La guerre au Yémen a déjà causé des milliers de morts | © Felton Davis/Flickr/CC BY 2.0
International

Yémen: les chrétiens sont toujours marginalisés

Depuis avril 2022, le Yémen reprend son souffle. La trêve instaurée par l’ONU est venue rompre le chaos de 8 ans de guerre civile. Mais les chrétiens n’en bénéficient pas et continuent à être marginalisés, observe Henriette Kats, experte du Moyen-Orient pour l’ONG Portes Ouvertes.

La guerre civile yéménite a commencé en 2014 lorsque les Houthis, une minorité musulmane chiite frustrée par la politique du régime du président Abdrabbuh Hadi, se sont alliés à l’armée et ont pris le contrôle de Sanaa, la capitale du pays.

Cette situation a engendré jusqu’à présent près de 100’000 morts et 250’000 déplacés. Près de 80% de la population dépend de l’aide d’urgence humanitaire. Le mois dernier, un cessez-le-feu est entré en vigueur entre les rebelles houthis, alliés de l’Iran, et le gouvernement yéménite, ce qui a permis aux organisations humanitaires d’acheminer de l’aide dans la région.

Les chrétiens exclus de l’aide d’urgence 

Les chrétiens yéménites, qui sont pour la plupart d’origine musulmane, ne peuvent toutefois pas en bénéficier. «Les chrétiens d’origine musulmane qui demandent une aide d’urgence sont sujets à la discrimination et aux mauvais traitements si leur foi est découverte», explique Henriette Katz. «Leurs noms peuvent être rayés des listes de distributions, surtout si l’aide est distribuée par le biais des mosquées locales, où la fréquentation de la mosquée permet de vérifier si une personne est un bon musulman ou non».

Souvent, la distribution est effectuée par des chefs de tribu, précise l’experte du Moyen-Orient. La manière dont l’aide d’urgence est distribuée défie à plusieurs niveaux les chrétiens yéménites. La distribution de l’aide humanitaire est souvent limitée aux grandes villes, ce qui a eu pour conséquence un exil massif des populations rurales, qui survivent désormais dans la rue. Ceux qui restent dans les petites villes et les villages sont particulièrement menacés par la crise humanitaire. 

Une situation encore très incertaine

«De nombreux Yéménites ont réagi avec prudence au cessez-le-feu», explique David Landrum, directeur du plaidoyer de l’ONG Portes Ouvertes pour la Grande-Bretagne et l’Irlande. «La situation est encore très incertaine et les gens espèrent que le cessez-le-feu durera suffisamment longtemps pour que l’aide dont ils ont tant besoin puisse parvenir en quantité suffisante à la population yéménite».

Le cessez-le-feu a permis à Abdrabbuh Mansour Hadi, président depuis 2012, de passer officiellement le relais à un conseil présidentiel composé de huit membres. Rashad al-Alimi, auparavant vice-premier ministre et actuel présidant du nouveau conseil, a promis d’œuvrer pour mettre fin à la guerre, de veiller à la stabilité économique et à l’atténuation de la crise humanitaire. 

La peine de mort pour avoir changé de religion

Le Yémen occupe le 5e rang de l’Index mondial de persécution de Portes Ouvertes, un classement des 50 pays où les chrétiens sont le plus persécutés.

Au moins 95% des chrétiens yéménites sont des convertis de l’islam. La Constitution déclare que l’islam est la religion d’État et que la charia est la source de toutes les lois. Il est interdit de professer d’autres religions que l’islam et il est interdit aux musulmans de se convertir à une autre religion. Les Yéménites qui quittent l’islam peuvent être condamnés à la peine de mort. (cath.ch/portesouvertes/gr)

La guerre au Yémen a déjà causé des milliers de morts | © Felton Davis/Flickr/CC BY 2.0
31 mai 2022 | 15:57
par Grégory Roth
Temps de lecture : env. 2  min.
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