Nicaragua: le Saint-Siège proteste contre l'expulsion du nonce
Le Saint-Siège exprime, le 12 mars 2022, sa «surprise» et son incompréhension après l’expulsion du nonce apostolique au Nicaragua, Mgr Waldemar Stanislaw Sommertag. Des prises de position du diplomate en défaveur du gouvernement seraient la cause de la mesure.
Pour le Vatican, la décision du gouvernement nicaraguayen de retirer au représentant diplomatique son agrément est «incompréhensible». Le nonce apostolique, qui était à Managua depuis 2018, s’est vu prier de quitter le territoire sans délai.
Le Saint-Siège exprime sa conviction que «cette mesure unilatérale, grave et injustifiée, ne reflète pas les sentiments du peuple du Nicaragua, profondément chrétien». Il renouvelle en outre sa «pleine confiance» à son diplomate polonais.
Motifs politiques
Au cours de sa mission, peut-on lire dans le communiqué, «Mgr Sommertag a travaillé avec un profond dévouement pour le bien de l’Église et du peuple nicaraguayen, spécialement des personnes les plus vulnérables». Le Saint-Siège rappelle en particulier que son représentant a cherché à promouvoir de bonnes relations entre le Siège apostolique et les autorités du pays. L’archevêque a aussi participé à la «Table de dialogue national» entre le gouvernement et l’opposition politique.
Cette expulsion intervient quelques mois après que le président Daniel Ortega a retiré au nonce apostolique son rôle de doyen du corps diplomatique dans le pays, en novembre 2021.
Mgr Sommertag a appelé à plusieurs reprises à la libération des prisonniers politiques, comme le pape François l’avait fait en 2019. Plus de 1’600 personnes ont été détenues arbitrairement ces dernières années dans les prisons du pays, selon un rapport publié en décembre 2020 par la Commission interaméricaine des droits humains (CIDH). Le procès de certains pour trahison à la patrie a débuté en février 2022. (cath.ch/imedia/ak/rz)
Tensions Eglise-gouvernement
Depuis 2018, le Nicaragua traverse une crise politique sans précédent, marquée par une forte opposition au gouvernement, qui a conduit des centaines de personnes à la mort et contraint des milliers de Nicaraguayens à l’exil. Des personnalités de l’Eglise catholique ont pris position contre le pouvoir, ce qui leur a valu des menaces et des violences.
Les intimidations ont culminé en juillet 2020 avec une attaque à l’arme incendiaire contre la cathédrale de Managua. En juin 2019, plusieurs fidèles avaient été blessés en sortant de la cathédrale de Léon, victimes de jets de pierres. Ils venaient d’assister à la messe célébrée à l’occasion du premier anniversaire de la mort d’un enfant de chœur. En novembre 2018, un prêtre et une religieuse avaient été agressés dans la cathédrale alors qu’elle abritait des militants de l’opposition.Dans cette crise, le Saint-Siège a tenté d’articuler les négociations entre le pouvoir en place et les opposants. AK/BE/RZ