Le Saint-Siège démine une polémique autour de la cause d’Aldo Moro
Dans un reportage diffusé le 12 avril 2021 sur la chaine italienne Rai3, Mgr Bogusław Turek, sous-secrétaire de la Congrégation pour les causes des saints, a été accusé par Nicola Giampaolo – qui se présente comme le postulateur de la cause d’Aldo Moro – de lui avoir demandé, en juin 2018, 80’000 euros pour «faciliter» la cause de l’ancien président du Conseil italien.
La Congrégation a apporté un démenti complet à ces accusations dans une note datée du 9 avril et transmise par le Bureau de presse du Saint-Siège le 13 avril. Le document remet en cause en trois points la crédibilité du témoignage de Nicola Giampaolo.
Tout d’abord, elle déclare qu’il n’existe pas de cause de béatification à la Congrégation concernant Aldo Moro et que Nicola Giampaolo n’a jamais été ratifié comme postulateur de la cause en question. La cause n’aurait en effet pas encore été présentée par le Vicariat de Rome – en charge de la phase diocésaine, puisque c’est à Rome qu’est mort l’homme politique – à la Congrégation, comme le veut la procédure.
La «Fabrique des saints» souligne que Nicola Giampaolo, nommé dans un premier temps par le diocèse, n’a pas été confirmé par la Congrégation en avril 2018 en tant que postulateur de la cause. Le Père dominicain Gianni Festa a été nommé à sa place. Nicola Giampaolo n’a donc pas pu recevoir la demande financière en juin 2018, n’étant pas postulateur à cette date.
Enfin, la Congrégation souligne qu’il n’existe pas d’accréditation auprès du dicastère pour être postulateur, comme l’affirme pourtant Nicola Giampaolo dans son curriculum vitae.
Mgr Bogusław Turek nie fermement
Le prélat mis en cause, Mgr Bogusław Turek a par ailleurs répondu aux accusations dans une lettre accompagnant la note Il affirme n’avoir pris connaissance de celles-ci que quelques jours en amont de la diffusion de l’émission d’investigation italienne Report.
Comme il l’avait déjà effectué dans une séquence du reportage dans lequel il participe, le Polonais nie en bloc: «ce qu’il [Nicola Giampaolo, ndlr] a dit n’est pas vrai». Il reconnaît avoir rencontré l’Italien dans les bureaux de la Congrégation, mais pour évoquer «avec courtoisie» sa non-nomination comme postulateur dans la phase romaine de «deux causes ne concernant pas celle de l’honorable Aldo Moro» parce qu’il ne correspondait pas aux normes canoniques requises.
Une enquête pas encore ouverte
Enlevé puis assassiné par les Brigades rouges, l’ancien Président du Conseil des ministres Aldo Moro était un membre éminent de la démocratie chrétienne et un catholique convaincu. Proche du pape Paul VI, les circonstances très brutales de sa mort avaient marqué au-delà même de l’Italie.
En 2012, le cardinal Agostino Vallini, vicaire de Rome, avait donné son feu vert à l’ouverture d’une enquête en vue d’un procès en béatification. Cependant, pour que cette cause soit effectivement lancée, une enquête préliminaire – menée par le postulateur de la phase diocésaine – doit être présentée à la Congrégation pour les causes des saints afin que cette dernière vérifie que nulle information au Saint-Siège n’invalide la démarche. Cette étape n’a pour l’instant pas été franchie. (cath.ch/imedia/cd/bh)