Le Saint-Siège affiche un déficit de plus de 66 millions d’euros
Le Saint-Siège affiche un déficit de 66,3 millions d’euros en 2020 contre 11,1 millions l’année précédente, après consolidation du bilan, a communiqué le Bureau de presse le 24 juillet 2021. A la tête du Secrétariat pour l’économie du Vatican, le Père Juan Antonio Guerrero Alves relativise ce mauvais résultat dû notamment à la pandémie de coronavirus.
Pour l’année 2020 marquée par le Covid-19, le jésuite espagnol souligne que le résultat a même été «légèrement meilleur que le meilleur des scénarios hypothétiques» après l’apparition de la pandémie. «La bonne nouvelle, dit-il, c’est que, grâce aux efforts consentis, les résultats sont très proches de ceux d’une année normale. En effet, explique-t-il, le déficit ordinaire est inférieur de 14,4 millions d’euros à celui de 2019: 64,8 millions d’euros en 2020, contre 79,2 millions d’euros l’année précédente».
Très attendu, ce bilan économique témoigne sans surprise des effets de la pandémie sur les finances de la Curie romaine. En février dernier, le Secrétariat pour l’Economie avait chiffré un déficit prévisionnel de 50 millions d’euros. «On ne peut pas dire que ce fut une bonne année», résume le prêtre en charge des finances du Vatican.
Les comptes du Vatican plongent dans le rouge en raison de la détérioration des résultats extraordinaires (-17,8 millions par rapport à 2019) et de la baisse des placements financiers (-51,8 millions ). Le Père Guerrero précise que le tableau serait même un «peu plus sombre» si toutes les entités du Vatican avaient été intégrées au bilan.
La pandémie du Covid-19 en cause
De façon générale le Vatican justifie ces pertes par la pandémie. La différence de déficit avec 2019 s’explique notamment par la baisse des revenus issus de placements immobiliers (-19%), le Vatican payant notamment la facture de sa politique solidaire.
Le revenu des produits financiers a lui aussi chuté (-32,1 millions), l’année 2019 ayant été tout particulièrement exceptionnelle sur ce plan. Sans surprise, les activités commerciales du Vatican ont aussi baissé (-11,6 millions) étant donné la longue fermeture des Musées ou encore des catacombes.
Un recours moindre au Denier de Saint-Pierre
Evoquant les aspects positifs, le Père Guerrero souligne les efforts de coupes budgétaires effectuées par les dicastères (26 millions sans compter les charges financières). «La pandémie a aidé les dicastères (…) à prendre des mesures positives sur la voie de la réforme», assure-t-il. Selon lui, tous les employés ont été invités à faire des sacrifices notamment pour éviter les licenciements et ainsi respecter le souhait du pape.
Alors que la crise sanitaire a entrainé une réduction des frais liés aux voyages et événements de 75%, le report de travaux ou encore la diminution des frais de nonciature (- 4 millions) ont permis d’alléger les dépenses. A noter que si les charges liées au Dicastère de la communication ont baissé, il reste le département le plus coûteux du Vatican.
Le bilan témoigne encore d’un recours moindre au Denier de Saint-Pierre (50 millions d’euros, soit 24% de la mission du Saint-Siège pour 32% l’année dernière), l’institution du Saint-Siège ayant puisé sur ses avoirs antérieurs en raison de la baisse globale des recettes (- 58,55 millions d’euros). En contrepartie, d’autres dicastères ont investi dans la mission.
La vente de l’immeuble de Londres en préparation
Le jésuite espagnol a également confirmé que la gestion des fonds de la Secrétairerie d’Etat par l’Administration du Patrimoine du Siège Apostolique avait été achevée et faisait partie de la partie ordinaire du budget du Saint-Siège. Enfin, il a confirmé que la vente de l’immeuble de Londres – un investissement qui fait scandale depuis un an – était en préparation.
Fait intéressant, le communiqué du Saint-Siège mentionne une créance de 83,5 millions d’euros de plus que l’année dernière principalement dû à un accord de prêt entre l’APSA (Administration du Patrimoine du Siège Apostolique) et la Secrétairerie d’Etat pour refinancer à de bien meilleures conditions l’investissement concernant l’immeuble du 60 Sloane Avenue à Londres.
«Des actions en justice sont en cours contre ceux qui, selon nous, ont porté atteinte aux intérêts du Saint-Siège», a ajouté le Père Guerrero en faisant référence au procès qui s’ouvrira le 27 juillet prochain. (cath.ch/imedia/cg/be)