À Rome, l’expérience synodale des mouvements de l’Action catholique
En pèlerinage à Rome, les responsables des quatorze mouvements de l’Action catholique en France vivent cette grande réunion familiale comme un moment historique. À la sortie de leur audience avec le pape François le 14 janvier 2022, ils ont confié à I.MEDIA les défis qu’ils comptent relever.
Ils sont reconnaissables à leurs sigles : JOC, JIC, ACI, CMR, ACF… Il sont tous venus à Rome avec l’envie de donner un sens nouveau à leur apostolat. »Nous nous préparions depuis plusieurs mois», confie Odile Verier, déléguée nationale du Mouvement Chrétien des Cadres et dirigeants (MCC). Marc Deluzet, président national de l’Action catholique des milieux indépendants (ACI), rappelle qu’aucun grand rassemblement des mouvements n’a en lieu depuis 1987, et que ce pèlerinage en commun constitue donc en soi un «moment clé» pour l’Action catholique.
Pour marquer le coup, les 38 responsables sont venus à Rome avec une sorte de manifeste sur le sens de leur apostolat, «une profession de foi commune», explique Christian Creti, délégué national du MCC. Cette synthèse de deux pages, singulière parce qu’il s’agit du premier travail en commun de l’ensemble des mouvements, a été remise lors de chaque rencontre à Rome, notamment au pape François qui s’en est largement inspiré dans son discours.
Dans le Palais apostolique, le pontife leur a rappelé que la dernière audience en date de l’Action catholique à Rome remontait à 1927, avec le pape de l’époque, Pie XI. Et, tout en soulignant leur glorieux passé, a aussi insisté sur la nécessité de laisser plus de place aux jeunes dans leurs organisations. Un message reçu par les responsables.
S’adapter aux jeunes générations
Françoise Michaud, vice-présidente de l’ACI, reconnaît que la jeunesse est aujourd’hui «beaucoup plus loin de l’Église». «Spontanément, leur engagement est moins durable. On a besoin de s’adapter aux jeunes qui n’ont plus le même ADN que nous».
«Les militants qui s’engagent régulièrement sont moins nombreux», reconnaît pour sa part Laurent Martin, administrateur de Chrétiens dans le monde rural (CMR). D’où la nécessité de développer un «nouveau compagnonnage», analyse Danielle Beauchet, co-présidente nationale de l’Action catholique ouvrière (ACO), qui pense qu’il revient aux anciens de «parler le même langage que les jeunes».
Vivre synodalement
Autre message du pape que les responsables ont bien entendu, celui les encourageant à s’engager sur le chemin synodal. Catherine Decout, du Mouvement chrétien des retraités (MCR), considère que cette dimension a été particulièrement expérimentée lors de la préparation de leur déplacement commun à Rome.
Tous partagent son point de vue : «C’est cette démarche qui transforme. C’est ça qui nous permet d’imaginer des solutions, de mettre des choses en place, en mouvement, d’agir, qui nous permet la relecture de notre vie, et petit à petit de changer les structures qui peuvent être perverties ou qui déshumanisent notre monde», analyse Odile Verier. Christian Creti souligne pour sa part qu’»on vit l’Évangile différemment si on est dans un milieu cadre ou dirigeant, ouvrier ou rural». La synodalité, insiste-t-il, est une «démarche dans la diversité» que veut incarner l’Action catholique.
Il s’agit aussi, selon Marc Deluzet, d’être «non seulement à l’intérieur de l’Église mais aussi en dialogue avec des personnes qui sont éloignées de l’Église», rappelant que dans leurs mouvements, certains responsables ne sont pas forcément croyants, ce qui n’empêche pas de cheminer ensemble. L’Action catholique, explique-t-il, a cette capacité à fonctionner comme «une courroie de transmission intergénérationnelle et interprofessionnelle», ce qui est intrinsèquement synodal.
Le «grand sourire du pape«
Sur la via de la Conciliazione, tout en s’éloignant du Vatican, les responsables se sont enfin rappelés «leur» moment avec le pape. «Très protocolaire, on a chacun eu le droit à la photo», souligne Françoise Michaud. «Entre lui, avec son grand sourire, qui donnait l’impression d’avoir le temps, et les autres qui nous pressaient…», abonde Danielle Beauchet.
«Il nous a donné sa bénédiction, mais je n’étais pas là pour moi. Sa bénédiction, je l’ai reçue pour le mouvement… et aussi pour le monde», continue la co-présidente de l’ACO au moment de passer devant le château Saint-Ange. «Je l’ai remercié pour le synode, en lui disant qu’on le soutenait, et il m’a répondu : «priez pour moi»«, conclut Françoise Michaud. (cath.ch/imedia/cd/mp)