Vatican: la basilique St-Pierre dans la brume matinale | © Grégory Roth
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Les douze dates qui ont marqué l’année 2021 au Vatican

L’année 2021 aura été celle de la reprise… Et de l’alerte. «Bloqué» au Vatican en 2020 à cause de la pandémie de Covid-19, le pape François a enfin pu sortir d’Italie pour réaliser trois voyages apostoliques à l’étranger.

Cette année, le plus petit État du monde a rouvert plus largement ses portes, aux pèlerins pour les audiences générales et aux touristes venus visiter les Musées du Vatican, sans pour autant avoir retrouvé les foules des grands jours.

Outre des nominations inédites, l’ouverture d’un procès historique au Vatican ou bien le lancement du Synode sur la synodalité, l’année qui s’achève a aussi été marquée par la lourde opération chirurgicale du pape François en juillet. Si celui qui vient de fêter ses 85 ans semble avoir bien récupéré, cette alerte a provoqué d’insistantes rumeurs concernant l’état de santé du pontife.

  • 14 janvier: le pape François se vaccine contre le Covid-19

Alors que les campagnes de vaccination en Europe commencent à peine, le Vatican annonce à la mi-janvier que le pape François et le pape émérite Benoît XVI ont reçu tous les deux leur première dose de vaccin Pfizer. L’État de la Cité du Vatican avait inauguré la veille son centre de vaccination, situé dans l’Aula Paul VI. En tout, selon les chiffres de la région de Rome, le Vatican a administré plus de 25’000 doses en l’espace de douze mois. 

Le pape François, qui a reçu récemment sa troisième dose, a beaucoup œuvré pour la diffusion universelle du vaccin dans le monde, à commencer par les zones les plus pauvres. En août dernier, il déclarait d’ailleurs: «Se faire vacciner […] est un acte d’amour».

  • 6 février: Nathalie Becquart, première femme sous-secrétaire du Synode des évêques

Avec la nomination de Sœur Nathalie Becquart au poste de sous-secrétaire du Synode des évêques, «une porte a été ouverte», déclarait le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode des évêques, quelques jours après l’annonce historique. Car la religieuse française est en effet devenue la première femme à pouvoir voter lors des Synodes des évêques, cette institution qui réunit des évêques délégués du monde entier pour se saisir de questions cruciales.

Durant l’année 2021, le pape nommera plusieurs femmes à des postes à très hautes responsabilités, comme sœur Alessandra Smerilli, nommée en août secrétaire ad interim du Dicastère pour le service du développement humain intégral, l’un des plus gros «ministères» de l’administration romaine. La religieuse italienne est ainsi devenue la première femme secrétaire d’un dicastère – bien qu’elle ait été nommée temporairement.

  • 5 mars: le pape François s’envole pour l’Irak

Pour la première fois, un pape foule le sol irakien. Après être resté plus d’un an sans voyager à cause de la pandémie, le pape François s’envole pour l’Irak et réalise le rêve du pape Jean-Paul II. Vingt ans plus tôt, le pontife polonais avait en effet voulu prier sur les lieux où Abraham avait grandi; en vain. 

Dans un contexte sanitaire et sécuritaire tendu, le pape François a sillonné un pays laminé par deux décennies de guerre. On retiendra sa rencontre historique avec l’ayatollah Al-Sistani – l’une des plus grandes figures du monde chiite –, ses encouragements adressés à une minorité chrétienne éprouvée après le passage de Daech et puis sa présence à Mossoul. Depuis les ruines de l’ancienne capitale de l’État islamique en Irak, le pontife argentin a lancé un appel à la paix.

  • 1er juin: Vaste réforme du droit canon pour lutter contre les abus et la corruption

Initiée en 2007 par le pape Benoît XVI, la grande réforme du livre VI du droit canonique aura mis quatorze années à aboutir. 63 des 89 canons qui composent ce livre portant sur les sanctions pénales dans l’Église ont été modifiés. Ce changement d’ampleur vise à adapter le droit de l’Église au monde d’aujourd’hui et à rééquilibrer le rapport entre justice et miséricorde «qui a parfois été mal interprété», entraînant un «climat de laxisme», notamment dans un certain nombre de cas d’abus sexuels commis par des clercs sur des mineurs. 

Un article explicite sur les crimes sexuels commis par des prêtres contre des mineurs voit le jour – ils étaient jusqu’alors considérés uniquement comme des délits contre «les obligations spéciales» (Titre V) propres au sacerdoce au même titre que la rupture du vœu de chasteté.

  • 10 juin: La démission refusée du cardinal Marx

 21 mai, le cardinal Reinhard Marx, l’un des poids lourds de l’Église catholique, décide de remettre sa démission au pape François afin d’assumer l’échec de l’Église face à la crise des abus sexuels en Allemagne. Mais le pape la refuse et s’en explique dans une lettre rendue publique le 10 juin. «Toute l’Église est en crise à cause du problème des abus», affirme-t-il. 

Au-delà du cas personnel de l’archevêque de Munich-Freising, l’évêque de Rome invite toute l’Église à reconnaître ses erreurs et son péché. «En tant qu’Église, nous devons demander la grâce de la honte», confie-t-il, estimant notamment que «chaque évêque» doit assumer la crise et se demander: «Que dois-je faire face à cette catastrophe?»

  • 1er juillet : Le pape organise un vaste sommet œcuménique sur le Liban

Près d’un an après la double explosion du port de Beyrouth, le pays du Cèdre continue de s’enfoncer dans ce qui constitue l’une des pires crises de son histoire. Le pape, qui régulièrement dit prier pour le Liban, décide de réunir les principaux responsables des communautés chrétiennes du pays pour une «journée de réflexion sur la préoccupante situation du pays». 

La démarche est avant tout spirituelle. Neuf patriarches chrétiens viennent notamment se recueillir près de la tombe de Pierre pour prier avec le pape pour «le don de la paix et de la stabilité».

«À vous, citoyens: ne vous découragez pas! Ne faiblissez pas, courage!», lancera ensuite l’évêque de Rome dans un discours où il demandera à la communauté internationale de soutenir le pays pour qu’il «ne s’effondre pas, mais entame un chemin de reprise».

  • 4 juillet: Le pape subit une lourde opération

À 84 ans, le pape François est opéré à la polyclinique Gemelli de Rome d’une «sténose diverticulaire symptomatique du côlon». Une opération lourde puisque le pontife reste dix jours à l’hôpital. Elle constitue la première hospitalisation du pape François depuis son accession au trône de Pierre en 2013. 

Près de deux mois après sa sortie de Gemelli, il confie à une radio espagnole être «toujours en vie», balayant les rumeurs de démission. «Je peux tout manger. J’ai encore les médicaments post-opératoires, parce que le cerveau doit enregistrer qu’il a 33 centimètres d’intestin en moins» mais «à part ça, j’ai une vie normale, je mène une vie tout à fait normale», a-t-il voulu rassurer. 

  • 16 juillet: Le pape François limite drastiquement la célébration de la messe en latin

Traditionis custodes. Tel est le nom du motu proprio du pape François abrogeant celui de Benoît XVI publié en 2007, Summorum Pontificum. Ce dernier facilitait les célébrations de la messe dans la forme extraordinaire du rite romain ayant cours avant le Concile Vatican II.

Le pape François explique craindre «une instrumentalisation»du Missel romain de 1962 qui manifesterait un rejet non seulement de la réforme liturgique mais aussi du Concile Vatican II. Désormais, la célébration de la messe dans l’ancienne forme du rite est extrêmement limitée et dépend du discernement de l’évêque, et, dans certains cas, de Rome. 

C’est au nom de l’unité de l’Église que le pontife assure avoir fait son choix; une décision particulièrement mal accueillie par les fidèles habitués aux célébrations dans cette forme.

  • 27 juillet: Ouverture du procès géant de l’Affaire de Londres

Pour certains, c’est le procès du siècle qui s’est ouvert au Vatican au cœur de l’été. Sur le banc des accusés, dix personnes, dont le cardinal Angelo Becciu, un Italien qui avait occupé les plus hautes fonctions dans l’appareil vatican. 

Tous les prévenus seraient mêlés à une affaire tentaculaire, celle de l’immeuble de Londres, en référence à l’achat par le Vatican d’un immeuble londonien en 2013. Une acquisition qui a tourné au fiasco et fait perdre des dizaines de millions d’euros au Saint-Siège. 

Par ce procès complexe – qui piétine encore aujourd’hui –, le Saint-Siège souhaite démontrer sa capacité à s’attaquer à la corruption. C’est donc la crédibilité de la Justice vaticane et des réformes du pape François en la matière qui est aussi en jeu.

  • 4 octobre: Au Vatican, l’appel inédit des chefs religieux pour le climat

Un mois avant la COP26 de Glasgow, le pape François a réuni autour de lui une trentaine de responsables religieux et une dizaine de scientifiques pour la signature d’un document insolite en faveur du respect de l’environnement. 

Outre les confessions chrétiennes, l’islam sunnite et chiite, le judaïsme ou l’hindouisme, sont aussi représentés le sikhisme, le bouddhisme, le confucianisme, le taoïsme, le zoroastrisme et le jaïnisme.

Dans une déclaration, ils appellent à la limitation de l’augmentation de la température moyenne mondiale à 1,5 degré, à la conversion écologique des pays les plus riches ou bien à la participation active des chefs religieux eux-mêmes pour agir davantage en faveur du climat.

  • 10 octobre: Le pape ouvre le Synode sur la synodalité

C’est un vaste processus que le pape François a lancé lors d’une messe dans la basilique Saint-Pierre de Rome, le 10 octobre. Pendant deux ans, tous les catholiques sont invités à réfléchir pour faire de l’Église une réalité plus synodale. La veille du lancement, l’évêque de Rome avait proposé une définition de cette Église: «un lieu ouvert où chacun se sent chez lui et peut participer». Parmi les objectifs affichés, celui de sortir de la culture du cléricalisme.

La forme elle-même de ce synode est inédite puisqu’après une première phase de réflexion dans tous les diocèses du monde, une deuxième étape doit avoir lieu au niveau continental, avant une dernière étape à Rome, en 2023. Ce synode «nouvelle génération» s’inscrit aussi dans la grande réforme de François initiée en 2013 pour décentraliser la gouvernance de l’Église catholique.

  • 5 décembre: Le pape retourne sur l’île de Lesbos

Cinq après son passage à Lesbos, le pape est retourné sur l’une des l’îles grecques les plus touchées par la crise migratoire. Il en a fait d’ailleurs le point d’orgue de son voyage à Chypre et en Grèce – du 2 au 6 décembre. Depuis un camp de réfugiés, après avoir rencontré des dizaines de migrants, il a dénoncé un véritable «naufrage de civilisation» et a dit sa peur de voir la »Mare nostrum» devenir une »Mare mortuum».

Tout au long de ce voyage aux confins de l’Europe orientale, le troisième et dernier de l’année 2021, le chef de l’Église catholique a rappelé au Vieux Continent qu’il ne pouvait pas continuer d’ignorer «une mer qui a vu la diffusion de l’Évangile et le développement de grandes civilisations». 

Suite à l’impulsion du Vatican, une cinquantaine de migrants sont accueillis en Italie à l’occasion de ce déplacement. (cath.ch/imedia/hl/gr)

Vatican: la basilique St-Pierre dans la brume matinale | © Grégory Roth
21 décembre 2021 | 12:10
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 8  min.
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