Le Ranft pour tous avec la «Ranft-Mobil»
Jusqu’à 30% de déclivité. Le chemin du Ranft (OW), l’ermitage de saint Nicolas de Flüe, est difficile pour certaines personnes à mobilité réduite. L’association «Ranft-Mobil» les amène au lieu de pèlerinage grâce à une chaise roulante spécialement élaborée pour le trajet.
Eva Meienberg – kath.ch / Traduction et adaptation Bernard Hallet
«Le problème, c’est la pente, explique Erich von Rotz, membre de l’association ‘Ranft-Mobil’. Lors de la descente vers les chapelles, la déclivité atteint par endroits 33%. Un fauteuil roulant électrique n’y arrive pas, le moteur surchauffe». Il s’occupe de la technique du véhicule électrique qui conduit au sanctuaire les personnes trop fragiles pour descendre à Pied. La «Ranft-Mobil 3» a été bénie le 15 mai dernier par le cardinal Kurt Koch, à l’occasion de la messe festive organisée pour le 75e anniversaire de la canonisation de Nicolas de Flüe, à Sachseln (OW).
Un «lieu de force pour tous»
La première «Ranft-Mobil» a fait son voyage inaugural en 2017. Quelque douze membres de l’association du même nom accompagnent les visiteurs. Les douleurs aux genoux et les difficultés à marcher, mais aussi les maladies cardiaques ou pulmonaires, rendent cette descente abrupte impossible pour de nombreuses personnes, explique le président de l’association, Linus Meier (72 ans).
A l’occasion des festivités du 600e anniversaire de la naissance de Frère Nicolas, l’idée a germé parmi les anciens gardes suisses de permettre aux personnes à mobilité réduite de se rendre dans les lieux où saint Nicolas a passé la fin de sa vie. «Le Ranft doit être un lieu de ressourcement pour tous», déclare Erich von Rotz.
Il raconte l’histoire d’une famille qui se réunissait régulièrement avant Noël dans la chapelle de Frère Nicolas pour y chanter. La vieille mère n’aurait pas pu faire le trajet sans la Ranft-Mobil. Arrivée à la chapelle inférieure, la femme lui aurait chuchoté à l’oreille d’écrire pour elle dans le livre d’intercessions qu’elle souhaitait une belle mort. «Trois semaines plus tard, la femme est décédée», raconte Erich von Rotz. Linus Meier raconte qu’il a déjà vu plus d’une fois des personnes vouloir revenir au lieu de vie de Frère Nicolas avant de décéder peu après.
Il se souvient aussi avec émotion de l’excursion avec les bénédictines du couvent de Fahr (AG). Une moniale de 90 ans a pleuré sur la Ranft-Mobil. Elle était si heureuse d’avoir pu être du voyage.
300 trajets depuis 2017
Lors de la première année d’exploitation, 50 personnes ont réservé le fauteuil roulant. Depuis, environ 300 trajets accompagnés ont eu lieu. Rolf Müller, membre de l’association, a pris contact avec la Croix-Rouge suisse, par l’intermédiaire de laquelle il est possible de réserver un trajet vers l’ermitage. Dans le canton d’Obwald, les passagers sont même pris en charge à leur domicile.
En toute sécurité et en douceur jusqu’au Ranft
«Les chemins mouillés ou même verglacés rendent le trajet périlleux. Le véhicule reste donc au garage de la fin de l’automne au printemps», explique Rolf Müller. La Ranft-Mobil dispose également d’un mécanisme de sécurité: «Si l’accompagnateur lâche les poignées, la chaise s’arrête automatiquement».
Selon les panneaux indicateurs de la bourgade de Flüeli, la promenade jusqu’au Ranft dure 15 minutes. Avec la Ranft-Mobil, le trajet est de 40 minutes. Cela donne le temps de discuter tranquillement, dit Rolf Müller. Il apprécie ainsi ces moments passés avec les pèlerins et se réjouit de pouvoir leur apporter son aide. (kath.ch/cath.ch/ev/bh)