Le pape François salue le patriarche maronite Bechara Raï dans la cathédrale de Nicosie (Chypre), le 2 décembre 2021 | © AP Photo/Alessandra Tarantino
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Le pape loue la diversité de l’Eglise à Chypre

Devant quelque 300 clercs, religieux et laïcs catholiques de Chypre, le pape François a loué la «diversité» de l’Église sur l’île et en a fait un modèle pour l’Europe, le 2 décembre 2021. Il a appelé à faire tomber les «murs» dans l’Église catholique, à chercher l’unité et non l’uniformité.

C’est dans une cathédrale maronite Notre-Dame des Grâces de Nicosie bondée que le pape François a prononcé le premier discours officiel de son 35e voyage apostolique. Après avoir parcouru en Fiat 500 L les 50 kilomètres entre l’aéroport et la cathédrale, il a été accueilli par un mot du cardinal Béchara Boutros Raï, patriarche d’Antioche des maronites, et par les témoignages de deux religieuses vivant sur l’île.

«Je vous regarde et je vois la richesse de votre diversité», a confié le pontife argentin aux membres des communautés maronites et latines présentes sur l’île depuis des siècles. «Une salade de fruits», a glissé le pape, faisant sourire l’assemblée, comme à plusieurs reprises lors de son discours, qu’il a reconnu être «trop long». Pour lui, l’Église à Chypre est le reflet d’une «mosaïque de rencontres», la conséquence de la venue au fil des ans de «frères et de sœurs migrants».

Ici, l’Église a «ses bras ouverts», a insisté le pape, «elle accueille, elle intègre, elle accompagne». Elle est donc aujourd’hui un «message» pour une Europe marquée par la crise de la foi.

La diversité n’est pas une menace

La diversité ne doit pas être perçue comme une «menace pour l’identité», a poursuivi le pontife. Il a invité son auditoire à rappeler à l’Europe tout entière qu’il faut «travailler ensemble, dépasser les divisions, abattre les murs et cultiver le rêve de l’unité» pour construire un avenir digne de l’homme.

«Il ne doit pas y avoir de murs dans l’Église catholique», a-t-il assuré, improvisant cette fois-ci sur la richesse d’une diversité unie par l’Esprit saint; «Lui est l’auteur de la diversité et de l’harmonie».

Faisant allusion à la variété des rites et des sensibilités spirituelles sur l’île, le deuxième pape à fouler le sol de Chypre – après Benoît XVI en 2010 – a rappelé que l’Église ne devait pas «uniformiser» mais «intégrer avec patience et compassion». Telle est selon lui la marche à suivre du Synode sur la synodalité lancé en octobre 2021 dans le monde entier.

«Voilà la fraternité dans l’Église»

En revenant sur l’histoire des apôtres Paul et Barnabé qui se disputèrent avant de se séparer, le pape François a reconnu qu’il pouvait arriver dans l’Église d’être en désaccord. Comme dans une famille, on peut discuter et se disputer, a insisté le pape, racontant finalement que Paul et Barnabé s’étaient par la suite réconciliés.

«Voilà la fraternité dans l’Église: on peut discuter à propos de visions, de sensibilités et d’idées différentes», a-t-il résumé, arguant qu’une discussion houleuse était aussi une «occasion de croissance et de changement».

Préoccupation par rapport au Liban

Le pape a débuté son discours en ayant une pensée pour le Liban, pays des maronites, situé à une centaine de kilomètres des côtes chypriotes. «Je suis très préoccupé par la crise dans laquelle il se trouve et je ressens la douleur d’un peuple fatigué et éprouvé par la violence et la souffrance», a-t-il confié. «Je porte dans ma prière le désir de paix qui monte du cœur de ce pays».

Après cette première rencontre officielle de ce voyage, le pape doit se rendre au Palais présidentiel pour une cérémonie de bienvenue. Il s’entretiendra avec le président de la République de Chypre, Níkos Anastasiádis. Il rencontrera ensuite les autorités étatiques et diplomatiques du pays ainsi que des membres de la société civile dans le hall des cérémonies du palais. Il y prononcera un deuxième discours. (cath.ch/imedia/hl/rz)

L’île de Chypre est séparée depuis 1974 par une ligne de démarcation. Au sud, la République chypriote est reconnue quasi internationalement et est membre de l’Union européenne. La majorité des habitants de cette partie appartiennent au groupe ethnolinguistique des Chypriotes grecs (environ 800’000 habitants). Au nord, se trouve la République «turque», appelée République turque de Chypre du Nord, seulement reconnue par la Turquie et composée en majorité de Turcs et de Chypriotes turcs (environ 315’000 habitants) parlant le turc et le turc chypriote.

95% des Chypriotes grecs appartiennent à l’Eglise orthodoxe grecque de Chypre (qui a le statut d’Eglise d’Etat). Les Chypriotes turcs sont pour la plupart des musulmans sunnites. Maronites et Arméniens maintiennent les rites qui leur sont particuliers. Il existe de petites communautés, notamment catholique, juive, bahaïe et protestantes. Les catholiques sont 25’000, sur une population totale d’1,2 million. RZ

Le pape François salue le patriarche maronite Bechara Raï dans la cathédrale de Nicosie (Chypre), le 2 décembre 2021 | © AP Photo/Alessandra Tarantino
2 décembre 2021 | 17:34
par I.MEDIA
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