Canada: l'Église doit devenir «une maison de la réconciliation»
«Voici une maison pour tous, ouverte et inclusive, comme doit l’être l’Église», s’est félicité le pape François au soir du 25 juillet 2022 en saluant le dynamisme de la communauté paroissiale de l’église du Sacré-Coeur à Edmonton, lieu de son deuxième discours en terre canadienne.
Ce lieu de culte, qui vient d’être restauré après un incendie survenu en 2020, est depuis plus de 30 ans l’église nationale des populations autochtones du Canada, qui peuvent y exprimer leurs traditions. Des personnes issues des Premières Nations, des Métis et des Inuits animent cette paroisse avec des non-autochtones et des personnes immigrées de différentes provenances.
«Grâce à Dieu, dans des paroisses comme celle-ci, par la rencontre, s’édifient jour après jour les bases pour la guérison et la réconciliation», s’est réjoui le pape, après avoir écouté un chant. Venu sur les terres autochtones comme «ami et pèlerin», le pape a redit sa peine, au regard de l’histoire des pensionnats autochtones administrés par l’Église catholique, de voir qu’au nom d’une «éducation supposée chrétienne», des personnes et des communautés aient été spoliées «de leurs identités culturelles et spirituelles».
«Personne ne peut effacer la dignité violée, le mal subi, la confiance trahie», a reconnu le pape. Il a toutefois invité à regarder la croix, «cet amour scandaleux qui se laisse clouer les pieds et les poignets et transpercer d’épines la tête».
Il faut « regarder ensemble le Christ, l’amour trahi et crucifié pour nous; regarder Jésus, crucifié dans de nombreux élèves des écoles résidentielles», a insisté le pape argentin, en montrant que sans Jésus, la réconciliation est impossible et illusoire. Le Christ, «sur la croix, réconcilie, remet ensemble ce qui semblait impensable et impardonnable», a insisté François en rappelant que le dessein de Dieu est de «tout réconcilier».
Tourner le regard vers Jésus crucifié
Le pape a assuré comprendre les réticences de ceux qui ont vécu de profonds traumatismes. Mais pour se réconcilier «avec le passé, avec les torts subis et la mémoire blessée, avec des événements traumatisants qu’aucune consolation humaine ne peut guérir, notre regard doit s’élever vers Jésus crucifié, la paix doit être puisée sur son autel», a insisté le chef de l’Église catholique.
«C’est sur l’arbre de la croix que la douleur se transforme en amour, la mort en vie, la déception en espérance, l’abandon en communion, la distance en unité», a martelé François, décrivant l’Église comme un «corps vivant de réconciliation». «Le Seigneur ne contraint pas, n’étouffe pas, n’oppresse pas: il aime, il libère et il laisse libres», a insité le pape. L’Église ne doit donc pas représenter «un ensemble d’idées et de préceptes à inculquer aux gens, mais une maison accueillante pour tous».
La «Tente de la rencontre»
En voyant que les quatre poteaux d’un tipi sont exposés dans cette église, sur l’autel et le tabernacle, le pape est revenu sur la signification biblique de la tente. «Quand Israël marchait dans le désert, Dieu demeurait dans une tente qui était montée chaque fois que le peuple s’arrêtait: c’était la Tente de la Rencontre», a rappelé François.
Ce lieu de la présence divine montre que «Dieu est le Dieu de la proximité, en Jésus il nous enseigne la langue de la compassion et de la tendresse», a expliqué le pape en soulignant que Dieu «n’habite pas dans des palais célestes, mais dans notre Église, qui désire être une maison de réconciliation».
Au terme de la célébration, le pape a reçu divers cadeaux de paroissiens. Des enfants, symbolisant les anciens élèves des pensionnats autochtones, lui ont offert de petites œuvres d’art de leur culture; une famille lui a remis un chemin de croix de style indigène, ainsi que des gants et des mocassins en cuir; des aînés Métis et des Premières nations ont donné au pape une plume d’aigle décorée ainsi qu’une couverture, exprimant la chaleur, le confort et leur étreinte.
Avant de quitter l’église, le pontife a béni une statue parée de vêtements traditionnels, représentant sainte Kateri Tekakwitha, qui fut la première autochtone à avoir été canonisée, en 2012. (cath.ch/imedia/cv/bh)