des dirigeants de l’Église orthodoxe russe. (cath.ch/imedia/cv/mp)
Pour son 38e voyage apostolique à l’étranger, le pape François se rendra pour la première fois au Kazakhstan, en Asie centrale, du 13 au 15 septembre 2022. Le pontife parcourra plus de 5'000 km pour rejoindre la capitale kazakhe, Nour-Soultan, où il participera au 7e Congrès des leaders des religions mondiales et traditionnelles. Voici notre dossier spécial.