Le cardinal Tagle plaide pour retrouver la joie de la mission
Le cardinal philippin Luis Antonio Tagle, préfet de la Congrégation pour l’Evangélisation des peuples, en clôturant le symposium sur le sacerdoce organisé au Vatican du 17 au 19 février 2022, a souligné que sans engagement missionnaire, la vie des prêtres, des laïcs et des religieux serait privée de joie.
Face aux quelque 400 participants de ce colloque international de théologie présents dans la salle Paul VI du Vatican, le préfet de 64 ans s’est interrogé: «Dans la vie ordinaire, il y a de nombreuses raisons pour lesquelles nous nous sentons fatigués, vides et sans joie. Mais je me demande s’il est possible qu’une des raisons de la perte de la joie chez un baptisé ou un ministre de l’Eglise soit le manque ou l’affaiblissement du sens de la mission ?»
Pour une «amitié vibrante avec Jésus»
Il a alors développé un enseignement d’une trentaine de minutes pour souligner le fait que, sans un engagement missionnaire, alors les laïcs, les prêtres, et les personnes consacrées demeureraient privés de joie. «Sans amitié vibrante avec Jésus, la mission devient facilement un fardeau», a-t-il insisté, n’hésitant pas à qualifier «d’esclaves» plutôt que d’ «amis» ce genre de disciples du Christ.
Maniant l’art de la formule – «Plus Jésus vous aime, plus il vous envoie», l’ancien archevêque de Manille a tenu à apaiser les catholiques qui entendent l’invitation à la mission comme une chose laborieuse et difficile. «Parfois nous rendons les choses très compliquées alors qu’il s’agit d’une conversation sur Jésus», a-t-il souligné, dans les familles, les écoles, les lieux de travail, les centres de loisirs, les hôpitaux, les médias, les pauses café et les simples réunions d’amis.
«Avez-vous postulé pour ce poste ?»
S’adressant plus particulièrement aux prêtres, celui qui a été recteur de séminaire pendant une quinzaine d’années a tenu à rappeler que «personne ne pouvait réclamer l’ordination». Le fait de devenir prêtre ne peut être la poursuite d’un projet d’accomplissement personnel, a-t-il prévenu. Car «il n’y aura jamais de joie mais seulement de l’anxiété et de l’appréhension dues à l’auto-promotion et à la compétition».
Des personnes obsédées par les titres dans l’Eglise
S’amusant des personnes obsédées par les titres dans l’Eglise, il a parodié, hilare, un dialogue entre deux clercs: «J’ai un doctorat… Tu n’as qu’une maîtrise… Je mérite la cathédrale… Tu mérites une paroisse de village !»
En guise de conclusion, le cardinal philippin s’est permis de provoquer son auditoire constitué à majorité d’évêques et de prêtres: «Je vous demande de vous rappeler comment vous êtes arrivés là où vous êtes. Avez-vous postulé pour ce poste ? Avez-vous été appelé et envoyés en mission par l’Eglise ?» Et de finir en rappelant que «décider soi-même de là où l’on va rend les gens anxieux et non joyeux». (cath.ch/imedia/hl/be)