Nigeria : La cathédrale et une église attaquées par des manifestants
La cathédrale sainte-Famille de Sokoto, grande ville de six cent mille habitants, au nord-ouest du Nigeria, et l’église saint-Kevin’s Gidan Dere, à Eastern By-pass, du même diocèse ont été attaqués et incendiées par des manifestants musulmans, le 14 mai 2022.
Les manifestants réclamaient la libération de deux suspects, interpellés après le lynchage le 13 mai, d’une étudiante chrétienne accusée de blasphème. La police qui s’est rendue sur les lieux, a fermé l’établissement et interpellé deux suspects du crime, alors qu’un troisième, considéré comme l’instigateur, est en fuite.
Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, le diocèse de Sokoto, rapporte que durant la journée du samedi, des groupes de jeunes, ont attaqué la cathédrale, détruisant ses vitraux, le secrétariat, et vandalisant un bus communautaire, stationné dans les locaux. Ils se sont également attaqués et mis le feu à une partie de l’église saint- Kevin. Les vitres du nouveau complexe hospitalier en construction, dans les mêmes locaux, ont volé en éclats.
Face à ces destructions et par mesure de précaution, l’évêque du diocèse, Mgr Matthew Hassan Kukah, a suspendu les messes, tout en saluant les dispositions sécuritaires prises par le gouverneur de l’Etat, Aminu Tambuwal, qui ont permis d’éviter de nouvelles attaques des installations diocésaines. Il a cependant démenti des informations selon lesquelles, sa résidence aurait été attaquée. « L’évêque appelle les chrétiens à rester respectueux des lois et à prier pour le retour à la normalité (…) » a souligné le communiqué.
Le lynchage à mort de Deborah Yakubu suscite de vives réactions au Nigeria et dans le monde. Il a créé aussi un malaise chez les chrétiens nigerians. Dans une vidéo postée hier lundi 16 mai sur sa page Facebook, le journal, « Eagles Reporters », a indiqué que « les sudistes et chrétiens vivant à Sokoto sont obligés de monter sur les toits pour éviter d’être lynchés. Ils vivent maintenant dans la peur perpétuelle ».
Réagissant au meurtre de l’étudiante, l’influent cheikh Ahmad Gumi, très respecté au Nigeria, a rappelé à ses compatriotes, que de, son vivant, «le prophète Mohamet a été à plusieurs injurié par des non-musulmans, mais n’a tué personne pour cela».
De leurs côtés, les autorités de l’Etat voisin de Kaduna ont pris des mesures préventives pour parer à toute éventualité. Le Commissaire d’Etat à la sécurité intérieure et aux affaires intérieures, Samuel Aruwan, annoncé « l’interdiction de toute manifestation à caractère religieux dans l’Etat, afin d’assurer la sécurité des vies et des biens. Il a précisé que cette décision vise à barrer la route à « certains éléments antipatriotiques qui veulent organiser une série de manifestations liées à la sécurité dans l’Etat de Sokoto, sur l’affaire Derborah Yakubu. « Le gouverneur Nasir Ahmad El-Rufai, est informé de l’évolution de la situation, et il a chargé les agences de sécurité d’assurer l’application stricte de cette interdiction contre toute forme de protestation religieuse dans l’Etat », a-t-il fait remarquer.
L’Etat de Kaduna qui a introduit la charia (loi islamique) a été souvent secouée par des crises religieuses ou ethniques dans le passé. (cath.ch/ibc)