Une seule religieuse vit encore au couvent de Wonnenstein (AI) | © Koster Wonnenstein
Suisse

L’unique soeur de Wonnenstein refuse de quitter son couvent

A 78 ans, Sœur Scholastica est la dernière religieuse du monastère des capucines de Wonnenstein (AI). Qu’elle refuse de quitter, malgré les injonctions de l’évêque de St-Gall. Un combat qu’elle mène pour défendre la tradition monastique du lieu.

Soeur Scholastica Schwizer vit depuis 58 ans à Wonnenstein. Elle est la dernière survivante de la communauté des capucines établie depuis le XVIIe siècle au-dessus du ravin du Rotbach.

En 2013, l’évêque de Saint-Gall et son chancelier ont approché la communauté et proposé la création d’une association indépendante pour aider les religieuses vieillissantes à gérer le monastère. En 2014, la propriété du couvent est ainsi passée à l’association de droit civil ›Kloster Maria Rosengarten Wonnenstein’, pour veiller au maintien de l’infrastructure du monastère et à l’entretien des dernières religieuses.

Wonnenstein doit rester un centre d’habitation, d’activité et de spiritualité. L’assocation envisage une entreprise de restauration, des bureaux, un campus éthique de l’Université de Saint-Gall, des cabinets médicaux et des manifestations culturelles. Dans un premier temps, l’église sera rénovée, les travaux de construction ont déjà commencé.

La dernière religieuse depuis 2020

Après le décès de la supérieure, en 2020, Soeur Scholastica est désormais la seule survivante de la communauté. Immédiatement, selon elle, l’évêque et l’association font pression pour qu’elle quitte le monastère. Mais elle résiste, car elle voit dans ces plans le bradage de l’histoire de Wonnenstein. Elle se sent spoliée et trahie.

En décembre 2020, la religieuse contracte le covid. Elle doit être hospitalisée pour une pneumonie bilatérale et, après deux semaines, elle est admise dans un centre de rééducation. Là, elle reçoit un appel de l’évêque. «Il m’a demandé où je voulais aller après ma sortie». L’évêque souhaite qu’elle cherche une institution où l’on s’occuperait d’elle. Mais la sœur ne veut rien savoir: «Je veux rentrer chez moi», lui dit-elle.

Plainte auprès du Saint Siège

Entre-temps, Soeur Scholastica a pris un avocat et a poursuivi l’association. En avril 2022, elle a adressé une plainte auprès du Saint-Siège pour dénoncer la sécularisation illicite à ses yeux du monastère avec sa transformation en association privée.

Le 19 août, Rome a rendu son verdict. Le diocèse de Saint-Gall et l’association ont agi en toute légalité et en conformité avec le droit canonique. Les religieuses concernées ont à l’époque pris les décisions ensemble lors d’assemblées capitulaires. Elles auraient été bien informées et auraient compris les conséquences de leurs décisions. La question des biens de l’association est également correctement réglée. Il n’y a «aucune confusion d’intérêts financiers du comité directeur ou de ses membres concernant les biens et les immeubles du couvent».

Une transformation qui n’a rien d’inhabituel

La transformation de monastères en d’autres personnes morales n’est pas un processus inhabituel en soi, précise le diocèse de St-Gall. De nombreux monastères sont confrontés à des problèmes de relève et sont donc transformés en fondations ou en associations afin de pouvoir continuer à les utiliser. Parfois, des communautés spirituelles existantes déménagent dans d’autres couvents, et les monastères sont remis à de nouvelles communautés. 

Cependant, une sœur seule n’est pas une communauté, relève l’évêché. Les efforts sont d’ailleurs en cours pour trouver une nouvelle communauté pour Wonnenstein, précise-t-on.

La dernière de 490 moniales

«Physiquement, je suis la seule sœur ici. Mais depuis la création du monastère, 490 sœurs y ont vécu. Avec elles, je forme dans l’esprit une communauté forte», rétorque Soeur Scholastica. Selon elle, ses vœux comprennent également une promesse de rester au monastère jusqu’à sa mort.

Après l’annonce de Rome, Sœur Scholastica a refusé de s’exprimer à ce sujet. Elle l’a précisé lors d’une visite de kath.ch sur place. Pour l’heure, la suite des événements reste incertaine. (cath.ch/kath.ch/ag/mp)

Une seule religieuse vit encore au couvent de Wonnenstein (AI) | © Koster Wonnenstein
24 août 2022 | 13:16
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 3  min.
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