ONU: le cardinal Parolin évoque une «crise anthropologique» mondiale
Le cardinal Pietro Parolin a fait état d’une «crise anthropologique» mondiale et a vivement dénoncé, le 25 septembre 2021, les «nouvelles interprétations des droits de l’homme» qui ont cours, même au sein des instances des Nations unies.
Le cardinal Parolin s’est exprimé à l’occasion de la 76e session de l’Assemblée générale des Nations unies.
Culture du déchet
Le secrétaire d’État du Saint-Siège a rappelé l’appel du pape François pour une réforme de l’ONU. Il a par ailleurs plaidé de nouveau pour un cessez-le-feu mondial, pour un accès universel au vaccin contre le Covid-19 et puis pour une action commune et rapide pour la sauvegarde de l’environnement.
«Le pape François considère que l’un des motifs de préoccupation les plus graves dans le monde d’aujourd’hui est la «crise des relations humaines»», a souligné le cardinal Parolin. Celle-ci découle «d’un mode de vie dominé par l’égoïsme et par la culture du déchet, où les valeurs humaines et la dignité transcendante de la personne qui y est liée sont souvent piétinées», a-t-il poursuivi.
Cette «crise anthropologique» n’est pas une dispute philosophique ou académique, «mais une crise qui a d’énormes conséquences pratiques sur les Droits de l’homme». Le «numéro 2» du Saint-Siège a alors listé un certain nombre de situations où ces droits n’étaient plus aujourd’hui correctement appliqués.
Croyants persécutés
Ainsi, les migrants se trouvent «de plus en plus souvent laissés dans l’incertitude, voire noyés, dans l’incapacité de trouver un nouveau foyer où élever leur famille dans la dignité, la paix et la sécurité».
Sont aussi concernés les croyants qui «endurent le harcèlement, la persécution, la mort et même le génocide en raison de leur foi»; les personnes âgées et les personnes handicapées qui «sont mises à l’écart, surtout lorsqu’elles sont fragiles ou considérées comme un fardeau»; les enfants innocents, «considérés comme problématiques, rejetés par la société avant même d’être nés»; la famille, qui est aujourd’hui «dénaturée».
Un «’progrès’ fallacieux»
Pour le haut prélat, ces situations sont les conséquences de «nouvelles interprétations des Droits de l’homme existants, séparées de leurs valeurs universelles». Ces «»nouveaux droits» non seulement contredisent les valeurs qu’ils sont censés soutenir, mais sont imposés en l’absence de tout fondement objectif ou de consensus international», s’indigne-t-il, dénonçant finalement «un «progrès» fallacieux».
Et le secrétaire d’État du Saint-Siège de critiquer directement «la poursuite constante de l’introduction de nouveaux agendas controversés qui dirigent les processus de l’ONU contrairement aux mandats donnés aux organes».
Comme le pape François l’avait fait dans son encyclique Fratelli tutti, le cardinal Parolin a alors demandé aux Nations unies de se réformer en revenant «avec plus de fidélité et de détermination aux principes et objectifs fondamentaux inscrits dans leur Charte». Cette réforme doit inclure selon lui l’examen de la question de savoir si «la structure conçue en 1945 reste adéquate pour 2021».
Covid-19, environnement et armes nucléaires
Dans son discours, le chef de la secrétairerie d’État a évoqué la pandémie de Covid-19 en rappelant «qu’aucun État n’est capable de résoudre la crise à lui seul». Invitant à toujours travailler ensemble, il a répété l’appel du Saint-Siège pour des vaccins «accessibles à tous, notamment dans les zones de conflit».
Sur la question du climat, le cardinal a fait mention de la prochaine Cop 26 de Glasgow et a dénoncé les «décennies d’inaction» face au changement climatique. «Il est plus que temps d’agir», a-t-il affirmé.
Enfin, le cardinal Parolin a rappelé la position du Saint-Siège quant aux armes nucléaires. Celles-ci créent une «éthique de la peur» et empoisonnent les relations entre les peuples. «Les questions humanitaires et de sécurité nous obligent à mettre fin à la course aux armements nucléaires et à prendre des mesures efficaces en faveur du désarmement», a souligné le haut prélat qui a aussi rappelé l’appel du Secrétaire général de l’ONU et du pape François «pour un cessez-le-feu mondial». (cath.ch/imedia/bh/hl)