Pour la première fois dans l’histoire, les peuples indigènes vont directement au tribunal de La Haye | © Senado Federal/Flickr/CC BY 2.0
International

Brésil: les peuples autochtones accusent Jair Bolsanaro de génocide

Le Groupement des peuples autochtones du Brésil (Apib) a soumis une déclaration à la Cour pénale internationale le 9 août 2021, date de la Journée internationale des peuples autochtones, dénonçant le gouvernement Bolsonaro pour génocide.

«Nous pensons que des actes se déroulant au Brésil constituent des crimes contre l’humanité, un génocide et un écocide. Étant donné l’incapacité de l’actuel système judiciaire brésilien à enquêter, poursuivre et juger ces comportements, nous dénonçons ces actes à la communauté internationale, en mobilisant la Cour pénale internationale (CPI)», souligne Eloy Terena, coordinateur juridique de l’Apib, dans la lettre envoyée à l’agence Fides par le Conseil missionnaire indigène (CIMI), de la Conférence épiscopale du Brésil.

L’organisation demande que le procureur du tribunal de La Haye examine les crimes commis contre les peuples autochtones par le Président Jair Bolsonaro depuis le début de son mandat, en janvier 2019, en se concentrant particulièrement sur la période de la pandémie de Covid-19. Pour la première fois dans l’histoire, les peuples indigènes vont directement au tribunal de La Haye, avec leurs propres avocats indigènes, pour lutter pour leurs droits.

Politique anti-indigène

Sur la base des précédents de la CPI, l’Apib demande une enquête pour crimes contre l’humanité et génocide. Le dossier déposé est composé de plaintes de dirigeants et d’organisations autochtones, de documents officiels, de recherches universitaires et de notes techniques. Autant d’éléments qui démontrent, selon l’organisation, la planification et l’exécution d’une politique anti-indigène explicite, systématique et intentionnelle menée par Jair Bolsonaro.

Pour l’Apib, les attaques contre les territoires et les peuples autochtones ont été encouragées par le président brésilien à plusieurs reprises au cours de son mandat. Les faits qui témoignent du projet anti-indigène du gouvernement fédéral vont du refus explicite de délimiter de nouvelles terres, aux lois, décrets et ordonnances qui cherchent à légaliser les activités invasives, provoquant des conflits.

Les peuples autochtones du Brésil subissent des «violations systématiques» de leurs droits, a par ailleurs dénoncé le CIMI, à l’occasion de la Journée internationale des peuples autochtones, célébrée le 9 août, a rapporté Vatican news.

«Le scénario que nous avons dans notre pays est celui d’une violation totale des droits des peuples indigènes et de la violence sous diverses formes», a affirmé Mgr Roque Paloschi, évêque de Porto Velho et président du CIMI.

«Scénario très critique»

Ces actes sont perpétrés de manière continuelle, rappelle-t-il, et «d’un gouvernement à l’autre, il y a toujours un moyen de réduire ou de déconstruire les droits des populations autochtones» qui, à l’heure actuelle, sont confrontés à «un scénario très critique».

En effet, explique Mgr Paloschi, de nombreuses attaques sont perpétrées contre «leur intégrité physique, culturelle et territoriale», parfois même avec l’aval des autorités étatiques qui semblent promouvoir la violation des droits des communautés traditionnelles et, en général, des personnes les plus vulnérables.

Tout cela, note le prélat, a des répercussions dramatiques, à tel point qu’au Brésil, «il existe une société qui promeut l’intolérance et la discrimination». En même temps, il n’hésite pas à reconnaître qu’il existe aussi des personnes «conscientes et sensibles à la lutte des peuples indigènes, à leur droit à la vie, à la terre, à l’éducation, à la santé».

Créée par les Nations unies pour célébrer la première réunion à Genève, le 9 août 1982, du groupe de travail de l’ONU consacré à la protection de ces peuples, la Journée internationale des peuples autochtones a pour but de contribuer à sensibiliser l’opinion publique à la nécessité d’assurer «des conditions de vie avec un minimum de dignité aux peuples autochtones de la planète, notamment en ce qui concerne leurs droits à l’autodétermination». (cath.ch/fides/vatnews/bh)

Pour la première fois dans l’histoire, les peuples indigènes vont directement au tribunal de La Haye | © Senado Federal/Flickr/CC BY 2.0
12 août 2021 | 11:24
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 3  min.
Amazonie (115), Brésil (392), CIMI (25), CNBB (59), peuples autochtones (31)
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