Yvan Favre a fait sa première communion à l'église de Mannens FR | © Grégory Roth
Dossier

Yvan Favre: «Je sépare la vie à la ferme de ma vie de prière»

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Agriculteur et fromager, Yvan Favre approche le quart de siècle. Le Broyard fribourgeois s’engage pour son domaine familial et pour la jeunesse de sa commune, toute en gardant une place pour la paroisse de son enfance.

Par Grégory Roth

Né le 30 novembre 1996 à Payerne, Yvan Favre a grandi dans la ferme familiale à Grandsivaz, dans la Broye fribourgeoise. «Mon grand-père est le propriétaire du domaine, sur lequel mon père et moi travaillons aujourd’hui». Ainé de trois enfants, Yvan est destiné à reprendre l’exploitation agricole.

Ambassadeur de la nature

Après sa scolarité à Montagny-Cousset et à Domdidier, Yvan a fait un CFC de fromager à Villaz-St-Pierre, suivi d’un CFC d’agriculteur. En tant qu’agriculteur, il essaye d’être «un bon ambassadeur de la nature», et surtout d’enlever cette étiquette de agriculteur-pollueur qui leur colle parfois à la peau. «Nous avons la nature à disposition et nous devons faire beaucoup d’effort pour la préserver. C’est un défi, car la population augmente et nous devons nous battre pour maintenir l’agriculture, alors que l’on bétonne de plus en plus nos terres agricoles».

Yvan Favre, avec son père, dans le domaine agricole familial de Grandsivaz FR | © Grégory Roth

A côté des céréales, Yvan cultive aussi sa foi. «Comme beaucoup de jeunes, cela a commencé au caté. En plus, ma maman était aussi animatrice pour l’éveil à la foi, alors je l’accompagnais régulièrement. Et j’ai aussi fait partie du MADEP [Mouvement d’Apostolat des enfants et préadolescents] avec l’agent pastoral Pascal Ibemaso».

Jeune accompagnant de confirmation

Après sa première communion, Yvan devient servant de messe, puis lecteur. Et après sa confirmation, il s’engage comme animateur pour les parcours de confirmation avec Quentin Hostettler, un autre jeune de l’Unité pastorale Notre-Dame de Tours. «Parce que pendant ma préparation à la confirmation, j’aurais aimé avoir des jeunes qui m’accompagnent, un peu comme des grands frères dans la foi». Le jeune broyard a arrêté cet engagement, après six ans, pour se consacrer à son travail.

«A ma confirmation, j’aurais aimé avoir d’autre jeunes qui m’accompagnent»

Yvan Favre

Depuis 2019, il prépare un brevet agricole sur trois ans, qui comprend deux jours et demi de formation par semaine. Sur son autre mi-temps, il travaille à la fromagerie Kern, à Misery-Courtion. Le reste du temps, il le consacre à l’exploitation familiale.

Yvan Favre, dans le domaine agricole familial de Grandsivaz FR | © Grégory Roth

Malgré cet emploi du temps chargé, il continue de s’engager dans sa paroisse, même s’il est important pour lui de séparer son métier d’agriculteur et son engagement ecclésial. «Prier, pour moi, c’est le moment où je viens à l’église pour me confier à Dieu: Lui parler, Lui poser mes questions, même si je n’entends pas toujours de réponses. C’est aussi pour Lui confier quelqu’un qui ne va pas bien, un proche qui est malade».

Lectures et coups de main

Lorsqu’il évoque sa relation à l’Église, Yvan décrit une rupture au fil du temps. «Dans la génération de mon grand-père, tout le monde allait à la messe tous les dimanches, voire davantage. Cette habitude s’est perdue». Aujourd’hui, dans sa paroisse à Mannens (FR), il est principalement aujourd’hui comme lecteur et ministre de la communion.

«Lorsque que je suis de service de lecture, j’en profite pour aider le sacristain»

Yvan Favre

«Lorsque que je suis de service, j’en profite pour aider le sacristain, pour la préparation et le rangement du matériel liturgique. Lors de veillées de prières ou d’enterrements, je donne aussi quelques coups de main, comme la préparation des apéritifs, mettre de la musique, ou ce genre de choses…».

A Mannens, Yvan fait également partie de la société de jeunesse du village. «Dans nos rencontres, nous ne parlons pas vraiment de foi ou de religion. Sur la trentaine de membres réguliers, nous sommes deux à être engagés dans la paroisse. Mais il est déjà arrivé qu’une bonne moitié se mobilise s’il y a, par exemple, un décès dans nos familles. Nous nous retrouvons à l’église pour représenter le groupe à cette occasion. Et à la sortie de la messe de Noël, la jeunesse organise le vin chaud et le thé devant l’église, en alternance avec le chœur mixte et le conseil de paroisse».

Yvan Favre fait partie de la société de jeunesse de Mannens FR | © Grégory Roth

Un lieu de rassemblement sans distinction

Que représente l’Église pour ce jeune actif? «Pour moi, l’Église c’est avant tout un lieu de rassemblement, un lieu pour les communautés. C’est un endroit où tout le monde pourrait aller prier Dieu, sans distinction de classe ou de race. J’ai des potes musulmans, bouddhistes ou athées. C’est important pour moi de faire la part des choses. On vit dans une société de plus en plus multiculturelle, cela peut être un frein pour se rassembler en Église. Mais cela peut être aussi l’occasion pour elle de se questionner.»

«L’avenir de l’Église, je le vois dans sa relation avec les jeunes. Il faudra surtout créer des groupes, selon les affinité et les hobbies»

Yvan Favre

Comment Yvan Favre perçoit-il l’avenir de cette communauté? «J’ai constaté que, dans ma génération, nous étions beaucoup à faire notre confirmation. Et ensuite, plus personne ne s’est engagé. L’avenir de l’Église, je le vois dans sa relation avec les jeunes. Comment mettre la prochaine génération en contact avec Dieu? Il faut à mon avis garder des structures de formation de base, comme la catéchèse. Dans la région, à Domdidier, il y a un groupe de prière de Taizé qui fonctionne assez bien. Il y a des évènements régionaux, comme le Crossfire Festival, qui marchent également bien, en plus des JMJ. Mais il faudra surtout créer des groupes de jeunes, selon les affinité et les hobbies. Par exemple, des groupes de randonneurs, de dessin, de littérature, ou de jeux vidéo». (cath.ch/gr)

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