Le pape visite des enfants ukrainiens à l’hôpital du Bambino Gesù
Dans l’après-midi du 19 mars 2022, le pape François s’est rendu dans le célèbre hôpital pédiatrique romain du Bambino Gesù, propriété du Saint-Siège. Il a rendu visite à des enfants ukrainiens qui ont été admis ces derniers jours, a annoncé le Bureau de presse du Saint-Siège le même jour.
Le pontife s’est arrêté dans les chambres et a salué les enfants présents. «Merci pour votre service, votre charité, votre amour pour les enfants ukrainiens blessés. Je suis proche de vous», avait-il déclaré le 18 mars dans un message adressé à l’hôpital et diffusé sur Twitter. L’ambassadeur d’Ukraine près le Saint-Siège, Andrii Yurash, a également remercié l’hôpital pour son travail après avoir rencontré la présidente de l’établissement, Mariella Enoc.
Lidia et Kateryna, rescapées de la guerre
Pour l’heure, l’hôpital accueille 50 patients ukrainiens. La plupart d’entre eux sont des enfants malades, de 1 mois à 15 ans, qui ne pouvaient plus suivre leur traitement dans leur pays. «Les pathologies sont très diverses – oncologie, maladies neurologiques, rénales, etc. Il y a également eu deux enfants touchés par le Covid-19, mais sans gravité», confie à I.MEDIA la docteure Lucia Celesti, responsable du service d’accueil du Bambino Gesù.
Au moins quatre enfants ukrainiens ont par ailleurs été admis pour des raisons directement liées au conflit en cours. Il s’agit notamment de Lidia, 11 ans, qui fuyait avec sa famille les bombes à la périphérie de Kiev et qui a été touchée à la tête par une balle. L’hôpital accueille également Kateryna, 7 ans, dont le corps a été rempli d’éclats de métal lorsqu’une bombe est tombée sur sa maison, tuant sa mère et son frère.
«Nous n’avions pas de mot en écoutant les pères de ces deux filles raconter leurs histoires avec des yeux emplis de douleurs. Nous avons simplement dit que nous étions là pour eux et que s’ils avaient besoin de quoi que ce soit, il suffisait de le demander», confie la docteure Sarah Scaglia, coordinatrice du service de chirurgie plastique et maxillo-faciale, où se trouvent les deux fillettes.
Assistées d’un médiateur culturel qui traduit les échanges, Sarah Scaglia et les autres infirmières du service s’occupent des deux enfants depuis le soir du 14 mars, date à laquelle elles sont arrivées à l’hôpital accompagnées de leurs pères.
Se remettre du traumatisme
Kateryna et Lidia sont arrivées à Rome par l’intermédiaire de l’association «Amici per la Pelle Onlus». La docteure Celesti explique que plusieurs organisations caritatives s’organisent pour faire venir des enfants malades afin qu’ils soient soignés dans de bonnes conditions. Beaucoup arrivent aussi par leurs propres moyens, accompagnés de parents ou de connaissances vivant déjà en Italie. D’autres ont atteint Rome via l’hôpital qui, en collaboration avec le département italien de la protection civile, a envoyé une équipe de trois professionnels de santé pour aider à l’évacuation médicale de certains enfants malades.
Aujourd’hui, Kateryna et Lidia doivent doucement se remettre du stress qu’elles ont vécu, explique Sarah Scaglia, qui précise que le rôle actuel du personnel médical est de les soutenir, en respectant leur rythme.
Elle ne sait pas encore combien de temps ces enfants resteront au Bambino Gesù, car les deux jeunes patients devront sans doute subir une intervention chirurgicale. En attendant, entre leurs nombreux examens médicaux, elles se reposent. La ludothèque de l’hôpital leur apporte également des jeux et leur propose des activités. Si, le premier jour, elles étaient renfermées, le médecin souligne que, progressivement, leur envie de jouer revient. Il y a aussi un musicothérapeute qui leur rend visite et joue de la guitare avec elles. La musique est un langage universel, il n’y a pas la barrière de la langue, glisse la docteure Scaglia.
Un hôpital habitué à ce genre de scénarios
La docteure Lucia Celesti souligne que, «malheureusement», l’hôpital du Saint-Siège est presque habitué aux situations de guerre. Il a en effet accueilli de nombreux enfants blessés par des conflits dans le passé, comme en Afghanistan, en Syrie ou lors des guerres de Yougoslavie dans les années 1990.
«Nous espérions ne plus jamais revoir ces choses-là, et malheureusement nous avons le cœur brisé», se lamente la docteure. «Entendre les histoires, en particulier celles de ces familles qui n’avaient pas de problèmes de santé mais dont la vie a été bouleversée du jour au lendemain par le conflit, de manière aussi absurde, est une chose terrible», conclut-elle. (cath.ch/imedia/ic/be)