La délégation d’autochtones canadiens reporte sa visite au Vatican
La délégation canadienne – attendue au Vatican du 17 au 20 décembre prochains – reporte son déplacement, annonce la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) dans un communiqué publié sur son site le 7 décembre 2021. Cette décision a été prise pour éviter un «risque d’infection au Covid-19 face à l’évolution imprévisible de la situation mondiale ».
Ce contexte constitue «une menace trop importante en ce moment, surtout pour les délégués âgés et les personnes qui habitent dans des communautés éloignées», souligne le communiqué. Le Saint-Siège serait «déterminé à reporter cette visite à la première occasion en 2022».
La décision du report a été prise après consultation des organisateurs du déplacement: l’Assemblée des Premières Nations, le Ralliement national des Métis, l’Inuit Tapiriit Kanatami et les évêques de la CECC. La délégation est constituée d’aînés autochtones, de gardiens du savoir, de jeunes et de «survivants» des anciens pensionnats.
La blessure des pensionnats
Ces établissements, gérés la plupart du temps par des congrégations catholiques à la demande du gouvernement canadien, ont eu pour objectif, pendant presqu’un siècle – entre 1883 et 1969 – d’évangéliser et assimiler les populations autochtones. Depuis plusieurs années, les groupes autochtones dénoncent les conditions de vie imposées aux pensionnaires.
À la fin du mois de mai 2021, l’excavation de tombes dans un cimetière près du pensionnat catholique de Kamloops – petite ville de la Colombie britannique située sur un ancien territoire amérindien – révélait la sépulture anonyme de plus de 215 enfants, anciens élèves de l’établissement. Une découverte suivie de beaucoup d’autres à proximité de pensionnats chrétiens: 751 corps à Marieval, 182 à Canbrook, et 160 à Penelakut. Ces découvertes ont donné lieu à des représailles contre l’Église catholiques, notamment à travers des actes de vandalisme et des incendies criminels contre des églises.
Un programme de guérison
C’est dans ce contexte qu’une visite au Vatican et une rencontre officielle avec le pape François – qui étaient à l’étude depuis deux ans – ont été annoncées en juin dernier.
La CECC a en outre décidé, le 24 octobre, de présenter des excuses officielles aux peuples autochtones: «Nous reconnaissons les graves abus qui ont été commis par certains membres de notre communauté catholique: physiques, psychologiques, émotionnels, spirituels, culturels et sexuels », affirment-il dans un texte sans ambiguïté.
Des mots forts suivis d’actions concrètes, avec la création, le 27 octobre 2021, d’un fonds de 30 millions de dollars pour soutenir l’initiative de guérison. Le 12 décembre prochain, une Journée nationale de prière en solidarité pour les peuples autochtones doit être célébrée partout dans les communautés catholiques du Canada. (cath.ch/imedia/cd/bh)