La ministre britannique de l'Intérieur, Priti Patel, et le ministre rwandais des Affaires étrangères, Vincent Biruta, à Kigali, jeudi 14 avril 2022 | © AFPTV
International

Londres et Kigali réaffirment un accord controversé sur les migrants

Dans une tribune commune signée le mardi 19 avril 2022,  le Royaume-Uni et le Rwanda ont réaffirmé leur volonté de maintenir leur accord récent pour lutter contre l’immigration illégale. Celui-ci avait été vivement critiqué par plusieurs ONG, l’ONU et l’Eglise anglicane.

Jeudi 14 avril 2022, la ministre de l’Intérieur britannique Priti Patel et le ministre rwandais des Affaires Étrangères, Vincent Biruta avaient signé un accord pour le renvoi des immigrés illégaux de diverses nationalités vers le Rwanda, contre un forfait annuel conséquent. Signé à Kigali, au Rwanda, le dit «partenariat de développement économique» prévoit la relocalisation systématique des migrants arrivés illégalement sur le sol britannique. En échange, celui-ci s’engage à verser au Rwanda un forfait de 120 millions de livres (près de 144 millions d’euros) par an. Une politique qui se résume en un «aller simple pour le Rwanda», d’après le quotidien français Libération.

Opposition de l’Eglise anglicane

A l’occasion du sermon de Pâques, l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, aurait souligné la dangerosité des retombées de cette mesure, qui poserait de «graves questions éthiques». Du côté de York, l’archevêque Stephen Cottrell a qualifié cet accord de «déprimant et désolant»; les migrants étant privés de «la dignité et la compassion qui sont le droit de chaque être humain». Avant la signature de cet accord, le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) avait déjà alerté sur une «violation des obligations internationales du Royaume-Uni». 

Une carte à jouer électorale

Après le Brexit, et suivant ses promesses électorales, Boris Johnson a entamé une lutte radicale contre l’immigration illégale. Aujourd’hui, le Premier ministre britannique a vu sa popularité décroître suite au scandale dit du «partygate» durant le confinement. Dans une interview à France 24, François Gemenne, chercheur spécialiste des flux migratoires à Sciences Po, soutient que cette radicalité «lui permet de montrer aux électeurs que le gouvernement ne recule devant rien pour protéger les frontières britanniques». Et de rajouter qu’en décidant «de ne plus accorder l’asile puisque seules les personnes entrées légalement dans le pays, une infime minorité, pourront le demander et y vivre comme réfugiés», cela reviendrait pour le Royaume-Uni «à sortir de facto de la Convention de Genève». Le ministère de l’Intérieur, quant à lui, met en avant l’argument d’une réduction de l’immigration clandestine et du commerce des passeurs. (cath.ch/jds)

La ministre britannique de l'Intérieur, Priti Patel, et le ministre rwandais des Affaires étrangères, Vincent Biruta, à Kigali, jeudi 14 avril 2022 | © AFPTV
19 avril 2022 | 16:19
par Jessica Da Silva
Temps de lecture : env. 2  min.
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