Vatican

Rosa Bergoglio, inspiratrice d'Amoris laetitia?

Il y a cinq ans jour pour jour, le pape François publiait son exhortation apostolique sur la famille, Amoris laetitia. Fruit de deux synodes, le texte est aussi le reflet d’un héritage important pour le pape: celui légué par sa grand-mère bien aimée, Rosa Bergoglio.

«Une famille qui ne respecte pas et ne s’occupe pas des grands-parents, qui sont sa mémoire vivante, est une famille désintégrée», écrit le pape argentin dans son exhortation sur la famille. Si ce texte porte sur l’amour entre les époux, le pontife n’en oublie pas les personnes âgées, leur consacrant à ce titre quatre paragraphes. Les anciens sont si importants pour lui qu’il en parle juste après avoir évoqué la place des enfants pour le couple. Ils sont pour lui l’un des piliers de la famille élargie.

La tendresse de Rosa

La présence des plus âgées a en effet nourri Jorge Bergoglio depuis sa tendre enfance. «J’ai eu la chance de connaître mes quatre grands-parents. La sagesse des anciens m’a beaucoup aidé; c’est la raison pour laquelle je les vénère», confie-t-il à Austen Ivereigh, auteur de François le Réformateur (Éditions de l’Emanuel, 2017). L’une de ses grands-mères, Rosa Bergoglio, tient toutefois une place toute particulière dans son cœur. C’est «la seule à avoir une grande influence sur Jorge» durant son enfance, résume son biographe.

Dès l’âge d’un an, le futur pape passe en effet une grande partie de son temps chez Rosa, qui vient parfois le chercher dès le matin pour s’occuper de lui et de son frère. Alors que son propre père – Mario – ne parle que l’espagnol, sa grand-mère lui transmet l’amour de l’Italie et l’aide à accueillir cette identité que ses parents semblent avoir balayée pour mieux s’intégrer en Argentine.

Les récits de sa grand-mère

Les histoires que lui murmure Rosa, mêlées aux épopées guerrières de son grand-père, marquent profondément le futur pape. Sans doute expliquent-elles la raison pour laquelle il insistera autant sur la nécessaire transmission entre les générations. «Les récits des personnes âgées font beaucoup de bien aux enfants et aux jeunes, car ils les relient à l’histoire vécue aussi bien de la famille que du quartier et du pays», écrit-il dans son exhortation.

De Rosa, le pape garde encore un amour inconditionnel pour la littérature italienne et notamment pour Alessandro Manzoni, l’un de ses auteurs préférés, auteur du chef d’œuvre Les Fiancés. Bien qu’il ne le cite pas dans son exhortation, on peut aisément penser que cette épopée historique et amoureuse a inspiré certaines lignes de son exhortation sur la famille.

«Vous, les Italiens, possédez dans votre littérature un chef-d’œuvre sur les fiançailles», avait-il spontanément lancé lors d’une audience générale le 27 mai 2015. «Il est nécessaire que les jeunes le connaissent, qu’ils le lisent, c’est un chef-d’œuvre où l’on raconte l’histoire de fiancés qui ont supporté tant de douleur, qui ont suivi une route pleine de difficultés, jusqu’à arriver à la fin, au mariage», avait-il raconté plein d’enthousiasme.

Une ouverture aux autres

Rosa est aussi celle qui catéchise le pontife et accompagne sa vocation à la prêtrise. Moins de 10 jours après son élection, il avait d’ailleurs spontanément confié: «J’ai reçu la première annonce chrétienne de la part d’une femme: ma grand-mère!». En plus de lui apprendre la vie des saints, de l’éduquer au sens de l’adoration ou de lui réciter le chapelet, elle est la première à poser un regard de miséricorde envers ceux qui semblent hors des sentiers battus. Une qualité qui marque le petit Jorge.

«Quand un proche divorçait ou se séparait, il n’avait plus le droit de venir chez nous», se souvient le pape. Alors que ses parents sont plutôt stricts, Rosa lui apprend à regarder au-delà des apparences et nuance sa vision du monde. Sans doute ces souvenirs d’enfance et l’attitude d’ouverture de sa grand-mère peuvent éclairer l’écriture de certains passages d’Amoris laetitia.

Mourir entouré

La présence aimante de Rosa Bergoglio marqua le futur pape jusqu’en 1970, date à laquelle elle rejoint le Père éternel. Lorsque cette dernière meurt, le futur pape l’entoure de ses bras jusqu’à son dernier souffle. Sa grand-mère a vécu à ce moment-là le moment «le plus important de sa vie», confiera-t-il plus tard. Après cet adieu, sa soeur raconte à Austen Ivereigh revoir encore le futur évêque de Rome se lever et repartir en paix.

C’est probablement porté par le souvenir de cette dernière étreinte avec la plus importante femme de sa vie que le pape argentin insistera avec fermeté sur la nécessité d’accompagner avec dignité les plus âgés jusqu’à la mort et condamnera l’euthanasie. «Si nous acceptons la mort, nous pouvons nous y préparer. Le parcours est de grandir dans l’amour envers ceux qui cheminent avec nous, jusqu’au jour où «il n’y aura plus de mort, ni de pleur, ni de cri ni de peine», conclut-il dans une partie consacrée au deuil, moment charnière de sa vie familiale. (cath.ch/imedia/cg/rz)

8 avril 2021 | 17:51
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 3  min.
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