«Les conquêtes armées n’ont rien à voir avec le Royaume de Dieu»
«Face au scandale de la guerre, il ne s’agit pas d’abord de faire des considérations: il faut pleurer, secourir et se convertir», a affirmé le pape François, le 30 juin 2022. Il recevait au Vatican une délégation du Patriarcat œcuménique de Constantinople. Devant eux, il a estimé que l’œcuménisme n’était «pas seulement une question interne aux Églises», mais nécessaire pour la paix du monde entier.
Les trois représentants envoyés par le patriarche Bartholomée, l’archevêque Job de Telmissos, l’évêque d’Alicarnassos Adrianos et le diacre patriarcal Barnabas Grigoriadis, ont participé le 29 juin à la messe des saints Pierre et Paul dans la basilique Saint-Pierre, avec le pape François. Ce traditionnel échange de délégations pour les fêtes des saints patrons respectifs est «un signe tangible que le temps de la distance et de l’indifférence, durant lequel on pensait que les divisions étaient un fait irrémédiable, a été dépassé», s’est réjoui le pontife dans son discours le lendemain.
Pas un Dieu de «ses propres nations»
Durant cette audience, le successeur de Pierre a souligné que la réconciliation entre chrétiens séparés était «plus que jamais actuelle», dans le contexte de la guerre «cruelle et insensée» en Ukraine, où «tant de chrétiens combattent les uns contre les autres». Le pape a invité à «pleurer les victimes et tout le sang répandu, la mort de tant d’innocents, les traumatismes de familles, de villes, de tout un peuple». Et à se convertir «pour comprendre que les conquêtes armées, les expansions et les impérialismes n’ont rien à voir avec le Royaume que Jésus a annoncé».
La recherche de l’unité des chrétiens n’est «pas seulement une question interne aux Églises», a-t-il martelé, «c’est une condition indispensable pour la réalisation d’une fraternité universelle authentique». Le pontife a aussi appelé à «ne pas céder à la tentation de museler la nouveauté perturbatrice de l’Évangile avec les séductions du monde et de transformer le Père de tous […] en un dieu de ses propres raisonnements et de ses propres nations». «Ce n’est plus le temps de régler les agendas ecclésiaux selon les logiques de pouvoir et de convenance du monde, mais selon la prophétie audacieuse de paix de l’Évangile», a-t-il ajouté.
Pour une «nouvelle mentalité»
Évoquant la récente réunion en mai du Comité de coordination de la Commission mixte internationale pour le dialogue théologique entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe, le pape a souhaité que ce dialogue promeuve «une nouvelle mentalité», qui ne se laisse pas «piéger par les préjugés d’autres époques». «Ne nous contentons pas d’une ‘diplomatie ecclésiastique’ pour rester gentiment sur nos idées», a-t-il conclu, mais «prions les uns pour les autres, travaillons les uns avec les autres, soutenons-nous mutuellement».
Dans son discours transmis par le Bureau de presse du Saint-Siège, le pape François ne fait aucune mention directe du patriarche Cyrille de Moscou. La veille, le cardinal Koch, responsable du Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens, a vertement critiqué l’attitude du patriarche de Moscou depuis le début de la guerre en Ukraine et commenté les divisions au sein du monde orthodoxe. (cath.ch/imedia/ak/rz)