RDC: le regard des Pères blancs sur le pays avant la venue du pape
Alors que le pape François s’apprête à partir en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud (2-7 juillet 2022), le Père Stanley Lubungo, supérieur général des Missionnaires d’Afrique – communément appelés Pères blancs –, présents dans ces deux pays. Fin connaisseur de la RDC où il a été en mission, le Père Lubungo dresse le tableau de l’Église sur place.
À Rome, certains émettent des doutes sur la faisabilité de ce long voyage pour le pape de 85 ans qui souffre du genou. Mais selon le supérieur général, les peuples des deux pays attendent cette visite «avec grand enthousiasme» et les préparatifs vont bon train.
En RDC, explique-t-il, les Pères blancs sont plus d’une centaine, de diverses nationalités. La congrégation a en effet participé aux débuts de l’évangélisation de ce pays francophone d’Afrique centrale, à la fin du XIXe siècle. «L’Église congolaise est l’une des plus vibrantes sur le continent», assure le missionnaire originaire de Zambie.
L’Église est notamment «très présente sur le plan social, et sur l’éducation au droit civil», poursuit-il. Elle fait un travail de sensibilisation en ce domaine: «Grâce à elle, les citoyens s’intéressent beaucoup à ce que la politique peut apporter dans leur pays. Pendant les campagnes politiques, il y a beaucoup de chrétiens qui s’engagent au nom de leur foi pour chercher la paix dans une nation qui est très riche, mais où la pauvreté est très répandue».
Un message de paix
Sur cette terre, théâtre de violences ethniques depuis des années, souligne le Père Lubungo, l’homme en blanc viendra avec son message de paix. Il se dit certain que cet événement «va galvaniser les populations et les encourager dans leur engagement pour la réconciliation». À Goma notamment, le chef de l’Église catholique ira à la rencontre des victimes du terrorisme, répandu dans cette province du Nord-Kivu à l’Est de la RDC.
Autre thème qui sera certainement souligné durant ce voyage, selon le supérieur général : la mise en valeur des traditions locales dans la pratique de la foi. De ses années au Congo, le Père Lubungo garde le souvenir d’une Église «vibrante, très joyeuse, vivante, et très créative, qui a vraiment travaillé la question de l’inculturation en Afrique». Fait rare, il existe même une adaptation du rite romain pour les diocèses congolais, approuvée en 1988. «Le pape François a eu l’occasion de célébrer une messe en rite congolais [en 2019, ndlr]. Il va pouvoir le vivre sur la terre congolaise, ce sera la fête!» se réjouit le Père Lubungo.
Au Soudan du Sud, encourager les institutions publiques
Pour ce qui est du Soudan du Sud, les Pères blancs s’y sont implantés très récemment, en 2021. Une première communauté de trois jeunes s’est installée dans le diocèse de Malakal, qui compte 20% de catholiques dans le nord-ouest du pays. «La région a beaucoup souffert de la guerre civile. Sans exagérer, tout est en ruines et à reconstruire», déplore le Père Lubungo qui a visité le pays, constatant les ravages de la guerre.
Dans ce contexte, la congrégation participe à des programmes pour faciliter le retour des populations réfugiées dans des camps tenus par les Nations unies. Il est fort probable que le pape, qui se rendra à Djouba, visitera le grand camp de réfugiés de cette ville. «Je ne connais pas le programme, explique le religieux, mais connaissant sa préoccupation pour cette réalité, je ne serais pas étonné qu’il veuille s’y rendre.»
Pour le Père Lubunga, cette visite en Afrique de l’Est est attendue surtout sur le plan des institutions politiques. Plus de trois ans après s’être mis à genoux au Vatican devant les leaders sud-soudanais, dont il a embrassé les pieds dans un geste qui a marqué les esprits (avril 2019), «le pape François y va pour donner une suite à cela, pour voir où l’on en est dans les accords de paix, pour que s’installe une paix durable dans un pays qui souffre depuis une quinzaine d’années».
Les Pères blancs sont actuellement 1’115 de 35 nationalités dans le monde, dont près de 600 en Afrique. Leurs maisons de formation, qui étaient auparavant à Toulouse et à Londres, ont été transférées sur ce continent. Le chapitre général de la congrégation, qui a débuté à Rome le 16 mai pour cinq semaines, élira un nouveau Conseil général. Ses membres seront reçus en audience par le pontife. (cath.ch/imedia/ak/bh)