L’Eglise au Panama «facilite» le dialogue social face à la crise
Depuis juillet 2022, grèves et manifestations paralysent le Panama. L’Eglise catholique a été appelée pour faire le lien entre les divers acteurs sociaux. Avec des résultats.
Le Panama est secoué depuis trois semaines par un large mouvement de contestation sociale. Des manifestations ont eu lieu dans tout le pays, ainsi que des grèves de différents syndicats – principalement des travailleurs, des enseignants, des médecins et des infirmières, des paysans et des indigènes. Des actions de blocage des principales routes ont provoqué des pénuries dans les supermarchés.
Les manifestations portent sur des questions telles que le coût élevé de la vie, principalement du carburant, mais aussi la corruption et le manque de transparence des finances publiques. Il s’agit d’un sursaut social national sans précédent dans l’ère démocratique panaméenne, note le média catholique espagnol Omnes.
Pour une société plus équitable
Face à cette situation bloquée, le gouvernement du président Laurentino Cortizo a demandé à l’Église catholique de servir de «médiatrice» pour parvenir à des accords permettant le rétablissement du libre transit et de la paix sociale.
L’Église a accepté cette tâche, tout en précisant vouloir être une «facilitatrice», et non une «médiatrice». «Car être médiateur, c’est être au milieu, et l’Église sera toujours du côté de ceux qui en ont le plus besoin», a expliqué Mgr José Domingo Ulloa Mendieta, archevêque métropolitain de Panama.
«L’Église catholique a accepté d’être la facilitatrice d’un processus qui permettra non seulement de résoudre la situation difficile, mais surtout d’initier un processus de changement structurel qui fera véritablement du Panama un pays plus juste et équitable», a soutenu le principal préposé au dialogue, dans un communiqué du 16 juillet.
L’Église a proposé un certain nombre de principes qui ont conditionné son acceptation, notamment que les interlocuteurs de la première étape soient les groupes qui expriment leur malaise. Les discussions ont dans un premier temps obtenu des résultats rapides, conduisant à la réouverture du libre transit par les manifestants, ainsi qu’au gel des prix des carburants à et au contrôle des prix de plus de 70 produits du panier de la ménagère par le gouvernement national.
Une Eglise respectée
Des points de désaccords ont cependant surgi lors de cette première étape de dialogue. Des groupes n’ayant pas participé au mouvement social ont émis l’intention d’être inclus dans les négociations. Ils ont notamment exprimé la crainte de l’imposition d’un système économique limitant la libre entreprise. Pour montrer qu’il s’agit d’une question d’unité nationale, Mgr Ulloa a invité des représentants d’autres Eglises dans les discussions.
L’Église catholique au Panama a toujours joui d’une grande reconnaissance sociale, car à tout moment, même pendant les années les plus difficiles de la dictature militaire (1968-1989), elle a maintenu une position conciliante. Tout au long de son histoire – y compris en période de démocratie – elle a été la garante, à la demande tant du gouvernement en place que de la société civile, de dialogues fructueux à la recherche de la paix et du bien commun, assure Omnes. (cath.ch/omnes/arch/rz)