Inde: hausse des crimes contre les Dalits et les populations tribales
Les crimes contre les populations tribales et les Dalits, ou anciens ‘intouchables’, sont en constante augmentation en Inde. Un phénomène qui, selon les dirigeants de l’Église et les militants des droits humains, devrait susciter une attention particulière de la part des responsables politiques.
Ajay Kumar Mishra, ministre fédéral junior de l’Intérieur, a déclaré au Parlement la semaine dernière que les crimes contre les tribus répertoriées, le terme officiel pour les personnes appartenant à des groupes tribaux, sont passés de 6’528 en 2018 à 8’272 en 2020, soit une augmentation de 26,7%. Il citait des données collectées par le Bureau national d’enregistrement des crimes (NCRB), rapporte le site d’information Ucanews.
Dans le cas des Dalits, le chiffre est passé de 42’793 à 52’291 crimes, soit une augmentation de 17,5% en trois ans. Le nombre le plus élevé d’infractions contre les communautés tribales et Dalits a été enregistré dans les États du nord de l’Uttar Pradesh et du centre du Madhya Pradesh.
Méconnaissance de la loi
«Le rapport présenté par le ministre est inquiétant et alarmant. Le gouvernement et la société civile devraient intervenir pour arrêter ce glissement», a déclaré le Père Nicholas Barla, secrétaire de la Commission des évêques catholiques indiens pour les affaires tribales.
Selon le Père Barla, l’ignorance de la loi parmi les communautés tribales et dalits est mise à profit par leurs oppresseurs traditionnels. «La plupart du temps, les crimes ne sont même pas signalés à la police», indique le prêtre.
Selon Bezwada Wilson, militant chrétien dalit et lauréat du prix Ramon Magsaysay, le taux de criminalité n’a cessé d’augmenter au fil des ans. «Quel que soit le gouvernement aux commandes à New Delhi ou dans les provinces, rien ne change», a-t-il déclaré. Les personnes pauvres et marginalisées ne peuvent pas se payer les services d’un avocat pour défendre leur cause.
«Les gens n’ont pas peur de la loi. Tant que la société dominante ne changera pas son attitude envers les plus faibles d’entre eux, rien ne changera.», indique Mukti Prakash Tirkey, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Dalit Adivasi Duniya à New Delhi.
L’augmentation des crimes contre les tribus répertoriées et les Dalits contraste fortement avec la tendance générale à la baisse des crimes pendant la période de la pandémie de Covid, notamment en raison du verrouillage de 68 jours dans tout le pays, à partir du 25 mars 2020.
Dans l’ensemble, les cas de crimes enregistrés ont augmenté de 28 % dans le pays, mais cela est dû en grande partie aux cas liés aux violations des restrictions liées au Covid qui ont été enregistrés par la police et l’administration. Les crimes contre les femmes ont diminué de 8,3 %, les cas de viols de 12,4 % et les enlèvements de 19,3 %. (cath.ch/ucanews/bh)