Devant le risque d'«inertie», le pape évoque l'Église synodale
À l’occasion de la bénédiction des palliums des archevêques nommés durant l’année écoulée, le pape François a mis en garde contre une Église donnant une «impression de tiédeur et d’inertie» qui glisserait «vers la médiocrité spirituelle», le 29 juin 2022. En la fête des saints apôtres Pierre et Paul, le pontife a opposé à cette Église «repliée sur elle-même» une Église synodale accueillant tout le monde.
Dans la basilique Saint-Pierre de Rome, le pape François – qui n’a pas présidé la messe – a d’abord béni les palliums des 44 archevêques métropolitains récemment nommés. Étaient notamment présents les évêques français Mgr Guy de Kerimel (Toulouse), Mgr Antoine Hérouard (Dijon) et Mgr Laurent Ulrich (Paris). Le nouvel archevêque d’Alger, Mgr Jean-Paul Vesco était lui aussi à Rome.
Dans son homélie qu’il a prononcée assis, le pape François a commencé par déplorer les « nombreuses résistances intérieures qui nous empêchent de nous mettre en mouvement ». Décrivant une Église parfois submergée «par la paresse», où certains préfèrent «rester assis à contempler les quelques choses sûres que nous possédons», le pontife a mis en garde contre le risque de «›vivoter’, y compris dans la vie pastorale».
Les maux qui font reculer l’Église
«Tiédeur», «inertie», «formalisme», «religion de cérémonies et de dévotions»… Le pape a listé un ensemble de maux qui tiennent l’Église «repliée sur elle-même», voire même, qui la font reculer. «Ne tombons pas dans l’arriérisme, cet arriérisme de l’Église qui est à la mode aujourd’hui», a-t-il improvisé. Sortant encore de ses notes, il a fustigé la présence d’un cléricalisme dont une des pires manifestations se trouve aujourd’hui chez «les laïcs cléricaux».
Comme il l’avait plaidé lors des congrégations générales qui avaient précédé le conclave de 2013, le pape argentin a mis en avant une Église «sans chaînes et sans murs», capable de «sortir de ses prisons pour aller à la rencontre du monde». Appelant à ouvrir grand les portes de l’Église, il a répété près d’une dizaine de fois que «tout le monde» a une place dans l’Église, à commencer par les pécheurs. «Il n’y a pas de chrétiens de première et de deuxième classe», a-t-il insisté.
Cette Église, qui «ne traîne pas» et «n’accumule pas de retards sur les défis actuels» est l’Église synodale qui se «laisse animer par la passion pour l’annonce de l’Évangile et par le désir de rejoindre tout le monde et d’accueillir chacun». Le pape a d’ailleurs souhaité redonner une définition simple de cette synodalité: «Tous participent, personne à la place des autres ni au-dessus des autres».
Pas de compromis avec les logiques du monde
Dans un deuxième temps, le chef de l’Église catholique a précisé que «participer» signifiait aussi mener à bien «le bon combat». «L’annonce de l’Évangile n’est pas neutre, […] elle n’accepte pas de compromis avec les logiques du monde», a-t-il averti.
Au contraire, «elle allume le feu du Royaume de Dieu là où règnent les mécanismes humains du pouvoir, du mal, de la violence, de la corruption, de l’injustice, de la marginalisation». Et de fixer cette feuille de route: «Nous devons poser des gestes d’attention pour la vie humaine, pour la protection de la création, pour la dignité du travail, pour les problèmes des familles, pour la condition des personnes âgées et de tous ceux qui sont abandonnés, rejetés et méprisés».
C’est à cette Église qui promeut «la culture du soin» que le pape a appelé, demandant aux nouveaux archevêques présents dans la basilique de «se lever en hâte pour être des sentinelles vigilantes du troupeau et combattre le bon combat, jamais seuls mais avec tout le saint Peuple fidèle de Dieu». (cath.ch/imedia/hl/bh)