Le cardinal Becciu se défend après des perquisitions chez son frère
Après l’audience du procès de l’immeuble de Londres, qui s’est tenue le 18 février 2022 au Vatican, le cardinal Angelo Becciu a commenté devant les médias les récentes perquisitions menées par la justice italienne à la demande de celle du Saint-Siège dans l’archevêché d’Ozieri et la coopérative de son frère en Sardaigne.
Le cardinal Becciu s’est dit fier d’avoir aidé la coopérative dirigée par un de ses frères, soulignant que celle-ci employait «60 jeunes hommes et femmes qui, comme les appelle le pape, sont les rebuts de la société», notamment des anciens toxicomanes et prisonniers. Il nie catégoriquement avoir obtenu des aides pour favoriser les membres de ma famille.
Il affirme cependant que seul un transfert de 125’000 euros provenant du Fonds du Denier de Saint-Pierre le concerne. Cette somme a été utilisée, assure-t-il, pour abonder le fonds de la Caritas locale et acheter des machines pour une boulangerie – coopérative gérée par son frère qui aurait subi un incendie.
Selon la journaliste italienne Maria Antonietta Calabrò, les nouvelles perquisitions montreraient au contraire que plus de 800’000 euros seraient parvenus au frère du cardinal Becciu par le biais de la Conférence des évêques d’Italie et de l’Institut des Œuvres de Religion, la banque privée du Vatican. Elle ajoute qu’une partie de ces sommes aurait été utilisée pour l’acquisition d’un appartement privé à Rome.
Le haut prélat sarde est inculpé dans le procès de l’immeuble de Londres pour détournement de fonds, abus de pouvoir en bande organisée, et subornation de témoin. Le tribunal du Vatican se penche sur le rôle qu’il a joué dans l’acquisition de l’immeuble de Sloane Avenue mais aussi sur d’autres faits étrangers à cette opération, notamment ce «volet sarde» qui avait été évoqué pour la première fois en septembre 2020 dans l’hebdomadaire italien L’Espresso.
Prochaine audience le 28 février
L’audience, la septième depuis le début du procès en juillet dernier, a duré en tout quatre heures. La prochaine audience aura lieu le 28 février, et sera suivie potentiellement d’une autre audience le 1er mars – lors desquelles seront examinées définitivement les dernières demandes procédurales de nullité.
Celles-ci, pour la plupart, concernent des pièces manquantes au dossier. Lors de l’audience, le promoteur de justice, Alessandro Diddi, a affirmé n’avoir rendu disponible que le matériel qu’il avait «utilisé». Une déclaration qui a provoqué la consternation des avocats de la défense, l’un d’entre eux parlant même de «tourisme jurisprudentiel».
Pour sa part, le juge Giuseppe Pignatone s’est une nouvelle fois montré prudent sur l’avenir du procès. Évoquant le possible commencement des interrogatoires à partir du 1er mars, il s’est un temps ravisé, mettant au conditionnel une éventuelle «activité à venir».
Autre fait intéressant lors de l’audience: l’Autorité de supervision et information financière (ASIF, ex-AIF) s’est portée partie civile aux côtés de la Secrétairerie d’État et de l’Administration du Patrimoine du Siège apostolique. Son ancien président, le Suisse René Brülhart, ainsi que son ancien directeur, Tommaso Di Ruzza, font en effet partie des dix accusés du procès. (cath.ch/imedia/cd/bh)