Pendant plus d'un siècle, des enfants des Premières Nations du Canada ont été placés de force dans des pensionnats | © Library Archives Canada/Flickr/CC BY 2.0
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Les évêques canadiens présentent leurs excuses aux peuples autochtones

Vendredi 24 septembre 2021, la Conférence des évêques catholiques du Canada a publié un communiqué demandant pardon aux Premières Nations pour les maltraitances commises au sein des pensionnats catholiques pour Autochtones. Des excuses attendues depuis longtemps.

«Nous reconnaissons les graves abus qui ont été commis par certains membres de notre communauté catholique: physiques, psychologiques, émotionnels, spirituels, culturels et sexuels», affirment dans ce communiqué les évêques canadiens. Cette déclaration clôturait l’assemblée plénière annuelle de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) qui portait cette année sur le processus de guérison et de réconciliation.

Au moins 4’000 enfants décédés

Près de 150’000 enfants autochtones ont été placés dans des pensionnats entre 1830 et les années 1990. Pour y être évangélisés, mais surtout pour y être éduqués dans la culture de la puissance colonisatrice. Ces pensionnats étaient voulus par l’Etat, mais leur gestion était déléguée aux Églises – 70% d’entre eux étaient dirigés par une organisation catholique, selon la Société des survivants des pensionnats autochtones. Au moins 4’000 enfants sont morts dans ces établissements à la suite de l’incurie ou des mauvais traitements des personnes qui en avaient la charge.

Toute la lumière n’a pas encore été faite sur cette sombre histoire. En mai 2021, les ossements de 215 enfants ont encore été retrouvés sur le site d’un ancien pensionnat autochtone à Kamloops, en Colombie britannique. Le mois suivant, dans la même province, ce sont 182 tombes anonymes que la communauté autochtone Lower Kootenay a découvertes près d’un ancien pensionnat.

Les pressions de Justin Trudeau

Des communautés religieuses ayant été à la tête d’établissements pour Autochtones ont présenté leurs excuses à partir de 1991, mais la CECC s’était toujours refusée à endosser une responsabilité collective au nom de l’Église catholique dans son ensemble. Elle estimait que les demandes de pardon incombaient aux ordres et aux diocèses concernés.

Avec les découvertes macabres de ce printemps, la pression sur les évêques était devenue maximale. «Avant qu’il faille mener l’Église catholique devant les tribunaux, j’espère que les dirigeants religieux comprendront qu’il est préférable que cela se fasse en partenariat et en accord», avait alors déclaré le Premier ministre Justin Trudeau. Quinze avocats canadiens ont également demandé à la Cour pénale internationale d’enquêter pour établir s’il y a eu crime contre l’humanité dans ce dossier, affirme Radio Canada.

Dans sa lettre publique d’excuses, la CECC s’engage à fournir documents et archives qui pourraient permettre d’honorer la mémoire des enfants enterrés dans les tombes anonymes des anciens pensionnats. Elle annonce aussi vouloir lever des fonds pour soutenir des initiatives favorisant la guérison des Premières Nations. Surtout, les évêques s’engagent à travailler à la possible visite pastorale du pape au Canada.

Une délégation ira voir le pape en décembre

Des excuses formulées sur place par le pape lui-même est en effet une demande insistante des peuples autochtones du Canada. Plusieurs responsables des Premières Nations regrettent d’ailleurs que la lettre des évêques ne contienne pas d’invitation plus explicite au pontife à venir demander pardon sur le sol canadien. D’autres se réjouissent de ces excuses, mais auraient souhaité que les Premières Nations soient davantage impliquées dans la démarche des évêques, et que celle-ci s’accompagne d’un geste plus fort qu’un simple communiqué.

La CECC annonce cependant qu’une délégation de représentants des peuples autochtones du Canada rencontrera le pape François à Rome en décembre 2021. Un pas important dans le processus de réconciliation entre l’Église catholique et les Premières Nations. (cath.ch/radio canada/cmc)

Pendant plus d'un siècle, des enfants des Premières Nations du Canada ont été placés de force dans des pensionnats | © Library Archives Canada/Flickr/CC BY 2.0
27 septembre 2021 | 16:32
par Christine Mo Costabella
Temps de lecture : env. 2  min.
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