Mgr Albert Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo au Sri-Lanka. (Capture d'écran: Youtube.com)
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Sri Lanka: l’Église participe aux protestations contre le gouvernement

Face à la grave crise économique et politique qui frappe de plein fouet le Sri Lanka, le mouvement de protestation de la population s’intensifie.Dans les rangs des manifestants se distinguent notamment des religieux, des représentants et des membres de la minorité chrétienne.

Les manifestations de solidarité envers une population très affectée par la pénurie des denrées essentielles se succèdent. Munis de bannières et scandant des slogans, prêtres et religieuses ont rejoint les grandes manifestations qui se sont intensifiéesau Sri Lanka, en particulier dans la capitale, Colombo, rapporte Eglises d’Asie.

Le cardinal Ranjith dénonce la corruption

Les prises de parole des représentants de l’Église se sont multipliées, exigeant la démission du président Gotabaya Rajapaksa. Le gouvernement est accusé d’avoir géré de manière désastreuse les finances de l’île et d’avoir précipité la crise économique qui paralyse la vie quotidienne des citoyens. «L’Église est aux côtés de ceux qui souffrent», a expliqué le cardinal Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo. L’Église, qui compte des fidèles à la fois au sein de la majorité cinghalaise et de la minorité tamoule, participe aux débats liés aux enjeux sociaux du pays.

Appel à entendre les pleurs de la population

Pour exprimer ce désaccord, des milliers de chrétiens ont rejoint le 10 avril 2022 une manifestation particulièrement importante à Colombo. Depuis leurs paroisses et à l’initiative des prêtres, les fidèles ont convergé vers les points de rassemblement. Le cardinal Ranjith a lui-même dirigé l’une des processions.

Le slogan « Gota, rentre chez toi ! » était inscrit sur de nombreuses pancartes des manifestants réclamant la démission du président Gotabaya Rajapaksa. «Nous demandons à chaque citoyen de ce pays de se rassembler et de changer ce système », a lancé le cardinal. «Mettez ce pays entre les mains de quelqu’un qui peut le gouverner, et les gens doivent avoir le courage d’agir pour éradiquer un système corrompu», a-t-il déclaré.

Les représentants de l’Église anglicane ont demandé au gouvernement d’entendre les pleurs de la population.

Une situation qui se détériore

Depuis plusieurs mois, la situation économique et financière de l’île ne cesse de se détériorer. Elle est liée à la pandémie de Covid-19 qui a fauché un tourisme vital pour le pays, et à des erreurs du gouvernement. Aujourd’hui, le Sri Lanka manque de produits alimentaires, de carburants, de médicaments et d’électricité. L’inflation est galopante, les prix explosent et les pauvres sont les plus touchés.

La crise a déclenché un mouvement de protestation qui cible le président Gotabaya Rajapaksa et son clan familial. La communauté chrétienne a toujours été très réticente face au pouvoir des deux frères Rajapaksa qui, en 2009, ont écrasé la rébellion des Tigres tamouls dans un bain de sang.

Les chrétiens n’ont pas oublié non plus les attentats perpétrés contre des églises et des hôtels, le dimanche de Pâques 2019 et attribués au groupe terroriste État islamique. Plus de 250 personnes avaient été tuées dans ces attaques coordonnées. Depuis, l’Église ne cache pas son mécontentement face à l’enquête qui n’a toujours pas fait la lumière sur les responsabilités liées à ces attentats. (cath.ch/eda/mp)

Mgr Albert Malcolm Ranjith, archevêque de Colombo au Sri-Lanka. (Capture d'écran: Youtube.com)
15 avril 2022 | 11:12
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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