Cardinal Ouellet: la subordination des femmes est un «fruit du péché»
«Quel dommage nous avons fait, en tant qu’hommes, en s’arrogeant un statut de supériorité», a déclaré le cardinal Marc Ouellet, le 14 juin 2022. Le prélat québécois s’exprimait lors d’une rencontre à propos des effets de la pandémie de Covid sur les femmes d’Amérique latine.
«Pendant des siècles, nous avons étouffé la particularité féminine», a dénoncé le cardinal Ouellet dans un discours relayé par le site catholique américain Crux. Le préfet de la Congrégation pour les évêques et président de la Commission pontificale pour l’Amérique latine s’exprimait à Rome face à des membres de l’Observatoire mondial des femmes, un organe promu par l’Union mondiale des organisations féminines catholiques (UMOFC).
Il commentait les résultats du premier rapport de la branche pour l’Amérique latine et les Caraïbes de l’Observatoire. Le document présente notamment les conséquences sur les femmes de la pandémie de Covid-19 dans cette région du monde.
Les femmes, protagonistes de l’histoire
«Le féminin est la clé de lecture du présent et du futur de notre société, a souligné le prélat québécois dans son discours d’introduction. Le nouveau protagoniste féminin doit être mis sur pied et les hommes sont appelés à être une aide adéquate pour la réalisation des femmes».
Citant le pape François, il a insisté sur le fait que les femmes sont les «protagonistes du changement d’époque» auquel le monde est confronté. «Le mot protagoniste ne pourrait être mieux choisi. La femme a toujours été un protagoniste dans l’histoire, bien qu’elle ait souvent été rendue invisible». Le cardinal a admis que «beaucoup [d’hommes, ndlr] ont une mentalité fortement ancrée qui ne leur permet pas de reconnaître la dignité de chaque femme, et qui les pousse au contraire à les objectiver et à les exploiter.»
La résilience des femmes
L’objectif de cette première enquête de l’Observatoire était de «donner une visibilité aux femmes qui semblent invisibles», a expliqué la présidente de l’UMOFC, Maria Lia Zervino. Le rapport, qui a également été présentée au pape François, a confirmé que la pandémie a aggravé la condition des femmes en termes de violence sexiste, de trafic et de migration forcée. Les restrictions ont aussi augmenté la pauvreté des femmes, leur ont entravé l’accès à la santé et à l’éducation, exacerbant les lacunes et les injustices déjà existantes.
Malgré ces inégalités, a déclaré Monica Santamarina De Robles, trésorière de l’UMOFC, «les femmes ont fait preuve d’une grande force et d’une grande résilience et ont réinventé des moyens de survie.»
L’Eglise doit être partie prenante de la lutte pour les droits des femmes
Le document présente aussi des pistes pour améliorer la vie des femmes, telles que la création d’espaces d’accompagnement et d’aide entre femmes, la formation du leadership féminin (y compris dans le domaine pastoral), ou encore la poursuite et la diffusion des recherches sur la violence structurelle et symbolique envers les femmes.
«Si l’économie était une femme, elle se soucierait vraiment du bien commun et du soin de l’être humain», a déclaré lors de la rencontre Sœur Alessandra Smerilli, secrétaire du Dicastère pour le Service du développement humain intégral et directrice de la Commission vaticane sur le Covid-19. «Nous devons promouvoir la formation, de nouvelles lois et de nouveaux espaces pour la participation des femmes, dans une collaboration entre l’Église, les gouvernements, les mouvements sociaux et les ONG», a soutenu la religieuse italienne. (cath.ch/crux/rz)