Lviv: le supérieur des jésuites d’Ukraine espère un miracle
«Un miracle est toujours possible», affirme le Père Oleksii Bredeliev, supérieur des jésuites d’Ukraine, alors que des bombardements se rapprochent de Lviv où se trouve leur centre pour réfugiés, à quelque 70 kilomètres de la frontière polonaise.
Le religieux décrit l’accueil que la communauté – dont tous les membres sont restés sur place – offre aux Ukrainiens qui fuient les combats.
Où sont les jésuites d’Ukraine aujourd’hui?
Père Oleksii Bredeliev – Nous sommes tous restés dans nos trois communautés, à Lviv où je me trouve, ainsi que dans le centre et le sud du pays. Nous sommes une douzaine de jésuites au total, pour une bonne partie Ukrainiens. C’est une évidence pour nous de demeurer ici. La pensée de partir ne nous a même pas effleuré l’esprit. Il est normal d’avoir peur mais nous ne devons pas être guidés par la peur. Nous avons laissé la possibilité aux autres membres – des Polonais et un Slovaque – de partir mais ils ont tous préféré rester pour assister les personnes que nous accueillons dans nos centres.
«Il est normal d’avoir peur mais nous ne devons pas être guidés par la peur.»
Comment vous organisez-vous pour l’accueil des réfugiés qui fuient les bombardements?
Notre foyer est ouvert depuis 2008. Nous avons accueilli des réfugiés venus d’Afghanistan, d’Iran, de pays africains. Depuis 2014, nous avons accepté aussi de nombreux Ukrainiens de l’Est du pays. Nous donnons la priorité aux personnes les plus vulnérables, aux familles en difficulté, aux mères seules avec leurs enfants, qui vivent chez nous plusieurs mois, certains plusieurs années.
Mais avec la guerre notre travail a beaucoup changé: de nombreuses personnes arrivent, restent seulement quelques jours et partent vers la Pologne. Nous leur offrons un toit, des repas, un soutien psychologique, et nous les aidons à rejoindre la frontière.
Nous faisons aussi un travail pastoral, car ces personnes ont vraiment besoin de réconfort, d’être écoutées, d’être guidées psychologiquement et spirituellement.
Avez-vous rencontré les envoyés du pape François, les cardinaux Michael Czerny et Konrad Krajewski?
Le cardinal Krajewski est venu visiter notre centre avec l’archevêque majeur de l’Église gréco-catholique ukrainienne. Nous accueillons beaucoup de personnes d’origine orthodoxe, qui ne connaissent pas la hiérarchie catholique, mais les Ukrainiens ne sont pas indifférents au fait que quelqu’un vienne pour répondre à leurs besoins. La situation est si difficile, spécialement à Marioupol. Certains sont arrivés de ces zones en fuyant les bombardements sans rien, avec seulement un petit sac à dos. Nous avons dû chercher des vêtements pour eux.
«Peut-être y aura-t-il un miracle de Dieu. C’est toujours possible, si l’on a la foi.»
Que peut-on attendre des prochains jours et prochaines semaines?
Je n’ai pas de pronostic, mais j’espère que ce sera bref et qu’il se passera quelque chose. J’ai l’espoir que l’ennemi soit arrêté. Avec l’effort des armées ukrainiennes et l’aide occidentale, il peut être repoussé. Si nous ne les arrêtons pas, tout sera détruit cité après cité.
Il y a tant de facteurs que nous ignorons. Peut-être la Russie a-t-elle des faiblesses économiques ou politiques qui vont mettre en échec l’avancée de l’armée, ou peut-être y aura-t-il un miracle de Dieu. C’est toujours possible, si l’on a la foi. Peut-être les combats perdureront-ils et dans ce cas j’espère que notre peuple aura assez de patience et de courage pour résister sur le long terme. (cath.ch/imedia/ak/bh)