La cathédrale de Santiago au Chili. | © Caros Bryant/Flickr /CC BY-NC-ND 2.0
Vatican

Chili: une nouvelle ambassadrice près le Saint-Siège

L’ambassadrice du Chili près le Saint-Siège, Patricia Araya Gutiérrez, s’est entretenue avec le pape François le 13 juin 2022. Ce vaste pays d’Amérique latine a fait l’objet, en 2018, d’un voyage apostolique controversé, en raison des nombreux scandales d’abus sexuels sur mineurs.

Patricia Araya Gutiérrez vivait déjà à Rome depuis deux ans, en tant que conseillère à l’ambassade du Chili en Italie et auprès des organisations onusiennes basées dans la capitale italienne: la FAO (Organisation pour l’alimentation et l’agriculture), le PAM (Programme alimentaire mondial) et le FIDA (Fonds international de développement agricole).

Née en 1968, cette femme mariée et mère de trois enfants a notamment étudié à l’Académie diplomatique du Chili et elle a obtenu en 2010 un Master en politique extérieure. Au cours de sa carrière diplomatique, elle a travaillé au ministère chilien des Affaires étrangères au sein de plusieurs directions dédiées à différentes zones géographiques, notamment la direction Asie-Pacifique où elle fut responsable des relations avec la République populaire de Chine, de 2002 à 2004. 

En service à l’étranger, elle a notamment servi au sein des ambassades chiliennes en Corée du Sud, en Malaisie et au Salvador. De retour à Santiago du Chili de 2018 à 2020, elle a été chef de cabinet du Secrétariat général de la politique extérieure. Son accréditation auprès du Saint-Siège marque sa première expérience en tant qu’ambassadrice.

Le pape et le Chili, un lien blessé

Le pape François est très attaché à ce pays d’Amérique latine où il a reçu une partie de sa formation durant son noviciat jésuite, au début des années 1960. Il fut alors marqué par la grande pauvreté de la population, et cette expérience chilienne fut fondatrice dans son souci de l’évangélisation des pauvres. 

Alors qu’il n’a toujours pas visité son Argentine natale, il s’est rendu au Chili en 2018 mais sa visite fut marquée par de vives controverses autour des affaires d’abus sexuels sur mineurs commis par des membres du clergé. Le pape, qui avait d’abord dénoncé des «calomnies» en prenant la défense d’un évêque accusé de négligences, avait ensuite demandé à Mgr Charles Scicluna, archevêque de Malte et spécialiste de la lutte contre les abus, de mener une enquête sur place.

Son rapport a révélé des dysfonctionnements nombreux, et le pape a finalement reconnu avoir commis de «graves erreurs d’appréciations et de perception» face à l’ampleur du phénomène. Les évêques chiliens, convoqués à Rome en mai 2018, ont alors présenté leur démission collective au pape, qui a ensuite procédé au cas par cas.

Quatre ans plus tard, malgré le renouvellement d’une partie de l’épiscopat, l’amertume demeure vive parmi les catholiques chiliens, épuisés par la multiplication des scandales. Récemment encore, un jeune évêque auxiliaire de Santiago du Chili, Mgr Cristián Roncagliolo, a été exfiltré vers l’Espagne après avoir été accusé de faits «à connotation sexuelle». Le Chili cristallise aujourd’hui de vives inquiétudes autour de l’avenir de l’Église en Amérique latine, où le catholicisme a vu son aura s’effondrer au fil des années, notamment parmi les couches les plus jeunes de la population, qui se tournent souvent vers des formes de spiritualité détachées de l’institution religieuse.

Alternance démocratique et nouvelle Constitution

Sur un plan politique, après une série de manifestations violentes fin 2019, le pays a vécu une alternance politique pacifique avec l’arrivée au pouvoir d’un président de gauche, Gabriel Boric, qui, tout en intégrant des ministres issus du monde syndical et des mouvements de contestation sociale, est parvenu à assurer la continuité de l’État.

La nouvelle ambassadrice près le Saint-Siège avait ainsi travaillé avec l’administration précédente, sous la présidence de Sebastian Piñera. L’ancien président de droite avait permis la convocation d’une assemblée constituante, élue en 2020. Les députés de l’assemblée constituante ont jusqu’au 5 juillet prochain pour présenter la nouvelle Loi fondamentale censée remplacer le texte de 1980, promulgué sous la dictature du général Pinochet. (cath.ch/imedia/cv/gr)

La cathédrale de Santiago au Chili. | © Caros Bryant/Flickr /CC BY-NC-ND 2.0
14 juin 2022 | 17:59
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 3  min.
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