La proportion des catholiques dans le monde | wikimedia commons Starfunker226 CC-BY-3.0
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Le christianisme dans le monde: ce que révèlent les statistiques

Si le christianisme est en recul en Europe, la tendance mondiale est différente. Cependant, le fait que le monde devienne de plus en plus chrétien n’est que partiellement dû à l’Église catholique. Un regard sur les statistiques, les prévisions et leurs effets.

Actuellement, le nombre total de chrétiens en Europe est estimé à environ 550 millions, relève une analyse du site allemand katholisch.de. Les enquêtes et les sondages suggèrent que l’engagement chrétien des Européens continue de s’affaiblir. En 2015, l’»Eurobaromètre» a conclu que le pourcentage de chrétiens dans les pays de l’UE se montait à 72 % (45 % de catholiques, 11 % de protestants, 10 % d’orthodoxes, 6% d’autres).

Le «Pew Research Center» américain a estimé que la proportion de chrétiens en Europe était encore d’environ 74 % en 2015, mais il s’attend à une diminution d’environ 100 millions de personnes d’ici 2050, pour atteindre 454 millions – et ce, bien que, selon les estimations de l’ONU, la population européenne ne diminue que d’environ 35 millions de personnes. Cela correspondrait alors à un pourcentage d’environ 65% de chrétiens.

L’Europe devient plus séculière

La cathédrale de la Résurrection d’Evry, oeuvre de l’architecte suisse Mario Botta | Flickr Konrad Häderner CC BY 2.0

Les pays d’Europe autrefois chrétiens deviennent de plus en plus laïques: la tendance qui touche actuellement l’Allemagne s’est déjà produite il y a plusieurs décennies aux Pays-Bas, en Belgique ou en France, par exemple. Dans ces pays, l’Eglise et la foi ne jouent plus qu’un rôle marginal dans la vie sociale.

Cette évolution s’étend désormais aussi aux bastions traditionnellement catholiques comme l’Italie, l’Espagne ou la Pologne. Selon une étude publiée récemment, 30% de la population de la péninsule se décrivent désormais comme athées. En Europe, le nombre de chrétiens est en baisse constante depuis des années – et continuera de l’être.

Tendance mondiale à la hausse

La tendance mondiale en termes d’appartenance à une confession chrétienne est cependant différente. Selon diverses enquêtes statistiques, le nombre de personnes qui professent le christianisme est actuellement d’environ 2,5 milliards. Ainsi, à peu près un habitant de la terre sur trois est chrétien. Les experts prévoient que le nombre de chrétiens pourrait atteindre plus de trois milliards d’ici 2050. Cela signifie que la croissance serait légèrement supérieure à l’augmentation globale de la population mondiale.

Un peu plus de 1,3 milliard de personnes dans le monde sont catholiques | © Bernard Hallet

Autre évolution significative, le poids de la chrétienté se déplace de manière importante. Alors qu’en 1910, deux tiers des chrétiens vivaient en Europe, ils ne sont plus qu’un quart aujourd’hui. 37% des chrétiens vivent aujourd’hui en Amérique latine, 24% en Afrique et 13 % dans la région Asie-Pacifique. C’est en Afrique sub-saharienne que la proportion de chrétiens a le plus augmenté: en 1910, seuls 9% de la population y étaient adeptes du christianisme, ils sont aujourd’hui 63%. .

L’Église catholique stable depuis des années

À la lumière de ces développements, quelle est la situation globale de l’Église catholique? Selon les données publiées par le Bureau central des statistiques de l’Église pour 2019, un peu plus de 1,3 milliard de personnes dans le monde sont catholiques, soit 17,7 % de la population mondiale. Si l’on examine les dernières décennies, on constate que ce chiffre est resté relativement constant, entre 17 et 18 %. C’était déjà le cas en 1970, lorsque le nombre de catholiques dans le monde était d’environ 654 millions – sur un total mondial de 3,7 milliards de personnes. L’Église catholique connaît donc une croissance similaire à celle de la population mondiale.

Le pape François lors de l’audience générale place Saint-Pierre le 16 octobre 2019 | © Vatican Media

Dans l’Église catholique aussi, les poids continentaux se déplacent de plus en plus. Vers 1900, deux tiers des catholiques vivaient en Europe, un quart sur le continent américain, un pour cent en Afrique et cinq pour cent en Asie et en Océanie. Depuis, l’Europe a été remplacée au sommet: avec une part de 48%, la plupart des catholiques vivent désormais sur le continent américain.

L’Europe reste en deuxième position (22%), mais risque d’être bientôt dépassée par l’Afrique (18%). Quant aux catholiques d’Asie et d’Océanie, ils représentent 12 % de la population catholique mondiale. Le catholicisme devient ainsi de moins en moins européen.

Des effets sur l’enseignement de l’Eglise

Les déplacements de poids démographique dans l’Église catholique ont également des effets sur la prédication du pape, souligne Jörg Ernesti, professeur d’histoire de l’Eglise à l’université d’Augsbourg et observateur des évolutions confessionnelles depuis plusieurs années. Non seulement il y a de plus en plus de cardinaux non-européens, mais aussi bien sûr, un pape sud-américain. «Quand vous lisez Laudato si’ et Fratelli tutti, dans lesquelles le pape fustige la surexploitation de la nature et les maux sociaux massifs, vous vous rendez compte que la perspective est différente de celle de l’Europe», note-t-il.

Les Eglises libres progressent

La part des catholiques dans la population mondiale étant relativement stable, la croissance du christianisme dans son ensemble est principalement due aux Eglises libres. En particulier, les communautés pentecôtistes et charismatiques, qui ont vu le jour au XXe siècle, comptent aujourd’hui, selon les estimations, déjà plus de 600 millions de croyants, soit la moitié de l’Église catholique, mais plus que les Églises protestantes classiques réunies. «L’humanité dans son ensemble devient donc plus chrétienne, et le christianisme plus libre», souligne Jörg Ernesti.

Malgré la propagation du Covid-19, des évangéliques chiliens ont poursuivi les rassemblements | photo d’illustration © Mor/Flickr/CC BY-NC 2.0

Avec les Eglises libres s’affirme de plus en plus une forme de christianisme missionnaire offensive et en même temps socio-politiquement plutôt conservatrice. «Les Eglises libres se caractérisent par une conscience forte du salut et fournissent des réponses simples aux questions morales.» Alors que l’Eglise catholique a des problèmes pour maintenir sa pastorale, les Eglises libres sont présentes et disposent de l’argent et du personnel nécessaires. Le fait qu’elles ne soient pas organisées de manière centralisée est certainement aussi un atout», note Jörg Ernesti. (cath.ch/katholisch.de/mp)

Un Suisse sur quatre sans religion
De moins en moins de Suisses appartiennent à une religion, a indiqué l’Office fédéral de la statistique (OFS) en janvier 2019. Jusque dans les années 1980, plus de 90% de la population appartenaient à l’une des deux religions nationales principales, catholique ou protestante. Ce chiffre a chuté à 60% aujourd’hui.
Le groupe des personnes sans appartenance religieuse a même presque triplé depuis l’an 2000. Ils représentent aujourd’hui 26% de la population de 15 ans et plus, selon des chiffres de l’OFS portant sur l’année 2017. L’OFS souligne que les personnes issues de l’immigration se décrivent plus souvent sans appartenance religieuse que les Suisses d’origine.
Les personnes «sans religion» forment ainsi le deuxième plus grand groupe. Ils ont dépassé le groupe des personnes réformées évangéliques (protestants). Ce dernier se place en troisième position en 2017 (24%).
Le groupe le plus important depuis 1980 reste celui des catholiques romains: il représentait un peu plus du tiers de la population soit 36%. La proportion d’athées et d’agnostiques a, elle, augmenté de 23% depuis 1970. BH

En cinquante ans, le paysage religieux suisse a fortement évolué | OFS
La proportion des catholiques dans le monde | wikimedia commons Starfunker226 CC-BY-3.0
23 juin 2021 | 17:00
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 5  min.
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