Les évêques polonais soutiennent les dommages de guerre allemands
Dans un rapport publié le 1er septembre 2022, les dirigeants polonais demandent de l’Allemagne des réparations de 1,3 milliard d’euros pour les pertes subies pendant la Seconde Guerre mondiale. Le président de la Conférence des évêques polonais soutient indirectement la démarche en indiquant qu’»il n’y a pas de contradiction entre le pardon et la justice».
Au regard des demandes de réparations pour les dommages subis durant la 2e Guerre mondiale, les évêques catholiques du pays ont souligné la valeur de la réconciliation germano-polonaise, de la repentance et du pardon. Ce qui n’exclut cependant pas les réparations.
«Les institutions de l’État sont appelées à décider des formes pratiques du rétablissement du droit», a relevé, le 3 septembre, le président de la Conférence épiscopale polonaise, l’archevêque Stanislaw Gadecki.
1,3 milliard d’euros de réparations
Varsovie souhaite conclure un accord avec le gouvernement allemand sur les indemnités de guerre, ont déclaré le Premier ministre Mateusz Morawiecki et le président du parti conservateur PiS au pouvoir, Jaroslaw Kaczynksi. Le rapport d’une commission parlementaire chiffre les dommages de guerre polonais à 1,3 milliard d’euros.
Le rapport, compilé sur cinq ans par une commission de 30 membres, indique que, sous l’occupation allemande de 1939 à 1945, 5,2 millions de Polonais sont morts dans plus de 9’200 lieux d’exécution et de massacre. Plus de 2 millions de Polonais ont été déportés comme travailleurs forcés.
Elle a ajouté que chaque décès polonais avait été évalué à 168’000 dollars, tandis que des valeurs distinctes avaient été attribuées aux bâtiments détruits et aux pertes subies par l’industrie, l’agriculture, l’énergie et les banques, ainsi qu’aux objets sacrés et aux œuvres d’art et de culture.
Refus de l’Allemagne
Le gouvernement fédéral allemand a déjà rejeté à plusieurs reprises la demande de réparations. Il a toujours souligné que la République populaire de Pologne avait renoncé à de nouvelles réparations en 1953 et l’avait confirmé à plusieurs reprises.
Le ministère allemand des affaires étrangères a déclaré que la question des réparations de guerre était désormais «close», ajoutant que le fait que la Pologne n’ait pas exigé de dommages et intérêts constituait «une base fondamentale de l’ordre européen actuel».
En Pologne, le PiS considère toutefois que la renonciation à des demandes de dommages et intérêts par le gouvernement communiste polonais n’est pas juridiquement valable. Officiellement cependant, le gouvernement de Varsovie n’a jusqu’à présent pas exigé de réparations de la part de Berlin.
Les évêques polonais soutiennent le rapport
«Puisse notre souhait commun être que les deux peuples réconciliés, polonais et allemands, tournent leur regard vers un avenir meilleur», note la déclaration de la conférence épiscopale. Mais indirectement, son président s’est rangé derrière le rapport parlementaire. Il n’y a «aucune contradiction entre le pardon et la justice. Car le pardon n’élimine ni ne réduit l’exigence de réparation, qui fait partie intégrante de la justice», a déclaré Mgr Gadecki, en citant le message du pape Jean Paul II pour la Journée mondiale de la paix de 1997.
Mgr Gadecki demande que les questions soulevées dans le rapport soient «considérées dans le contexte d’un long processus de réconciliation germano-polonaise». Celui-ci a commencé avec la lettre des évêques polonais de 1965, dans laquelle ils écrivaient à leurs confrères allemands: «Nous accordons le pardon et demandons pardon».
«Des années plus tard, nous pouvons dire que ce document s’est révélé prophétique. Il a lancé le processus de réconciliation entre les Polonais et les Allemands, sans ignorer les crimes commis, sans oublier les victimes et sans nous enfermer dans un sentiment d’injustice subie», a souligné le président de la Conférence épiscopale. »Cependant La miséricorde et le pardon – surtout dans la vie politique – doivent aller de pair avec la prudence et la justice», conclut-il. (cath.ch/kap/mp)