Le nouveau synode court-circuite-t-il le chemin synodal allemand?
Le lancement cet automne d’un synode sur le thème «pour une Église synodale: communion, participation et mission» par le pape François pourrait perturber la voie synodale initiée par l’Église catholique en Allemagne. Pour la Conférence des évêques d’Allemagne (DBK), les deux chemins synodaux peuvent coexister. D’autres observateurs outre-Rhin s’interrogent déjà.
Dans un communiqué, le président de la DBK, Mgr Georg Bätzing, s’est réjouit de la nouvelle, annonçant qu’il s’agissait de «deux chemins différents qui ont un objectif commun». Selon lui, le processus synodal universel initié par Rome «sera complété en Allemagne par le chemin synodal déjà engagé».
Est-il vraiment possible de cumuler deux chemins synodaux? Katholisch.de, la plateforme médiatique financée par la DBK, semble indécise et s’interroge tout haut, sans apporter de réponse: «qu’adviendra-t-il alors de la voie synodale en Allemagne?».
Le synode allemand deviendrait obsolète?
Le Synodale Weg allemand «se heurte à un problème», souligne Guido Horst, correspondant du périodique Die Tagespost au Vatican, qui a été le premier à annoncer le nouveau synode dans la matinée du 21 mai. Quelle pertinence y aurait-il à maintenir un synode national quand le pape François propose «d’élever les discussions sur la réforme de l’Église au niveau mondial»?, s’interroge-t-il.
Dans le nouveau chemin synodal ouvert par Rome, «des parcours particuliers comme celui de l’Allemagne peuvent être intégrés au processus, mais ils doivent faire leurs preuves dans le concert de l’épiscopat mondial», explique le journaliste allemand. Dans un tel cadre, l’Église d’Allemagne «ne devrait pouvoir contourner ni les thématiques, ni la synodalité telle que François l’envisage, pas plus que les objectifs de cette grande œuvre universelle de réforme».
La question, désormais, est de savoir «comment les évêques allemands vont réagir», rapporte Benjamin Leven, rédacteur pour le Herder Korrespondenz à Berlin et à Rome. «Vont-ils vouloir intégrer le chemin synodal au processus du Vatican, ou non, afin de rester indépendants?»
Une réponse allemande en juin?
Ces questions devraient être abordées lors du Conseil permanent de la DBK qui se tiendra en juin, a annoncé Mgr Bätzing dans son communiqué. La réponse que les évêques allemands apporteront sera très importante, puisqu’elle pourrait aussi donner un indice sur la façon dont les autres pays engagés dans un processus synodal actuellement – Irlande, Australie, Italie… – accueilleront la voie ouverte par Rome. (cath.ch/imedia/cd/gr)