Vaud: une église bientôt inaugurée à Gland

Gland (VD), entre Rolle et Nyon sur la Côte vaudoise, n’est pas la ville où l’on s’arrête souvent. Ces temps-ci, elle vaut pourtant le détour, car on peut y observer un chantier insolite: celui de la construction d’une nouvelle Eglise. Un événement probablement unique en Suisse en ce moment. Visite et éclairage.

Claude Jenny/Grandir

Il faut presque se pincer pour y croire: c’est pourtant bien au cœur d’un quartier résidentiel de cette bourgade, à côté de la chapelle encore en fonction, que l’on peut regarder les ouvriers s’affairer à construire juste à côté une église qui aura fière allure.

Le chantier est encore loin d’être achevé, mais on peut déjà y découvrir la forme d’un cône tronqué de la nouvelle église, lambrissé de pans de bois actuellement, en attendant d’être recouverte de plaques en zinc qui lui donnera son aspect définitif.

Si l’inauguration est prévue pour la fin de l’automne, la construction de ce lieu de prière et de célébration de la communauté catholique de Gland fut loin d’être simple. Une véritable croisade dans les méandres des prescriptions juridiques et des années de palabres, de recours, d’échecs puis finalement… un feu vert à la fin 2019.

Une chapelle trop petite

C’est en 2010 que la communauté catholique qui regroupe la ville de Gland, mais aussi les villages de Vich et Coinsins, rattachée à la paroisse de Nyon, s’est lancée dans la réflexion. La chapelle actuelle, construite en 1972 avec des matériaux de construction provenant d’un baraquement de chantier, présente des signes d’usure et s’avère fort gourmande en énergie.

«Plutôt que d’assainir la chapelle, l’idée a germé de construire un nouveau lieu de culte sur le terrain avoisinant, nous appartenant également. A la base, nous souhaitions également, pour valoriser la parcelle, bâtir deux immeubles dans le même périmètre pour les louer comme des logements à loyers modérés», explique Gilles Vallat, président de l’Union pastorale Nyon – Terre Sainte, qui a suivi ce projet depuis le début. Qui plus est, la chapelle actuelle est régulièrement trop petite lors des fêtes de l’année liturgique pour accueillir l’ensemble des fidèles.

Complications administratives

Vite dit, mais nettement moins vite concrétisé au pays des délicatesses administrativo-juridiques! S’agissant d’une parcelle reconnue d’utilité publique, y construire des immeubles a posé des problèmes. «Il a fallu remettre l’ouvrage sur le métier pour finalement lancer un concours d’architecture, uniquement pour l’église, auquel ont participé cinq bureaux de la région et c’est le Bureau Coretra qui a été retenu», poursuit le président.

La mise à l’enquête a pu être lancée en 2017. Mais c’était sans compter sur une série d’oppositions émanant du voisinage qui ont conduit jusqu’au Tribunal fédéral. Lequel a finalement donné raison aux responsables du projet, de sorte que les travaux ont pu démarrer en juin 2020. Le gros œuvre est quasi achevé et une inauguration est envisagée pour la fin de cet automne.

Une recherche de fonds intensive

Une telle construction implique évidemment une intense recherche de fonds. «Le coût de la réalisation dans son ensemble (construction, équipements, mobilier liturgique, etc…) sera de 4,35 millions de francs. Un chiffre qui peut paraître élevé mais qui ne l’est pas tant lorsqu’on le compare aux coûts d’autres constructions publiques, salles de spectacles, de sports, etc…», constate le président de paroisse qui, avec un comité ad hoc, s’est attelé à trouver les fonds.

Objectif ardu, mais qui est en bonne voie d’être atteint. «Actuellement, nous avons déjà un montant de 3,4 millions qui est couvert. Grâce à un crédit des communes concernées et divers dons pour 2,2 millions, un crédit sans intérêt de la Fondation constructions de l’Eglise vaudoise pour 2 millions de francs et un autre de l’organisation catholique Mission intérieure pour 200’000 francs», détaille Gilles Vallat. «Et nous allons poursuivre nos démarches pour trouver le million manquant!»

Une large campagne d’information a été déployée aux quatre coins de la paroisse et de l’UP pour susciter des dons, mais aussi pour expliquer la nécessité d’une telle réalisation à Gland. Une montagne d’énergie au service d’une belle cause!

L’importante communauté catholique de Gland – 4’200 catholiques pour une population de 13’500 habitants – disposera alors d’un magnifique lieu de culte pouvant accueillir 250 fidèles. Et si la partie supérieure de l’édifice qui sera aménagée de manière circulaire (voir image) ne suffit pas, tout sera installé pour permettre une retransmission sur grand écran à l’étage inférieur. (cath.ch/gdr/cj/bh)

Une église, mais aussi un lieu d’échanges
Au rez-de-chaussée de l’église, un vaste espace a été conçu pour aménager trois salles  (une grande de 150 places env. et deux petites) avec les équipements annexes (cuisine, sanitaire, etc…).  «Nous avons voulu cet équipement combiné à l’église pour qu’il puisse répondre à certains besoins de la communauté catholique, mais aussi pour que ces espaces soient mis à disposition de groupements locaux. Notamment des jeunes qui manquent de lieux pour se rencontrer et pratiquer diverses activités sociales et culturelles. Nous avons d’ailleurs créé une association indépendante de la paroisse qui sera chargée de la gestion de ces salles et de les louer dans le but de faciliter les activités sociales et culturelles», explique Gilles Vallat, qui salue cette double affectation du nouveau complexe. CJ

Un mobilier signé Alain Dumas
Un concours a également été ouvert pour l’aménagement et la réalisation du mobilier liturgique. Le choix s’est porté sur un sculpteur français bien connu, l’Auvergnat Alain Dumas, réputé pour la beauté de ses réalisations dans son pays et qui s’est déplacé spécialement à Gland pour discuter et trouver une vision commune avec la commission ad hoc. Les divers éléments du mobilier de la nouvelle église (autel, ambon, etc…) seront sculptés dans du marbre bleu de Savoie.
Quant aux vitraux qui viendront orner la nouvelle église, ce seront ceux de l’actuelle chapelle qui seront transférés dans la nouvelle construction. Un campanile viendra également compléter le complexe. CJ

Cet article a été publié dans le numéro de mai – juin 2021 de la Revue Grandir