Claude Veuillet, spécilaliste du bois, a travaillé avec son confrère Pierre Bösiger sur l'âme en bois du reliquaire de Saint-Maurice | © Bernard Hallet
Dossier

Grande châsse de Saint-Maurice: état d'âme

2

La série sur la restauration de la Grande châsse reliquaire du trésor de l’abbaye de Saint-Maurice se poursuit. L’équipe a fait appel à Claude Veuillet et Pierre Bösiger, deux conservateurs-restaurateurs spécialisés dans l’étude d’objets anciens en bois, pour étudier l’âme (le coffre) du reliquaire médiéval, «un objet prestigieux dont l’assemblage est simple».

«On remet avec la plus grande délicatesse et la plus grande humilité possible nos mains, nos doigts où les créateurs de ces objets-là les ont mis», a confié, ému, Claude veuillet lors du tournage.

Les deux spécialistes du bois ont en effet travaillé sur un objet que les études croisées de carbone 14 et de dendrochronologie font remonter au 13e siècle (entre 1179 et 1254).

La tordeuse du mélèze, un petit insecte parasite, a attaqué le bois, et a ralenti sa croissance, privant les chercheurs de la dernière cerne, ce qui a rendu la datation plus approximative que prévu.

Des outils simples

Les parois, en bois de mélèze, révèlent également des traces de hache, de coins pour le fendage, de rabot. On pensait jusqu’ici, à tort, que cet outil avait été utilisé beaucoup plus tardivement. A partir des traces, les deux conservateurs ont décelé un défaut sur la lame du rabot qui se retrouve sur toutes les faces du reliquaire. Cette négligence de l’époque permet aujourd’hui d’affirmer que tous les éléments ont été travaillés et assemblés par le même artisan.

Le mélèze confirme la fabrication sur place de l’objet qui contient les reliques de saint Maurice. Cette essence est en effet abondante dans la région, nécessitant peu de transport, très couteux à l’époque médiévale. Cela n’a toutefois pas permis de situer l’atelier d’où est sorti ce coffre.

Nos deux spécialistes ont travaillé sans jamais démonter l’objet, selon la volonté de l’équipe d’être le moins invasif possible durant cette restauration. (cath.ch/bh)

Suite
Claude Veuillet, spécilaliste du bois, a travaillé avec son confrère Pierre Bösiger sur l'âme en bois du reliquaire de Saint-Maurice | © Bernard Hallet
12 octobre 2021 | 17:00
par Bernard Hallet

Après quatre ans de travaux, la restauration complète de la Grande châsse du trésor de l'abbaye de Saint-Maurice (VS) s'est achevée. Le reliquaire vieux de plus de 800 ans a été présenté à la presse le 21 septembre 2021. Cath.ch a pu entrer dans l'atelier et a filmé ce travail exceptionnel durant plus de trois ans, vous amenant au cœur de ce projet exceptionnel.

Articles