Le pape a institué la Journée des grands-parents en 2021 | © onepicnowords/Pixabay
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Canada: le pape invite à retourner à «l’école» des grands-parents

En la fête de saint Anne et saint Joachim, grands-parents du Christ, le pape François a invité chacun à suivre la sagesse des personnes âgées, «cette école où nous avons appris et vécu l’amour». Il s’exprimait dans son homélie prononcée au Commonwealth Stadium d’Edmonton, le 26 juillet 2022.

Après l’importante journée pénitentielle de la veille, les figures de saint Joachim et surtout de sainte Anne – particulièrement vénérée par les autochtones et au Québec dont elle est la patronne -, ont permis au pape François d’assurer une transition lors de cet événement public. Il s’agissait de la première manifestation de son voyage à ne pas être spécifiquement centrée sur le chemin de réconciliation avec les autochtones.

Créer un «petit sanctuaire familial»

La messe a été concélébrée par une grande partie des évêques du Canada, en présence d’environ 50’000 personnes. La participation a été revue à la baisse par les organisateurs par rapport aux prévisions. Les fidèles inscrits au stade adjacent – Clarke Field – ont finalement pu accéder au stade principal. Avant la messe, le pape François a pris le temps de saluer la foule en papamobile. Il est demeuré assis durant la célébration, laissant Mgr Richard Smith, l’archevêque d’Edmonton, présider l’eucharistie à l’autel. La liturgie a été célébrée en anglais et en latin.

Dans son homélie, prononcée en espagnol, le premier pape originaire des Amériques a enjoint tous les catholiques à suivre l’exemple des peuples indigènes. Il a encouragé chaque famille à créer chez soi un «petit sanctuaire familial» – par exemple avec la Bible ou le chapelet de ses ancêtres afin d’avoir un lieu pour «élever [leur] pensée et [leur] prière vers ceux qui [les] ont précédés».

Une façon pour le pontife de mettre en avant la place spirituelle occupée par les ancêtres chez les premiers peuples du Canada. Mais aussi de présenter les Inuits, Métis et Premières Nations comme des peuples eux-mêmes anciens et donc capables d’enjoindre les nouvelles générations à penser un avenir «où l’histoire de violence et de marginalisation» qu’ils ont subie «ne se répète pour personne».

Une «foi qui a le goût de la maison»

Les personnes âgées sont «une caresse de l’histoire qui nous a précédés», a insisté le pape. «Dans la maison des grands-parents», nombreux sont ceux qui ont de plus senti pour la première fois «le parfum de l’Évangile, d’une foi qui a le goût de la maison», a-t-il expliqué.

Le pontife s’est élevé contre le manque d’attention des sociétés occidentales envers les plus âgés. Il a plaidé pour un avenir «où les personnes âgées ne sont pas rejetées parce qu’elles ne ‘servent plus’ de manière fonctionnelle» et qui ne soit «pas indifférent à ceux qui, désormais plus âgés, ont besoin de plus de temps, d’écoute et d’attention».

«Nous sommes les enfants d’une histoire à préserver», a insisté l’évêque de Rome, car «personne ne vient au monde séparé des autres». Il a appelé à prendre soin de «ceux qui n’ont pas seulement pensé à eux-mêmes, mais qui nous ont transmis le trésor de la vie».

Le «bel héritage»

Le pontife a ensuite appelé les jeunes générations, en tant que «bel héritage» des générations précédentes, à «ne pas décevoir» leurs aînés. Ils ont désiré pour eux «un monde plus juste, plus fraternel et plus solidaire», a-t-il souligné. Il a comparé la jeunesse aux «branches qui doivent fleurir et introduire de nouvelles graines dans l’histoire».

Il a pour cela exhorté à prendre comme signe de réussite non pas l’argent, le succès ou la reconnaissance mais des «critères féconds». Puis d’interpeller la foule: «Est-ce que je donne la vie? Est-ce que j’introduis dans l’histoire un amour qui auparavant n’y était pas?». Pour discerner, il a invité chacun à se demander «ce que feraient à [sa] place les personnes âgées les plus sages» qu’il connaît.

Pas une caricature de tradition

Le pape a cependant mis en garde contre la «caricature de la tradition» qui pense en terme de «en avant/en arrière». La vraie tradition, a-t-il insisté, vise selon lui une croissance verticale, «des racines aux fruits».

Il a dénoncé cette «culture de ‘faire marche arrière’» qu’il décrit comme un «refuge égoïste» visant à «ranger le présent dans une boîte et le conserver dans la logique du ›on a toujours fait ainsi’».

«Il ne s’agit pas de garder des cendres», a-t-il insisté, utilisant une métaphore du compositeur allemand Gustav Mahler qu’il emprunte régulièrement, «mais de raviver le feu» allumé par les générations précédentes. (cath.ch/imedia/ak/rz)

Le pape a institué la Journée des grands-parents en 2021 | © onepicnowords/Pixabay
26 juillet 2022 | 21:19
par I.MEDIA
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