«Un pape ira aux JMJ, François ou Jean XXIV»
«Un pape ira aux JMJ. François ou Jean XXIV», a ironisé le pape François dans un entretien à la télévision portugaise TVI, dont la première partie a été diffusée le 4 septembre 2022. Le pape revient sur la préparation des Journées mondiales de la jeunesse (JMJ) de Lisbonne, en août 2023, ainsi que sur la problématique des abus sexuels, qu’il qualifie de «monstruosité», et sur ses relations avec l’Ukraine.
Interrogé sur la préparation des JMJ de Lisbonne, le pape François a souligné «le génie de Jean Paul II» qui a eu l’idée de «mettre en relation la jeunesse de toutes les régions du monde afin d’universaliser la jeunesse». Des jeunes de «différentes langues, de différentes cultures» peuvent ainsi se rencontrer, se «renforcer ensemble», et trouver des «désirs communs», explique le pape, en mentionnant notamment la présence de pèlerins chinois.
Questionné sur sa participation personnelle à ce rassemblement, le pontife a répondu avec humour: «Le pape viendra! Ou François, ou Jean XXIV, mais le pape viendra! Que ce soit comme Dieu le voudra!». En 2013, la perspective d’un long voyage au Brésil pour les JMJ de Rio avait été considérée comme un critère dans la renonciation de Benoît XVI au pontificat.
Les abus sexuels sont une «monstruosité»
«L’abus de la part d’hommes et de femmes d’Église, abus d’autorité, abus de pouvoir et abus sexuel, est une monstruosité», a insisté le pape avec gravité dans un long développement consacré à ce thème, alors que de nombreux cas ont été révélés au Portugal ces dernières semaines. «L’abus est une réalité tragique de tous les temps», a expliqué le pontife, en mentionnant les nombreux abus commis dans des familles, dans des clubs sportifs ou dans des écoles. «La culture de l’abus est très étendue, notamment dans les films pornographiques où l’on filme l’abus sur mineurs», s’attriste également le pape. Il a dénoncé «une chose destructrice, humainement diabolique», tout en refusant d’associer cette «culture de l’abus» au célibat.
«Le prêtre existe pour conduire les hommes à Dieu, pas pour détruire les hommes au nom de Dieu»
Pape François
Il a souligné néanmoins la gravité particulière des abus commis par des clercs et des religieux, dont le rôle est de «conduire un enfant vers Dieu» et non de lui «détruire la vie». François a rappelé que «l’Église a pris une décision après l’explosion» de Chicago, à l’époque du cardinal Law [dans ce passage, le pape a semblé confondre Chicago avec la ville de Boston, lieu d’un vaste scandale d’abus sexuels révélé en 2002, NDLR]. «Un prêtre ne peut pas continuer à être prêtre s’il est violent. Il ne peut pas», insiste-t-il.
«Le prêtre existe pour conduire les hommes à Dieu, pas pour détruire les hommes au nom de Dieu. Tolérance zéro». Le Saint-Père a confié ressentir une responsabilité personnelle pour que ces drames ne se reproduisent pas dans un cadre ecclésial. «Je souffre des cas d’abus qui se présentent à moi. Je souffre, mais il faut l’affronter».
Le pape assume sa volonté de dialogue avec Moscou et Kiev
Concernant l’offensive russe en Ukraine, le pape François a rappelé qu’il connaissait personnellement le président russe Vladimir Poutine comme le président ukrainien Volodymyr Zelensky. «J’ai dialogué avec les deux, ils sont tous les deux venus me rendre visite». Le pape a expliqué que le dialogue devait se poursuivre car il caractérise l’espèce humaine, par rapport aux animaux qui ne s’en remettent qu’au «pur instinct».
Le genou douloureux du pape l’empêche d’envisager à court terme un voyage à Kiev et à Moscou, a-t-il reconnu. Il a mentionné le conseil de son médecin qui lui aurait dit de ne pas se rendre au Kazakhstan – un voyage néanmoins bien maintenu à l’agenda papal pour la période du 13 au 15 septembre prochains. Le pontife a assuré maintenir «le contact par téléphone» avec les dirigeants ukrainiens. Il a affirmé avoir envoyé ses représentants en Ukraine, notamment Mgr Gallagher, en charge des relations internationales.
Le nouvel entretien du pape François a été marqué par quelques approximations, notamment l’évocation de Mgr Gallagher comme l’un des «trois cardinaux» à avoir visité l’Ukraine (alors que le prélat britannique n’est pas cardinal), ou la mention du diocèse de «Chicago», au lieu de celui de Boston. Un second volet de l’interview doit être diffusé dans la soirée du 5 septembre. (cath.ch/imedia/cv/rz)