Trois nouveaux cardinaux, entre continuité et internationalisation
Trois responsables de la Curie, de nationalités britannique, sud-coréenne et espagnole, figurent parmi les 16 nouveaux cardinaux électeurs qui seront créés par le pape François lors du Consistoire du 27 août 2022. L’élévation à la pourpre de ces trois prélats septuagénaires ne constitue pas une surprise compte tenu de leurs positions dans la hiérarchie du Vatican, mais elle apporte un rééquilibrage par rapport à la surreprésentation italienne au sein du gouvernement de l’Église.
Mgr Arthur Roche, adjoint puis successeur du cardinal Sarah
Mgr Arthur Roche, préfet du Dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements, est un archevêque britannique de 72 ans. Ordonné en 1975 pour le diocèse de Leeds, au nord de l’Angleterre, il devient à partir de 1994 le secrétaire général de la Conférence des évêques catholiques d’Angleterre et du Pays de Galles. En 2001, Jean Paul II le nomme évêque auxiliaire de Westminster, puis en 2002 évêque coadjuteur de Leeds. La même année, il devient président de la Commission internationale pour l’anglais dans la liturgie. À ce poste, il supervise la nouvelle traduction du Missel romain en anglais.
En 2012, Benoît XVI l’appelle à Rome et le nomme secrétaire de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements. Il devient alors le numéro 2 du dicastère auprès du cardinal Antonio Cañizares Llovera jusqu’en 2014 et le remplacement de ce dernier par le cardinal Sarah, nommé par le pape François. Après qu’il ait succédé au cardinal guinéen en mai 2021, les premiers mois de Mgr Roche à la tête du dicastère pour la liturgie ont notamment été marqués par la publication du motu proprio Traditionis custodes, restreignant les conditions de célébration de la messe tridentine.
Mgr Lazare You, premier sud-coréen à la tête d’un dicastère
L’archevêque sud-coréen Lazare You Heung-Sik, 70 ans, préfet du Dicastère pour le clergé, est l’un des deux grands visages asiatiques de la Curie, avec le cardinal Tagle. Cet archevêque souriant et chaleureux est notamment connu pour son action en faveur d’un rapprochement avec la Corée du Nord, pays qu’il a visité quatre fois en tant que président de la Caritas de Corée.
Évêque de Daejeon de 2005 à 2021, il avait reçu le pape François en visite dans son pays en 2014 et avait participé au Synode des Jeunes en 2018, évoquant lors d’une conférence de presse son rêve de voir le pape visiter les deux Corée en signe de réconciliation.
En 2021, lors de son appel à la tête de la Congrégation pour le Clergé, le président sud-coréen de l’époque, Moon Jae-in, fervent catholique, avait salué ses «efforts extraordinaires pour la paix dans la péninsule coréenne». Il avait présenté cette première nomination d’un Sud-coréen au Vatican comme un honneur «pour la nation tout entière, car elle élève le statut national». Le catholicisme a connu un fort développement en Corée du Sud, notamment grâce à son rôle central dans la démocratisation du pays, à la fin des années 1980.
Mgr Fernando Vérgez Alzaga, une expérience de 50 ans au sein de la Curie
Mgr Fernando Vérgez Alzaga, 77 ans, est un évêque peu médiatique mais reconnu pour son expérience, sa loyauté et son incorruptibilité. Il a été nommé le 1er octobre 2021 président de la Commission pontificale pour l’État de la Cité du Vatican et président du gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican alors qu’il avait déjà dépassé la limite d’âge théorique des 75 ans. Cet Espagnol, membre des Légionnaires du Christ, travaille à la Curie romaine depuis 50 ans: il est en effet entré sous Paul VI, en 1972, comme assistant à la Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les sociétés de vie apostolique.
Il a ensuite exercé d’autres missions, notamment au Conseil pontifical pour les laïcs, à l’Administration du patrimoine du Siège apostolique, comme chef du Bureau internet du Saint-Siège et enfin comme directeur des télécommunications. En 2013, le pape François l’a nommé secrétaire général du Gouvernorat, l’ordonnant évêque, alors que cette charge essentiellement administrative n’est pas forcément épiscopale: sa succession à ce poste est actuellement assurée par une religieuse italienne, sœur Raffaella Petrini. Devenu président du gouvernorat à la suite du cardinal Bertello, il assure une continuité au sein de cette structure chargée d’administrer le territoire physique de la Cité du Vatican. (cath.ch/imedia/cv/rz)