Écarter les anciens est une «trahison de leur humanité», lance le pape
Le pape François a martelé le message selon lequel les personnes âgées ne peuvent être mises à l’écart de la société ou de l’Église, lors de l’audience générale du 15 juin 2022. Reconnaissant que les anciens, comme lui, devaient prendre conscience de leurs limites physiques, il a mis en valeur leur sagesse et a de nouveau plaidé pour un dialogue entre les personnes âgées et les jeunes.
C’est par une brève confidence que le pape a commencé sa catéchèse prononcée place Saint-Pierre. «Âgés, nous ne pouvons pas faire la même chose que ce que nous faisions jeunes. Le corps a un autre rythme et nous devons écouter le corps et accepter des limites. Tous nous en avons non? Moi aussi, je dois marcher avec une canne maintenant…», a-t-il confié, déclenchant quelques applaudissements dans la foule. Depuis plusieurs semaines en effet, le pape François utilise un fauteuil roulant ou bien une canne afin de soulager son genou.
Pour cette nouvelle réflexion sur la vieillesse, le pape de 85 ans, commentant le récit de la guérison de la belle-mère de l’apôtre Pierre, a insisté sur la nécessité de visiter les personnes âgées, «surtout à notre époque où le nombre d’anciens est en forte hausse».
«Nous devons sentir la responsabilité de rendre visite aux personnes âgées qui sont souvent seules et les présenter au Seigneur avec notre prière», a-t-il insisté, expliquant que, par cette attention concrète, c’est le «Salut» qui était communiqué à la personne malade.
Les anciens, socialement écartés
Sortant largement de ses notes, il a de nouveau déploré la culture du déchet où les anciens sont mis sur la touche ou cachés. «On ne les tue pas, mais on les écarte socialement, comme s’ils étaient un poids», a-t-il condamné. Cette culture consistant à «sélectionner la vie selon l’utilité» est pour lui «une trahison de leur humanité». Il faut, a-t-il averti, considérer la vie «comme elle est, avec la sagesse des personnes âgées», avec leurs limites aussi.
Rappelant que le dialogue entre les jeunes et les anciens était «fondamental» pour la société et pour l’Église, il a mis en garde contre la création d’une génération «sans passé et sans racine » si la rencontre entre les âges ne se faisait plus.
Revenant au récit de la guérison de la belle-mère de Pierre, le pape a souligné la gratitude de celle qui, une fois guérie, se leva et se mit à servir Jésus et les disciples. Il a alors relevé que Dieu ne rejetait pas les personnes parce qu’elles étaient âgées. Au contraire, il leur redonnait «la force pour servir».
Avant de conclure sa catéchèse, le pape a précisé que le service dont il était fait mention dans l’Évangile n’était pas «simplement une affaire de femmes». «Le service évangélique de la gratitude pour la tendresse de Dieu n’est en aucun cas inscrit dans la grammaire de l’homme maître et de la femme servante», a-t-il assuré, ajoutant tout de même que les femmes, «sur la gratitude et la tendresse de la foi, peuvent enseigner aux hommes des choses que les hommes ont plus de mal à comprendre». (cath.ch/imedia/hl/bh)