Florence Mangin, ambassadrice de France, en 2011 | © Flickr - Dean Calma/IAEA - CC BY-SA 2.0
Vatican

La nouvelle ambassadrice de France reçue par le pape

La nouvelle ambassadrice de France près le Saint-Siège, Florence Mangin, a été reçue par le pape François le 4 juin 2022, a fait savoir le Bureau de presse du Saint-Siège. Elle lui a présenté ses lettres de créances dans le cadre d’un entretien individuel, conformément au protocole en vigueur pour les ambassadeurs résidents, alors les ambassadeurs non-résidents le font dans le cadre d’une audience groupée. 

Après le départ d’Élisabeth Beton-Delègue en décembre 2021 et l’intérim du chargé d’affaires Max-Olivier Gonnet, la nomination de la nouvelle ambassadrice avait été officialisée par un décret du président Emmanuel Macron, publié au Journal Officiel le 28 mars 2022. Arrivée à Rome depuis quelques jours, Florence Mangin avait pu assister le 15 mai à la messe de canonisation de trois Français, Charles de Foucauld, César de Bus et Marie Rivier. Cette célébration avait donné lieu à une visite du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

À 63 ans, la diplomate française connaît l’Italie puisqu’elle a été ministre conseillère à l’Ambassade de France à Rome de 2004 à 2008. Ambassadrice de France au Portugal de 2019 à 2022, elle a aussi été directrice pour l’Europe continentale au ministère des Affaires étrangères de 2015 à 2019.

Elle a en outre été en 2014 et 2015 coordinatrice pour la cybersécurité et les données publiques auprès du Secrétaire général du ministère des Affaires étrangères. De 2009 à 2012, elle fut ambassadrice auprès des Nations unies et des Organisations internationales à Vienne.

Florence Mangin a accordé son premier entretien en tant que représentante de la France au Vatican, à Cyprien Viet, de l’agence I.Media. Elle revient sur cette audience privée avec le pape François.

Quels ont été les thèmes abordés lors de votre échange avec le pape François?
Cela a été un échange très agréable, très simple, un tête-à-tête d’une vingtaine de minutes. Nous avons parlé de la qualité de la relation avec la France. Il a une considération positive de nos autorités, de la politique de la France pour trouver une solution dans les conflits, pour l’aide au développement, pour la transition climatique : il y a beaucoup de points communs entre la France et le Saint-Siège, et nous les avons abordés. 

Est-ce que votre parcours personnel de diplomate, notamment comme ambassadrice de France au Portugal, vous a donné l’occasion de travailler avec l’Église catholique et avec le Saint-Siège?
En tant qu’ambassadrice à Lisbonne, j’ai eu l’occasion de contribuer à la préparation des Journées mondiales de la jeunesse, qui auront lieu en 2023 et qui seront un moment très important pour le Portugal et pour le Vatican également, puisque ce seront les premières en Europe depuis Cracovie en 2016, et que la pandémie avait reporté ce grand rassemblement.

J’ai reçu à deux reprises une délégation de la Conférence des évêques de France pour commencer à préparer cette échéance importante. Un grand nombre de jeunes de notre pays sont attendus et ce sera un moment vraiment significatif.

Comment le Vatican est-il perçu par la diplomatie française, actuellement?
Je crois que nous sommes attentifs, en France, aux initiatives du Saint-Père, à ses propos, à ses décisions. Sur de nombreux sujets comme le changement climatique, la fraternité, nous avons des points communs. Nous avons suivi avec intérêt aussi ses positions sur l’Ukraine, qui ont évolué avec le temps. De même que le Saint-Siège suit avec attention ce qui se fait en France, nous faisons la même chose à l’égard du Saint-Siège. 

Le pape se rendra dans un mois en République démocratique du Congo, un très grand pays francophone. Ce déplacement est-il suivi avec une attention particulière par la diplomatie française?
Je n’ai pas eu l’occasion de parler directement avec lui de ses prochains voyages, mais il sont suivis attentivement en France, comme dans d’autres pays. Le fait qu’il aille à la fois en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud, cela sera regardé avec intérêt, d’autant plus que l’Afrique est une priorité pour nous comme pour le Saint-Siège. C’est un point de proximité et de convergence. Le Saint-Siège est très attentif à tout ce que nous faisons sur le plan de la sécurité, de l’éducation, et de la santé également, avec le partage du vaccin. 

Quelles seront vos priorités dans vos années de service comme ambassadrice de France?
Je m’inscrirai dans la continuité d’Élisabeth Beton-Delègue sur le thème de la promotion des femmes, car c’est une question qui intéresse le Saint-Siège et le pape lui-même. Il est attentif à ce que les femmes soient en position de leadership et de responsabilité. Je pense en effet qu’on est plus intelligent et plus efficace quand une assemblée est mixte ! Je l’ai constaté à Lisbonne et aussi à Paris, étant haute-fonctionnaire en charge de l’égalité au ministère des affaires étrangères.

J’ai donc bien l’intention de continuer ce travail mené par la précédente ambassadrice, notamment par la connaissance des congrégations féminines. C’est une très bonne manière d’apprendre beaucoup de choses, d’avoir des sons de cloche différents. Je vais aussi travailler sur les autres grandes thématiques communes à la France et au Saint-Siège, touchant à la fois à la diplomatie, aux questions de société et de développement humain. La matière est large et importante.

On constate depuis quelques  années un certain effacement de la langue française au Vatican. La défense de la francophonie sera-t-elle aussi un axe central dans votre service, éventuellement en lien avec les ambassadeurs des autres pays francophones?
C’est en effet un sujet essentiel, et qui n’est malheureusement pas spécifique au Saint-Siège. C’est un problème que l’on rencontre dans d’autres pays européens, comme je l’avais constaté au Portugal. Il faut prendre acte de ce déclin sans être naïf, mais cela mérite vraiment que l’on se mobilise, certainement avec les autres ambassadeurs francophones. 

Sur le plan culturel, nous avons des activités que je voudrais développer avec les autres ambassades à l’occasion du mois de la francophonie, qui se déroule au printemps. Et dans le débat d’idées, il est aussi très important de se mobiliser avec d’autres pays francophones, notamment avec des bourses d’études pour des jeunes en formation dans les universités pontificales, en théologie ou dans d’autres domaines. Nous avons des moyens relativement limités mais je veux m’investir sur ce sujet, car il y a des valeurs attachées à la francophonie. Ce n’est pas seulement une langue, mais c’est tout un état d’esprit, et cela vaut vraiment la peine d’y déployer de l’activité. (cath.ch/imedia/cv/gr)

Florence Mangin, ambassadrice de France, en 2011 | © Flickr – Dean Calma/IAEA – CC BY-SA 2.0
5 juin 2022 | 12:13
par I.MEDIA
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