Le cardinal Berhaneyesus Demerew Souraphiel, archevêque d'Addis-Abeba (photo: flickr CC BY-SA 2.0)
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Les évêques catholiques d'Ethiopie dénoncent les «viols de guerre» 

Les évêques catholiques d’Ethiopie dénoncent les innombrables «viols de guerre» commis depuis le début du sanglant conflit qui a éclaté en novembre 2020 entre les forces du Front populaire de libération du Tigré (TPLF) et l’armée éthiopienne soutenue par certaines formations régionales éthiopiennes et l’armée érythréenne. 

Dans son message de Noël, que les Eglises orientales ont célébré le 7 janvier, le cardinal Berhaneyesus Demerew Souraphiel, archevêque d’Addis-Abeba et chef de l’Eglise catholique éthiopienne, a appelé tous les fidèles à éviter «l’esprit d’orgueil, de haine et de colère» qui brise les chaînes de la paix. Il a supplié «le Seigneur de nous accorder gracieusement la paix», tandis que la guerre continue de ravager le pays.

«La guerre provoque toujours la dévastation, la perte de vies humaines, la destruction de biens, la désintégration de communautés, le déplacement et d’autres crises humaines connexes», déplorent également les évêques catholiques d’Ethiopie dans une déclaration publiée à l’issue de leur 52e Assemblée plénière, qui s’est tenue au centre pastoral des missionnaires de la Consolata à Modjo, une ville de la région d’Oromia, au centre de l’Ethiopie.

Toutes les parties au conflit commettent des atrocités

Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, a réitéré son appel urgent en faveur d’investigations suite à la publication d’un rapport de l’ONG Human Rights Watch sur les abus effroyables et les énormes souffrances des réfugiés érythréens et des autres civils depuis le début de la guerre. Le HCR incite toutes les autorités responsables, y compris les autorités régionales du Tigré et le gouvernement fédéral, à lancer des enquêtes officielles sur toutes les allégations crédibles reçues à ce jour. Il salue l’enquête conjointe menée par le Haut- Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme et la Commission éthiopienne des droits de l’homme sur les abus et les violations des droits humains dans la région du Tigré.

Toutes les parties au conflit – forces gouvernementales, armée érythréenne, milices amharas, ainsi que leurs adversaires du TPLF – sont responsables de graves atrocités et de massacres de civils. Des milliers de morts et de réfugiés, au moins deux millions de personnes déplacées, un demi-million de personnes menacées par la famine, la violence et les violations systématiques des droits de humains sont la réalité dramatique de l’Ethiopie aujourd’hui, selon diverses organisations humanitaires.

La guerre a gravement ébranlé l’harmonie sociale

Comme le dénonce à nouveau la Conférence des évêques d’Ethiopie, «de nombreuses personnes ont perdu la vie, plusieurs autres ont été forcées de se déplacer, d’autres ont perdu leurs biens, beaucoup ont été emprisonnées, et de nombreuses filles et femmes ont été violées». La guerre, disent les évêques, a gravement ébranlé l’harmonie sociale qui existait entre les gens, faisant vivre les citoyens dans la peur et l’incertitude.

Les évêques ont réaffirmé l’engagement de l’Eglise catholique à répondre à la crise humanitaire dans le pays et prévoient de collecter environ 2 millions de dollars US pour aider les populations touchées. Entre-temps, après que les forces gouvernementales aient repoussé une offensive du TPLF, dont les troupes se sont repliées sur leur territoire, le gouvernement d’Addis-Abeba a libéré certains opposants et promis de lancer un dialogue national. La clé d’une paix durable est le dialogue, indique une déclaration du gouvernement, qui souligne que «l’une des obligations morales d’un vainqueur est la clémence». Cependant, la région du Tigré reste isolée du reste du monde et l’aide humanitaire peine à arriver. La situation dans les hôpitaux du Tigré est désespérée en raison du manque de médicaments et d’autres fournitures médicales, selon l’agence vaticane Fides. (cath.ch/fides/hcr/amnesty/be)

Le cardinal Berhaneyesus Demerew Souraphiel, archevêque d'Addis-Abeba (photo: flickr CC BY-SA 2.0)
9 janvier 2022 | 16:13
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 3  min.
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