En Suisse, la plupart des prêtres choisissent des blancs surmaturés comme vin de messe | © Pierre Pistoletti
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Les Québécois vont-ils manquer de vin de messe?

Les Québécois vont-ils manquer de vin de messe? La question se pose après d’importantes saisies dans diverses villes du Québec au début du mois d’avril 2021. En cause le non-respect de diverses dispositions légales concernant la vente d’alcool. L’imbroglio juridique pourrait durer un certain temps.

Le 9 avril 2021 des descentes de police ont eu lieu chez plusieurs commerçants du Québec où plusieurs dizaines de caisses de vin de messe ont été saisies, rapporte le site catholique présence information religieuse. Le vin saisi contreviendrait à la Loi sur les infractions en matière de boissons alcooliques (LIMBA) concernant la possession et la revente.

Le vin de messe disponible au Québec provient en effet de deux fabricants californiens. La Société des alcools du Québec (SAQ) (la société d’État qui a pour mandat de faire le commerce des boissons alcoolisées sur tout le territoire de la province NDLR) n’en vend pas.

«C’est un dossier qui traîne depuis 40 ans», lance Jacques Laroche, directeur général et copropriétaire de la Procure Ecclésiastique qui s’est fait saisir tout son stock, soit une quarantaine de caisses de douze bouteilles. «La SAQ, depuis au moins les années 1980, essaye d’empêcher la distribution du vin de messe au Québec. Cela oblige les paroisses et les communautés religieuses à s’approvisionner dans les autres provinces.»

Importation interprovinciale

En effet, les vendeurs de vin de messe au Québec doivent opérer en passant via l’Ontario ou le Nouveau-Brunswick. Le vin californien y est importé, avant d’entrer sur le territoire québécois, en vertu de licences spéciales émises dans ces provinces voisines.

Or il y a quelques mois, la Liquor Control Board of Ontario (LCBO), l’équivalent ontarien de la SAQ, aurait signalé son intention de modifier ses règles afin de ne plus permettre un tel trafic interprovincial.

Pour régulariser la situation au Québec, il faudrait que la SAQ attribue des licences pour importer directement du vin de messe et le revendre, ou qu’elle le vende elle-même. Actuellement, depuis plusieurs années, elle ne fait ni l’un ni l’autre. «Nous avons fait une demande pour obtenir une licence pour le vin de messe en 1997, mais elle nous a été refusée»,  explique le directeur de la Procure Ecclésiastique. Il juge «incompréhensibles» les saisies du 9 avril et dénonce l’impact négatif sur la liberté de culte.

Pourquoi?

Une incertitude demeure cependant sur les raisons qui ont poussé la police à agir . «Il y a une concertation au niveau des actions, ce qui laisse penser qu’il y aurait une plainte», observe Mgr Pierre Murray, secrétaire général de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec (AECQ). Qui a déposé la plainte? «Cela ne fait pas partie de mes préoccupations. Ma préoccupation, c’est de travailler à restaurer la chaîne d’approvisionnement.»

L’AECQ a aussitôt entrepris des démarches auprès de la SAQ, lui demandant notamment d’émettre des permis ou de fournir le vin de messe. «La SAQ a finalement choisi de devenir le fournisseur de vin de messe», a annoncé Mgr Murray. «Nous analysons l’offre actuelle afin de déterminer si des produits répondant à leurs critères spécifiques sont actuellement disponibles dans notre réseau», a confirmé un porte-parole de la SAQ.

Pas n’importe quel vin

En effet, pas n’importe quel vin peut convenir à des fins sacramentelles. Selon les ordonnances de Rome, le vin doit être naturel, provenir de raisins, être non corrompu et ne pas contenir de substances étrangères. L’AECQ cherche à valider s’ils peuvent contenir ou non des sulfites.

«Je ne vois pas de risque de pénurie pour le moment. On peut encourager les paroisses et les communautés à s’entraider», a précisé Mgr Murray. Il faut dire aussi que le ralentissement du culte, lié aux restrictions sanitaires, diminue les besoins en vin de messe ces temps-ci. Il convient cependant que la situation peut porter un coup dur aux commerces d’objets religieux, les premiers touchés par les saisies. (cath.ch/pir/mp)

En Suisse, la plupart des prêtres choisissent des blancs surmaturés comme vin de messe | © Pierre Pistoletti
23 avril 2021 | 15:25
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 3  min.
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