Bernard Litzler

Recherche «M. Sauvé» suisse

La Suisse n’est pas la France, nous le savons. La présentation, le 4 avril à Lausanne, du projet pilote chargée de faire la lumière sur les abus sexuels dans l’Eglise catholique, a mis en lumière plusieurs constats.

D’abord une différence : les évêques français, pressés par les associations de victimes, avaient rendu à l’automne 2021, un retentissant rapport, présidé par l’ancien haut fonctionnaire Jean-Marc Sauvé, après deux ans de travail. De leur côté, les évêques suisses ont annoncé lancer un projet dit pilote, confié à la Société suisse d’histoire (SSH). La Suisse n’est pas la France.

Ce projet helvétique est le début d’un processus que les associations de victimes (Groupe SAPEC et MikU) incitent à parachever. Une année de recherches, notamment dans les archives des diocèses, cela passera rapidement. Et ensuite?: il est espéré – et même demandé par ceux qui ont souffert des abus – un rapport complet, tel celui de la CIASE en France.

«Mais à l’automne 2023, une suite sera-t-elle donnée au projet pilote?»

C’est heureux, les évêques sont prêts à assumer leurs responsabilités envers les victimes. Car l’actuelle génération de prélats, ainsi que les responsables des communautés religieuses, suivent avec détermination un processus fondé sur la justice et sur l’humilité. «L’Eglise doit évoluer vers une attitude apprenante», a indiqué le Père-Abbé de Mariastein, Peter von Sury.

Le projet pilote devrait servir de rampe de lancement pour un travail plus exhaustif. Car l’Eglise catholique est attendue. Mais à l’automne 2023, une suite sera-t-elle donnée au projet pilote? A la conférence de presse du 4 avril, elle a été évoquée. Avec une idée complémentaire: qui pourrait endosser en Suisse un costume comparable à celui de Jean-Marc Sauvé en France? De fait, on recherche un leader charismatique et reconnu, adoubé par les associations de victimes comme par les évêques, capable de mener un vrai travail d’investigation. Un politicien? Une sommité académique? Un médecin?

Espérons qu’une «perle rare» soit trouvée pour que le travail sur les méfaits et les souffrances subies aille jusqu’au bout. La Suisse n’est pas la France, mais un «M. Sauvé helvétique» serait bienvenu.

Bernard Litzler

4 avril 2022

Peter Von Sury, président du KOVOS, a insisté, lors de la conférence de presse du 4 avril à Lausanne, sur la nécessité pour l'Eglise d'apprendre de ses erreurs | © Bernard Hallet
4 avril 2022 | 16:53
par Bernard Litzler
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