Pour le cardinal Tagle, l'évangélisation n'est pas une conquête
«L’expérience de Jésus nous pousse vers les autres, vers le monde, avec joie, non avec un esprit de conquête ou de triomphalisme », a expliqué le cardinal Luis Antonio Tagle.
Le préfet de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, s’exprimait lors d’une conférence de présentation de la 95e Journée mondiale des missions qui aura lieu le dimanche 24 octobre 2021. Évoquant l’état de la mission en Asie, il a par ailleurs esquissé les avantages et les limites des outils numériques dans l’œuvre d’évangélisation.
Comme chaque année, l’Église catholique célèbrera le dernier dimanche d’octobre la Journée mondiale des missions. Le thème retenu pour cette édition est : « Il nous est impossible de nous taire sur ce que nous avons vu et entendu ! ». En janvier dernier, le pape François avait diffusé un message pour cette journée, rappelant que le monde avait un « besoin urgent de missionnaires d’espérance » capables de rappeler « prophétiquement que personne ne se sauve tout seul ».
Lors de cette conférence de présentation organisée au Vatican, le cardinal Tagle a rappelé que les chrétiens qui font l’expérience de l’Évangile, et donc de Jésus, ne peuvent pas ensuite « construire des murs » qui les séparent des autres. Cette expérience doit être partagée avec joie, sans esprit de « conquête » ou de « triomphalisme ».
L’ancien archevêque de Manille a par ailleurs évoqué la situation de l’évangélisation en Asie, continent où « les deux tiers des habitants du monde vivent », a-t-il noté. « Les chrétiens, je crois qu’ils ne représentent que 3% de cette population. Et la moitié de cette population chrétienne est aux Philippines ». Mais cette « petite minorité » grandit, a-t-il ajouté.
« Ces dernières années, nous avons vu en Asie, en termes de proportion et de pourcentage, une augmentation du nombre de baptêmes et aussi d’entrées dans les séminaires et dans la vie religieuse », s’est-il réjoui.
500 après avoir été évangélisés, les Philippins deviennent désormais des missionnaires, « et pas seulement les religieux », a précisé le haut prélat. « Nos migrants, nos travailleurs migrants, nos laïcs, qui sont dispersés dans le monde entier, cherchent du travail mais participent aussi à la mission ».
L’Asie est donc en un sens en train d’en venir à « l’âge des héritiers », a-t-il déclaré. « Nous avons hérité de quelque chose, nous ne le gardons pas, nous le partageons aussi avec les autres ». Quant à l’Europe, elle est devenue aussi un « territoire missionnaire ».
Les nouvelles technologies
Durant la pandémie, les nouvelles technologies ont été d’une grande utilité, a par ailleurs souligné le cardinal Tagle. « Avec le confinement et les restrictions dans les mouvements et les visites à la famille, même aux églises, nous avions un instrument et il a été capable de maintenir une sorte de relation », a-t-il développé, avant de mettre en avant les limites de ces outils.
« Il y a des éléments de la vie qui ne peuvent pas être numérisés. […] Nous sommes des êtres charnels, nous avons besoin de contact », a-t-il souligné, rappelant que l’intelligence relationnelle devrait primer sur l’artificielle.
Béatification de Pauline Jaricot à Lyon
Lors de cette conférence de présentation, Mgr Giampietro Dal Toso, Président des Œuvres pontificales missionnaires (OPM), s’est réjoui des différentes célébrations qui auront lieu en 2022 à propos de la mission.
Il s’agira par exemple de fêter les 400 ans de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples ou bien de célébrer la béatification de Pauline Jaricot – à l’origine des OPM – le 22 mai, à Lyon (France). Comme l’a confirmé Mgr Dal Toso, le cardinal Tagle y sera présent. (cath.ch/imedia/hl/mp)